26e rapport de la Fondation Abbé Pierre sur l’état du mal-logement en France 2021

Publié le 4 février 2021


Le 26ème rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre décrit et analyse les conséquences sur le mal-logement de l’irruption inattendue de la crise sanitaire, économique et sociale liée à la pandémie de Covid en 2020.

Le rapport analyse plus particulièrement la rénovation énergétique des logements, présentée quant à elle comme centrale dans le plan de relance, pour en montrer tout l’intérêt sur le plan social et écologique, mais aussi les limites au regard de l’ambition dont elle fait l’objet.

Il rappelle que le gouvernement s’est engagé à rénover 500 000 logements par an (sans pour autant spécifier le niveau de performance à atteindre), et cibler en priorité 1,5 million de passoires énergétiques de propriétaire occupants modestes (150 000 rénovations par an pendant
10 ans, uniquement sur ce segment).
Alors que dans le parc Hlm (qui compte 1,54 million de ménages en précarité énergétique, soit 36% de ses occupants selon l’ONPE, et 300 000 passoires thermiques), la rénovation bénéficie d’une réelle mobilisation facilitée par un financement performant et une gouvernance efficace (132 000 logements ont été rénovés en 2019), la dynamique a plus de mal à prendre dans le parc privé. Pour y remédier, le rapport de la Fondation propose une analyse et des pistes :

  • les nouvelles aides, en particulier MaPrimeRénov’, sont encore insuffisantes, malgré le milliard d’euros annuel supplémentaire consenti dans le cadre du plan France Relance. Les aides ne parviennent pas encore à privilégier les rénovations globales performantes, à solvabiliser et accompagner correctement les ménages modestes. Or la massification des rénovations permettrait de répondre aux enjeux de relance économique, d’emploi, de pouvoir d’achat à travers la réduction de la facture d’énergie, et de répondre aux préoccupations de santé publique. Cela justifie un investissement public conséquent, raisonnable au regard de ses bénéfices pour la société et l’environnement, loin d’être suffisant actuellement : le montant global des aides (publiques et privées) pour la rénovation énergétique du parc privé atteint 5,9 milliards d’euros en 2021, quand le ministère de la Transition écologique lui-même estime les besoins à 25 milliards d’euros par an le coût pour traiter les seules 4,8 millions de passoires thermiques.
  • Il faut aussi mettre en place un véritable service public pour la performance énergétique au niveau local, de l’identification au suivi post travaux. L’assistance à la maitrise d’ouvrage doit être plus systématique en cas d’aides publiques et la formation des artisans renforcée. Pour atteindre 800 000 rénovations globales par an en rythme de croisière, les sommes et les compétences en jeu sont importantes.
  • Il est impératif d’apporter des moyens financiers suffisants aux ménages modestes, pour subventionner intégralement les travaux de rénovation complets et efficaces.
  • De plus, la stratégie du gouvernement, qui consiste à déployer des politiques purement incitatives encourageant les citoyens à rénover à leur rythme en espérant que les objectifs seront atteints en 2050, n’est pas suffisamment ambitieuse. Pour être à la hauteur, la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) préconise donc une obligation de rénover valant pour l’ensemble des logements, et visant en priorité les passoires thermiques (étiquettes F et G) et les logements énergivores (étiquettes D et E), sans se limiter aux logements locatifs. Seule cette obligation, couplée à des aides efficaces, permettrait de dépasser les blocages au sein des copropriétés.

Et le rapport de conclure que 72 % des Français, avec une sur-représentation des locataires, sont favorables à une obligation de rénover…

26è rapport annuel sur l’état du mal-logement en France

3è cahier du REML 2021 :
Plan de relance : une chance pour la rénovation énergétique ?

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