Éclairage statistique de la précarité énergétique en Bretagne

Publié le 2 novembre 2020
Source : France 3 Bretagne, publié le 13 octobre 2020


Analyse des données de 1500 visites SLIME

En s’appuyant sur les premières données statistiques produites par les Services Locaux d’Intervention et de Maitrise de l’Énergie (SLIME) en Bretagne (principalement dans le Morbihan et le Finistère)*, la Fondation Abbé Pierre propose une analyse des données issues de 1500 visites réalisées en 2018.

Dans une région où le logement individuel prédomine avec de mauvaises performances thermiques et où le nombre de logements sociaux est inférieur à la moyenne nationale (11,8% des résidences principales contre 17,1% au plan national), les locataires du parc privé, plus pauvres et vivant dans des logements de moindre qualité que la moyenne, comptent parmi les principales victimes de la précarité énergétique.

Selon une étude de l’INSEE Bretagne de 2015, un quart des ménages bretons souffriraient de vulnérabilité énergétique (soit 203 000 ménages). Cette notion englobe les dépenses d’énergie pour le logement mais également celles liées aux transports.

Les principaux donneurs d’alerte dans les signalements de situation sont les collectivités territoriales (41%) et les CCAS (12%) puis viennent les Espaces Info Énergie et les associations. Les Fournisseurs d’énergie et les professionnels de santé ont un rôle très limité (1%).

Les motifs de signalements sont majoritairement liés aux aspects budgétaires : des factures importantes d’énergie (29%), des difficultés à payer (16%), des impayés (16%).

Les foyers visités par les SLIME sont essentiellement des personnes modestes (72 % ont moins de 1 000 € par mois), mais les SLIME interviennent aussi auprès de ménages « englués » dans des situations d’endettement lié à l’énergie.

En 2018, les visites des SLIME ont concerné principalement des locataires (63 %), mais aussi une part non négligeable de propriétaires occupants (27 %) et quelques ménages en situation d’occupation précaire, notamment en hébergement chez des tiers (1 %). 27% des signalements recensés par les SLIME concernent des locataires du parc social : en Bretagne, 13% du parc HLM est considéré comme énergivore (classement E,F,G) avec des disparités : 6% pour Saint-Brieuc Armor Agglomération ou 19% pour Dinan Agglomération.

Parmi les propriétaires, un tiers d’entre eux utilisent des chauffages d’appoint, en complément des installations du logement. Ils occupent principalement des logements construits avant 1949 aux faibles performances thermiques, on y trouve de nombreux ménages « captifs d’un héritage familial immobilier » qui les a fait basculer dans la précarité énergétique.

70% des familles monoparentales (représentant 22% de l’échantillon) déclarent souffrir du froid et 68% ont restreint leur consommation d’énergie.

Pour prévenir « les échecs de l’accession à la propriété » le Département du Morbihan a mis en place des visites-accession pour permettre aux futurs accédants de prendre la mesure des travaux à réaliser et en intégrer les coûts au moment de l’achat (réalisation d’un diagnostic financier et d’un diagnostic technique du logement, estimation du coût des matériaux et frais annexes).

Pour la Fondation Abbé Pierre la priorité est à une rénovation ambitieuse du parc le plus ancien.

Lire l’article de France3 Bretagne

*En Bretagne le premier SLIME est né en 2014, à Brest Métropole, avec le soutien de la Fondation Abbé Pierre. Puis les Côtes-d’Armor ont emboîté le pas au Finistère. Depuis 2018 la Fondation Abbé Pierre s’implique auprès du Conseil Départemental du Morbihan.