Hausse du prix de l’énergie : un chèque énergie de 100 euros pour 5,8 millions de ménages modestes

Publié le 24 septembre 2021
Source : Que Choisir, 20 septembre 2021 - Réseau Action Climat, 30 septembre 2021 - AFP, 30 septembre 2021


Les associations tirent la sonnette d'alarme

Après une forte baisse en 2020, liée notamment à la crise sanitaire, les prix du gaz et de l’électricité sur les marchés ont fortement augmenté depuis le printemps 2021. Concernant le gaz, les Tarifs Réglementés de Vente, qui sont déterminés par la Commission de régulation de l’énergie, suivent tous les mois les évolutions des prix de marché de gros ce qui engendre directement une hausse de la facture des consommateurs. Les tarifs réglementés du gaz ont ainsi augmenté de 8,7% au 1er septembre, après plus de 5% en août et près de 10% en juillet.

Les tarifs réglementés de l’électricité sont quant à eux révisés deux fois par an. Leur prochaine évolution est prévue en début d’année 2022.

Pour faire face à cette situation conjoncturelle susceptible de toucher très directement les ménages les plus modestes, Jean Castex, Premier ministre, a annoncé le 16 septembre le versement d’un chèque énergie exceptionnel avant la fin de l’année 2021.  Cette aide sera versée en décembre à l’ensemble des 5,8 millions de ménages qui ont déjà bénéficié du chèque énergie au printemps 2021 et sera d’un montant de 100 euros. Le Premier ministre Jean Castex a en outre annoncé jeudi 30 septembre sur TF1 un « bouclier tarifaire » bloquant les prix du gaz jusqu’en avril ainsi qu’une baisse de taxe limitant à 4% la hausse de l’électricité en février prochain. Le Premier ministre a également ouvert la porte à une revalorisation du chèque énergie, si les mesures de modération des prix ne suffisaient pas.

L’envolée des prix de l’énergie est une « bombe à retardement », estiment les associations d’aide aux plus démunis mais aussi les syndicats, qui craignent une explosion de la précarité énergétique.

« Avec l’hiver qui approche, on est vraiment très inquiets« , confie Marie-Françoise Thull, secrétaire nationale du Secours populaire. « On n’a jamais aidé autant de personnes à payer leurs charges. » L’énergie est devenue, après l’alimentation, le deuxième poste d’aide du Secours catholique, précise son chargé de mission Précarité énergétique, François Boulot.

Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, dit craindre « la paupérisation » et « la précarisation de centaines de milliers de familles ». « Un problème majeur » souligné également par la CGT.

« Une facture de chauffage, c’est en moyenne 1.500 euros par an. Le chèque énergie en représente 10%. Cela aide très marginalement« , explique François Boulot, du Secours catholique, qui demande « une augmentation sensible pour les plus précaires » sous le seuil de pauvreté.

Que Choisir tire la sonnette d’alarme estimant que la hausse du prix de l’électricité pourrait atteindre 10% en janvier 2022, représentant une augmentation moyenne de 150 € sur la facture annuelle d’électricité d’un ménage l’utilisant pour le chauffage...soit bien au-delà du coup de pouce de 100 € du chèque énergie (dont sont privés 80 % des ménages) censé répondre uniquement aux hausses déjà massives du gaz et des carburants. Au global, l’augmentation de la facture d’électricité depuis le 1er janvier 2019 sera alors de 25 %.

« Soucieuse de préserver les consommateurs d’une hausse du prix de l’électricité aussi coûteuse qu’injuste, l’UFC-Que Choisir appelle l’exécutif à :

  • Relever sans délai le plafond de l’ARENH à 150 TWh, pour faire primer le pouvoir d’achat des consommateurs sur les intérêts mercantiles d’EDF ;
  • Mettre fin à l’assujettissement des taxes et contributions pesant sur l’énergie à la TVA. »

Pour appuyer cette dernière demande, l’UFC-Que Choisir appelle les consommateurs à signer une pétition « TVA sur les taxes énergétiques : halte à l’escalade fiscale » .

Dans un communiqué de presse du 30 septembre 2021, le Réseau Action Climat en appelle lui à une hausse du chèque énergie indispensable pour les ménages les plus modestes, précisant que « le « bonus » proposé par le gouvernement est insuffisant pour réellement permettre aux ménages en situation de précarité énergétique de sortir de leurs contraintes. » Le réseau souligne par ailleurs que « le chèque énergie ne concerne que les énergies « du logement » et pas les carburants qui atteignent également un niveau élevé, proche de celui de 2018. »

4 propositions sont réclamées par le Réseau Action Climat :

  • Augmenter le montant moyen du chèque énergie à 710 € et l’indexer sur les tarifs réglementés de vente de l’énergie ;
  • Réorienter les aides publiques vers la rénovation performante en limitant le reste à charge, notamment pour les ménages les plus modestes, et renforcer l’accompagnement technique et financier des ménages ;
  • Accélérer le développement des alternatives à la voiture individuelle en renforçant les investissements dans les transports collectifs et la mobilité active, ainsi qu’en généralisant le forfait mobilités durables ;
  • Limiter au maximum le reste à charge des ménages les plus modestes qui s’équipent d’un véhicule à faibles émissions via notamment un meilleur ciblage des aides à l’acquisition et la mise en place d’un prêt à taux zéro mobilités.

L’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) a elle réagi aux annonces du gouvernement dans un communiqué, réitérant sa proposition de baisser la TVA au mois de janvier 2022 en France. Elle avait déjà interpellé l’exécutif à ce sujet lors de la crise des Gilets jaunes en 2018. L’association de défense des consommateurs demande aussi une consultation des citoyens sur la libéralisation du secteur de l’électricité, engagée au milieu des années 1990. Ainsi, elle souhaite leur demander s’ils préfèrent la concurrence ou le monopole. 

Lire notre article « Focus sur la hausse des prix de l’énergie dans le monde »

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