La rénovation énergétique des logements : bilan des travaux et des aides entre 2016 et 2019 – Etude ONRE

Publié le 1 juin 2021
Source : Observatoire national de la rénovation énergétique, Mai 2021


La comptabilisation et la caractérisation des rénovations énergétiques figurent au premier rang des missions de l’Observatoire national de la rénovation énergétique. Ce rapport, première publication de l’ONRE, vise à présenter l’état actuel de la connaissance. Il se compose de deux dossiers, offrant des éclairages complémentaires à partir de deux sources : l’enquête sur les travaux de rénovation énergétique dans les maisons individuelles (Tremi) 2020 qui interroge des ménages résidant en maison individuelle sur les travaux réalisés entre 2017 et 2019 et les données relatives aux principales aides à la rénovation sur la période de 2016 à 2019, telles que le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), les certificats d’économies d’énergie (CEE) ainsi que les aides Habiter mieux (HM) de l’Agence nationale pour l’habitat (Anah).
L’analyse combinée de ces deux ensembles de données permet de dresser le panorama des rénovations énergétiques en France le plus complet à ce jour, bien qu’il ne soit pas encore exhaustif du fait notamment de l’exclusion des rénovations en habitat collectif et n’ayant bénéficié d’aucune des aides précédemment mentionnées.

Sources : enquête Tremi 2020 (Ademe, SDES) ; fichiers d’aides à la rénovation (DGFip, Anah, DGEC), calculs SDES

Des rénovations sont réalisées dans de nombreux logements et aboutissent souvent, mais pas systématiquement, à une amélioration de leurs performances thermiques

3,1 millions de maisons individuelles ont fait l’objet d’une rénovation « potentiellement » énergétique en 2019 en France métropolitaine, soit 19 % du parc de maisons individuelles, dont 2,3 millions qui ont effectivement conduit à une réduction de la consommation d’énergie finale conventionnelle (çàd calculée selon une méthode de calcul réglementaire). L’écart entre ces deux nombres met en évidence que beaucoup de travaux négligent l’amélioration des performances thermiques (voire conduisent à une augmentation de la consommation comme la première installation d’un climatiseur par exemple). Plus de la moitié de ces maisons individuelles (1,4 millions) ont fait l’objet d’une rénovation aidée. Les rénovations ayant permis un saut d’au moins deux classes DPE, pour lesquels l’analyse de la performance énergétique a été possible, ne représentent que 6 % des opérations.

La rénovation énergétique concerne principalement les maisons individuelles et les propriétaires occupants

A l’exception des CEE ciblant de l’habitat collectif en location, la grande majorité des logements rénovés grâce aux aides sont des maisons individuelles occupées par leur propriétaire (65 % des logements rénovés bénéficiant d’une aide). Par ailleurs, les travaux sont un peu plus fréquents que la moyenne dans les grands logements, dans ceux construits avant 2000, dans ceux occupés par des ménages aisés.

Les différents dispositifs d’aides ciblent des catégories de ménages contrastées en matière de niveau de vie

Si le dispositif « Habiter mieux » est, du fait de ses critères d’éligibilité, concentré sur les ménages modestes, le CITE profite davantage aux ménages aisés tandis que les CEE présentent un profil de bénéficiaires assez équilibré. La montée en puissance du dispositif des CEE sur la période 2016 à 2019 conduit à un rééquilibrage en faveur des ménages les plus modestes (37 % des ménages ayant réalisé une rénovation aidée font partie des quatre premiers déciles en 2019, contre 32 % en 2016), même s’ils réalisent toujours en proportion moins de gestes que le reste de la population.

Les rénovations énergétiques réduisent de manière significative la consommation d’énergie conventionnelle des logements

Les travaux réalisés en 2019 par les ménages habitant en maison individuelle auraient conduit à des économies conventionnelles d’énergie finale de 8,1 TWh/an, soit 2,5 % de la consommation conventionnelle d’énergie finale du parc de maisons individuelles. La contribution estimée des rénovations aidées à cette réduction de la consommation est de 1,8 %. Ces estimations surestiment toutefois très probablement les économies réelles d’énergie, d’une part, parce que la qualité des travaux pourrait dans certains cas être plus faible qu’attendu, et, d’autre part, parce qu’une partie
des gains conventionnels est susceptible de se traduire par un « effet rebond » et donc une hausse des températures de chauffe. Des travaux ultérieurs seront conduits dans le cadre de l’Observatoire national de la rénovation énergétique pour mettre en regard les rénovations énergétiques et l’évolution des données réelles de consommation d’énergie.

Les travaux de rénovation effectués sont très divers et ne permettent pas tous les mêmes économies

Parmi les 2,3 millions de rénovations ayant engendré des gains énergétiques dans les maisons individuelles en 2019 :

  • Les systèmes de chauffage et/ou d’eau chaude sanitaire constituent presque la moitié des économies d’énergie (49 %) ;
  • Les rénovations des parois opaques (toitures, murs, planchers) totalisent 38 % des économies d’énergie et celles des parois vitrées et ouvertures 5 %.

Sur le champ des rénovations aidées, la tendance est à la hausse pour les changements de système de chauffage ou d’eau chaude sanitaire (53 % des économies d’énergie en 2016, contre 57 % en 2019) et surtout des travaux sur les parois opaques (34 % en 2016, 39 % en 2019).

La proportion de rénovations bénéficiant d’aides est variable suivant les postes

C’est le cas d’une grande majorité de changements de systèmes de chauffage et d’eau chaude sanitaire mais d’une très faible part des rénovations portant sur la ventilation. Certaines réfections peuvent améliorer, même légèrement, la performance énergétique sans pour autant satisfaire aux critères techniques d’éligibilité aux aides. En outre, un nombre important de travaux sont réalisés directement par les particuliers sans faire appel à un professionnel (particulièrement concernant les murs).

Les travaux portant sur les systèmes de chauffage et/ou d’eau chaude sanitaire apparaissent globalement les plus efficaces

Avec une économie d’énergie moyenne par logement deux à trois fois plus élevée que ceux portant sur les parois opaques et six à huit fois plus élevée que ceux sur les ouvertures. L’installation d’une pompe à chaleur apporte en particulier des gains très élevés dans la majorité des cas. Parmi les gestes portant sur l’enveloppe du bâti, l’isolation des murs, par l’intérieur ou l’extérieur, présente la plus grande efficacité en moyenne. Bien qu’assez peu fréquemment aidés, les travaux relatifs à la ventilation génèrent souvent des gains significatifs.

La plupart des ménages ayant rénové sont satisfaits des travaux mais estiment que d’autres sont encore nécessaires

Les ménages confient majoritairement la réalisation des travaux à des professionnels, dont ils se déclarent globalement satisfaits. Les rénovations les plus importantes sont souvent liées à l’achat et à l’emménagement dans un nouveau logement, tandis que celles de moindre ampleur sont plus fréquemment provoquées par la nécessité de remplacer un équipement défectueux. La plupart des ménages ayant rénové estiment avoir encore des travaux à réaliser mais sont souvent freinés par leur situation financière.

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La rénovation énergétique des logements : Bilan des travaux et des aides entre 2016 et 2019 – Résultats définitifs, ONRE Mars 2022