Précarité énergétique : pour contrer le non-recours aux aides, une amélioration de l’information nécessaire

Publié le 3 novembre 2021
Source : A. Rode, R. El Fahli et H. Revil, ODENORE, Avril 2021


Tandis que les prix de l’énergie s’envolent, les auteurs d’une étude universitaire mettent au jour la forte méconnaissance par les ménages les plus pauvres des aides auxquelles ils pourraient prétendre.

Publiée par l’Observatoire des non-recours aux droits et aux services (Odenore) avec le soutien de la chaire HOPE portée par la fondation Grenoble INP, l‘étude intitulée « Observer la précarité énergétique » s’appuie sur une démarche de « baromètre précarité énergétique » croisant santé et non-recours.

Déployée sur le territoire de l’agglomération roannaise, la démarche permet notamment de mesurer et de caractériser d’un point de vue statistique un phénomène auprès d’une population donnée. Il s’agit de porter un regard à la fois sur les liens entre précarité énergétique et santé et sur la question du non-recours : le baromètre s’intéresse à la « réception » des différentes aides existantes en matière de précarité énergétique.

La démarche d’enquête a été co-construite avec des acteurs locaux du territoire et un questionnaire a été administré auprès de 68 habitants, par des professionnels et bénévoles impliqués dans la démarche.

Les résultats de l’enquête montrent que 29% des enquêtés ont ressenti du froid dans leur logement au cours des douze derniers mois, 31% ont eu des difficultés à payer leurs factures d’énergie sur cette période et 22% cumulent difficultés de paiement des charges d’énergie et restrictions de leur mobilité.

Au niveau des profils socio-démographiques, on note une surreprésentation des femmes, des familles monoparentales et des ménages aux faibles ressources. Ces données rejoignent bien les constats faits par les travaux menés à l’échelle nationale.

Si les locataires du parc social sont plus nombreux à déclarer des difficultés à payer leurs charges d’énergie (45%), les locataires du parc privé expriment eux davantage le ressenti du froid (43%).

Concernant la question du non-recours aux aides et dispositifs visant à lutter contre la précarité énergétique, 78% des enquêtés ne connaissent pas les aides à la rénovation thermique. Les aides financières pour le paiement des charges d’énergie semblent mieux connues : 38% des répondants déclarent connaître ces aides. En dehors d’une meilleure notoriété de certaines aides, le fait qu’elles soient délivrées par des professionnels avec qui les personnes concernées sont en contact (principalement les travailleurs sociaux) facilite la connaissance de ces dispositifs.

De manière générale, le non-recours aux deux types d’aide montre tout l’enjeu de l’information et des canaux d’accès à celle-ci. Cette dernière recouvre plusieurs dimensions, comme connaître leur existence, se repérer dans les différents acronymes, connaître les conditions d’éligibilité et/ou se représenter comme éligible, identifier le bon interlocuteur à qui adresser la demande…

Le manque de guichet unique sur la plupart des territoires, ou d’acteur identifiable vers qui se tourner, la multiplicité des acteurs ayant chacun un élément de réponse à apporter sans gouvernance générale des actions, explique cette problématique de non-recours.

C’est ce que souligne l’Odenore en analysant « la question du non-recours du fait d’une non-proposition qui intervient lorsque l’offre n’est pas activée malgré l’éligibilité du demandeur, que celui-ci connaisse ou pas l’offre. Cela peut s’expliquer par la difficulté des intervenants sociaux à se repérer dans le labyrinthe des aides existantes. Cela peut également renvoyer à la capacité à identifier les besoins en matière de précarité énergétique. Ceux-ci ne sont pas toujours clairement énoncés par les personnes. » La question de la détection des situations est un enjeu majeur et donc associé à la sensibilisation des intervenants sociaux à la problématique.

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Observer la précarité énergétique : Retour sur une démarche de « baromètre précarité énergétique » croisant santé et non-recours

A. Rode, R. El Fahli et H. Revil, ODENORE, Avril 2021

Lire l’article du Monde sur cette étude