Les dépenses contraintes correspondent aux frais de logement, aux frais d’assurances et services financiers, aux dépenses de télécommunications et télévision, et aux frais de cantine scolaire. D’après l’INSEE, la part de ces dépenses contraintes dans le revenu des ménages est passée de 13 % au début des années 1960 à 28 % en 2022.
Un effort variable selon les revenus
La part des dépenses contraintes dépend fortement du revenu des ménages, car 31,5% des revenus sont consommés pour des dépenses contraintes pour les 20% des ménages les plus pauvres, contre 19% pour les 20% les plus riches.
Le poids des dépenses liées au logement
Les dépenses liées au logement représentent une part importante des dépenses contraintes. De 9% du budget des ménages dans les années 60, les dépenses liées au logement sont passées à 23 % au début des années 2010. Cette hausse s’explique par la hausse des loyers, des prix de l’énergie et des autres charges liées à l’habitation.
Après une première étude en 2022 portant sur le financement de la rénovation énergétique performante des logements, l’ADEME, en lien avec l’Observatoire national de la précarité énergétique, présente un nouveau rapport s’intéressant spécifiquement aux situations des propriétaires occupants en situation de précarité énergétique en France hexagonale : quels sont les obstacles rencontrés par ces ménages ? Quels sont les acteurs et dispositifs de financement existants ? Comment déployer ces ressources efficacement et favoriser le passage à l’action des ménages ?
L’accompagnement des propriétaires précaires comme vecteur entre le besoin de rénovation et le financement
Sur la base d’une revue documentaire, d’entretiens auprès de prescripteurs et de financeurs, de focus groups avec des ménages bénéficiaires et d’études de cas, l’étude livre un diagnostic :
Des principaux freins à la sollicitation de dispositifs de financement pour les ménages propriétaires occupants en situation de précarité : sentiment de vulnérabilité face aux acteurs de la rénovation, délais des procédures parfois dans un contexte d’urgence, sentiment d’incapacité ou rejet des procédures administratives, peur de l’endettement, crainte de ne pas pouvoir financer le reste à charge… Ce public reste particulièrement sensible à la charge financière que représentent des travaux, au regard d’un budget contraint et de difficultés à anticiper le coût global des travaux – notamment car les coûts annexes restent mal pris en compte.
Des dispositifs financiers existants pour la rénovation énergétique : subventions publiques (aides Anah, collectivités, etc.), CEE, prêts bancaires (éco-PTZ, prêt avance rénovation), dons, avances, etc. L’étude souligne notamment la nécessité d’assembler et distribuer ces ressources de manière efficace.
Sur le rôle crucial de l’accompagnement à la fois technique, financier, socio-psychologique, pour lever les freins à la décision et à la mise en œuvre. L’éco-système d’acteurs accompagnants, aux compétences multiples, nécessite des passages de relais et des collaborations à structurer localement. Parmi eux, les Sociétés de tiers-financement (STF) émergent comme de nouvelles figures de l’accompagnement solutionnant différentes problématiques évoquées dans le rapport. Par ailleurs, si le coût total de cet accompagnement reste selon l’étude difficile à définir précisément (plusieurs milliers d’euros par ménage), le financement de l’accompagnement vient s’ajouter à la question du financement du montant des travaux qui restent à la charge des ménages.
Trois propositions à la puissance publique
En lien avec les constats de l’étude, l’ADEME formule des recommandations centrées sur deux axes principaux : l’amélioration de l’accompagnement des ménages précaires dans leurs projets de rénovation pour répondre au mieux à leurs besoins, et la facilitation de l’accès à des financements complémentaires aux subventions. L’Agence propose ainsi à la puissance publique :
D’intégrer au service public de nouveaux modes de financement pour les projets de rénovation appréhendés dans leur globalité, et notamment les contrats à impact :
Une exploration ultérieure du potentiel des contrats à impact est prévue par l’ADEME, afin d‘identifier les conditions nécessaires à leur émergence et à leur développement.
De structurer et financer l’accompagnement des propriétaires en situation précaire en favorisant les connexions entre les représentants de l’État, les collectivités et les acteurs associatifs locaux afin d’adapter le financement de la chaîne d’accompagnement, en y insérant les acteurs de la philanthropie.
Et d’améliorer le levier du financement bancaire des travaux pour les rendre abordables pour tous : en facilitant l’accès des ménages à des crédits adaptés
La Fondation Abbé-Pierre a publié cet été un rapport pour alerter sur les « bouilloires thermiques », ces logements mal isolés et mal ventilés qui peuvent avoir des impacts importants sur la santé de leurs occupants lors des vagues de chaleur. L’étude rappelle que plus de 5000 décès seraient attribuables à la chaleur durant l’été 2023 en France.
Des inégalités face à la précarité énergétique d’été
D’après le Médiateur de l’énergie, 55 % des Français déclarent avoir souffert de la chaleur dans leur logement en 2023 pendant au moins 24h. Un Français sur quatre souffrirait fréquemment de chaleur dans le logement pendant l’été. En cause : mauvaise isolation des murs, mauvaise ventilation, absence de protections solaires (dont volets), absence d’espace vert extérieur…
Les personnes vivant en appartement et dans les grandes villes sont les plus concernées par les problématiques de chaleur dans leur logement.
Le rapport met en avant les inégalités face à ce phénomène : les personnes habitant les logements les plus chauds sont les jeunes de moins de 25 ans (souvent dans des logements petits et mal isolés), les locataires et les ménages modestes (37% des ménages modestes déclarent avoir souffert de la chaleur dans leur logement contre 20% des plus aisés).
Explosion des climatiseurs
Dans un contexte d’intensification des événements caniculaires, les Français s’équipent de plus en plus en climatiseurs. Entre 2013 et 2020,le nombre d’installations de climatiseurs mobiles (moins chers à l’achat et plus faciles à installer) a triplé. Or ce type d’équipement n’est pas sans conséquences : augmentation de la facture d’électricité (selon EDF, l’usage de climatiseurs peut augmenter les factures de 15% à 25 % par mois pendant les mois d’été), accentuation des effets d’ilots de chaleur urbains, émission de gaz à effet de serre…
Les propositions de la Fondation Abbé Pierre
À ce jour, la définition légale de la précarité énergétique ne tient pas compte des problématiques de surchauffe des logements en été. La Fondation Abbé Pierre regrette que l’adaptation des logements à la chaleur soit absente de la définition d’une rénovation énergétique performante et globale.
La Fondation Abbé Pierre appelle l’État et les collectivités à se mobiliser pour agir contre la précarité énergétique d’été, et partage dans son rapport les propositions suivantes :
Systématiser la prise en compte de l’habitabilité thermique et des ilots de chaleur urbain en été dans les projets de rénovation énergétique, et faire évoluer le système d’aides à la rénovation pour inclure plus largement les équipements et aménagements nécessaires pour y parvenir.
Faciliter la réalisation des travaux
Repenser les villes pour lutter contre les îlots de chaleur urbain
Protéger les locataires victimes de surchauffe dans leur logement, en intégrant notamment la notion de confort d’été aux critères de décence des logements
Aider les ménages à faire face aux surcoûts liés au refroidissement
À la suite de cette étude, le collectif Rénovons (animé par le réseau Cler) a soutenu ces constats et a demandé aux pouvoirs publics d’adopter une loi de programmation de la rénovation performante des bâtiments et des quartiers, intégrant pleinement les critères de l’habitabilité d’été des logements (voir ici le communiqué de presse de Rénovons).
La FNAIM et sa Chambre des Diagnostiqueurs immobiliers ont créé un baromètre trimestriel des DPE (diagnostics de performance énergétique) en se basant sur les données de l’Ademe. Ces données correspondent aux DPE réalisés sur le dernier trimestre et ne sont donc pas représentatives de l’ensemble du parc de logement en France.
Au cours du deuxième trimestre 2024, 763 939 DPE ont été réalisés par des diagnostiqueurs immobiliers (dont 8,7 % pour du logement neuf). Parmi les DPE réalisés sur les logements existants, 13% ont des étiquettes F ou G (16,8% des maisons et 10,6% des appartements diagnostiqués). C’est parmi les logements construits avant 1948 que la part des étiquettes F et G est la plus importante : 25,5% des logements construits avant 1948 et diagnostiqués sur le deuxième trimestre sont classés F ou G.
L’étude rappelle également que dans le parc existant, la part des logements énergivores (F ou G) est de :
15,7 % parmi les résidences principales
24,1 % pour les logements vacants
29,5 % pour les résidences secondaires
(source : SDES, DPE redressés représentatifs du parc de logements, 1er janvier)
De par les enjeux enjeux climatiques, sociaux et techniques qu’elle pose, l’accélération de la rénovation énergétique du parc de logement appelle plusieurs questions qui constituent le cœur de cette nouvelle étude de l’ANIL.
Quels sont aujourd’hui les grands enjeux de la rénovation énergétique du parc résidentiel français en 2024 ?
Comment les ménages accueillent-ils les enjeux de la rénovation énergétique de leur logement ? Comment y adhèrent-ils ? Comment perçoivent-ils les aides et accompagnements que leur adressent les pouvoirs publics pour rénover leur logement ? Lorsqu’ils sont propriétaires bailleurs, comment gèrent-ils les obligations liées à la non-décence énergétique ?
Comment les politiques locales de l’habitat s’impliquent-elles dans la mise en œuvre d’une politique très cadrée nationalement et opérationnalisée par des acteurs privés et associatifs ? Comment la rénovation énergétique trouve-t-elle sa place dans ces politiques ? Est-ce que l’action habitat et l’action sociale, réunies par l’impératif de rénover énergétiquement le parc le moins performant, parviennent-elles à converger?
Pour y répondre, l’étude a utilisé trois sources complémentaires : une revue de littérature, une enquête administrée par le réseau des ADIL auprès de 3000 ménages et une campagne de 25 entretiens semi-directifs auprès des différents acteurs impliqués dans la rénovation énergétique et la lutte contre la précarité énergétique. Les résultats de l’enquête réseau ont fait l’objet d’un carnet publié en décembre 2023.
L’étude formule en conclusion des points d’attention et cinq recommandations.
Rénovation énergétique : Enjeux, intérêt à agir et adhésion des particuliers, et prise en compte dans les politiques de l’habitat
Sur la base des données d’une étude récente de l’Ademe, l’Observatoire des inégalités rappelle que le niveau de vie est un élément déterminant du confort au sein du logement : les personnes modestes souffrent deux fois plus de la chaleur que les personnes aisées, c’est quatre fois plus en ce qui concerne le froid.
Les personnes modestes souffrent plus du froid et de la chaleur dans leur logement :
28 % des personnes qui ont un niveau de vie inférieur à 1 000 euros par mois disent souffrir du froid en hiver dans leur logement, contre 7 % de celles qui disposent de plus de 2 500 euros, soit quatre fois plus.
En été, plus d’un tiers des ménages les plus modestes déclarent souffrir d’une chaleur excessive, soit deux fois plus que les ménages les plus aisés.
L’observatoire met également en avant d’autres disparités : les jeunes adultes souffrent plus d’inconfort thermique (42 % des 18-24 ans déclarent souffrir de la chaleur en été dans leur habitation et 21 % du froid en hiver, du fait d’un habitat plus souvent urbain et exigu), tout comme les personnes contraintes de rester à leur domicile (personnes âgées ou les mères de famille avec des enfants en bas âge).
Comme chaque année, l’Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE) publie les résultats de son tableau de bord qui concentre les chiffres clés liés au phénomène en France et en Europe, les principaux indicateurs économiques et sociaux ainsi que des données actualisées sur les dispositifs nationaux existants.
Si le nombre de ménages en précarité énergétique baisse très légèrement en 2022 au regard du taux d’effort énergétique [1] (-0,9 point) , d’autres indicateurs témoignent à l’inverse d’une situation plus alarmante :
La hausse du phénomène de restriction d’énergie, notamment pour faire face aux factures qui grimpent : 79% des Français ont réduit le chauffage chez eux pour limiter leurs factures d’énergie, soit 10 points de plus qu’en 2022. Conséquence : la part des ménages qui ont souffert du froid chez eux au cours de l’hiver 2022-2023 passe à 26% (contre 22% l’hiver précédant)
Le nombre d’interventions des fournisseurs d’énergie pour impayés (coupures ou restriction d’énergie) passe le cap du million en 2023 (contre 971 000 en 2022) ;
Une tendance à la baisse du nombre de ménages aidés ou des montants d’aide accordés. Par exemple, le nombre de ménages bénéficiaires du FSL a baissé de 45% entre 2016 et 2020 parmi les clients des trois principaux fournisseurs d’énergie.
Pour comprendre les grandes tendances, l’ONPE vous livre les chiffres clés de la précarité énergétique dans son édition 2024.
[1] L’indicateur économique du TEE_3D considère un ménage en situation de précarité énergétique lorsque les dépenses énergétiques de son logement sont supérieures à 8 % de son revenu, et son revenu par unité de consommation (UC) est inférieur au 3e décile de revenu par UC (30 % des ménages les plus modestes).
Dans un rapport publié le 25 avril aux côtés de huit autres associations, le Secours catholique alerte sur les difficultés croissantes rencontrées par une partie des habitants des territoires ruraux pour accéder aux besoins essentiels, faute de solutions de mobilité.
Le rapport dresse plusieurs constats expliquant pourquoi la mobilité peut devenir source de précarité : des distances de plus en plus longues pour accéder aux besoins essentiels, l’augmentation du prix des carburants, la paupérisation des territoires ruraux, l’hégémonie de la voiture, le manque de dialogue entre les territoires aux compétences parfois floues ou encore l’absence de financements pour les solutions de mobilité durable qui peinent à se développer…
En 2021, 13 millions de Français sont touchés par la précarité liée à la mobilité: « les ménages précaires qui possèdent un véhicule se retrouvent eux aussi piégés par l’augmentation du prix des carburants [+46 % entre 2017 et 2023], car ils n’ont d’autre choix que de se déplacer et leur budget transport devient intenable. »
Pour faire face à cette situation, les associations émettent une dizaine de propositions à mettre en œuvre au niveau national ou local pour garantir à chacun le droit de se déplacer. Celles-ci sont axées autour de quatre leviers :
Une planification territoriale juste et équilibrée avec une offre minimale de transports et de services essentiels
Développer une offre de mobilité adaptée aux territoires ruraux
Accompagner le changement de culture vers une mobilité plus inclusive et plus durable
Mettre en place un système de financement pérenne adapté aux besoins des territoires ruraux
Rapport « Territoires ruraux : En panne de mobilité »
Au 1er Janvier 2023, et selon le SDES, la France comptait 4,8 millions de passoires. Éradiquer ces dernières, et ce avant l’interdiction à la location, reviendrait donc en moyenne à rénover annuellement 1 million de logements F et G sur les 5 prochaines années. Soit un rythme supérieur de plus de 2,5 à celui évoqué par la SNBC (Stratégie nationale bas carbone) pour la période 2020-2030.
Face à l’importance du parc secondaire dans l’équation énergétique et climatique, la direction data science de U.R.B.S. a réalisé une étude exhaustive de la performance énergie/climat des logements de l’ensemble du parc résidentiel (principal + secondaire). Ainsi ce serait finalement plus de 6,15 millions de passoires énergétiques qui seraient en « circulation » au 1er Janvier 2024 en France hexagonale.
Face à la hausse des prix de l’énergie entamée fin 2021, le Gouvernement a pris une série de mesures exceptionnelles pour limiter son impact notamment sur les ménages (bouclier tarifaire, chèques énergies exceptionnels, etc.)[1]. Dans un rapport du 15 mars, la Cour des Comptes a souhaité faire un bilan provisoire de ces interventions.
Pour faire face à la crise énergétique, ce sont près de 25 dispositifs qui ont été mis en place par le Gouvernement,« majoritairement destinés aux ménages et, pour l’essentiel, non ciblés en fonction des revenus des bénéficiaires. »
Si elles « ont permis aux ménages français de bénéficier de prix en moyenne plus bas que leurs voisins européens », ces mesures ont été mis en œuvre « au prix d’une dépense budgétaire élevée » : la protection des consommateurs aurait nécessité un financement net de l’État de 36 milliards d’euros entre 2021 et 2024.
Considérant les mécanismes mis en place comme « un soutien aux énergies fossiles contraire aux objectifs de la transition énergétique » les Sages appellent à préserver les signaux prix sur les énergies fossiles, en profitant de la sortie des boucliers tarifaires pour définir de nouveaux principes de fixation des prix, tout en privilégiant les aides ciblées sur les consommateurs les plus vulnérables.
En lien avec la Direction du Logement et de l’Habitat de la Ville de Paris et les trois principaux bailleurs sociaux parisiens (Paris Habitat, la Régie Immobilière de la Ville de Paris et Elogie-SIEMP), l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) a mené une étude sur les répercussions des travaux de rénovation énergétique réalisés entre 2012 et 2020 sur la consommation énergétique du parc social.
Le retour d’expériences sur les consommations énergétiques avant et après travaux de rénovation porte sur les premières opérations Plan Climat financées à Paris, soit 51 opérations et plus de 9 000 logements. Les premiers résultats de l’analyse statistique montrent une baisse moyenne des consommations énergétiques réelles comprise entre -18 % et -31 % selon le mode de chauffage utilisé. Grâce aux travaux réalisés, la consommation annuelle d’énergie économisée par logement est estimée à 2 236 kWh, soit une économie de 200 à 450 € par an et par ménage selon le type de chauffage (coûts 2023).
Consommations réelles d’énergie des logements parisiens – Volet 1 : parc social et opérations Plan Climat
Au 1er janvier 2023, le taux de passoires énergétiques dans le parc locatif privé s’élève à 18,5 % (soit près de 1,5 million de logements), contre 15,7 % dans l’ensemble des résidences principales.
Cette surreprésentation des passoires thermiques dans le parc locatif privé s’explique par les caractéristiques spécifiques de ce parc (logements plus anciens, plus petits et chauffés à l’électricité).
Par rapport à l’estimation au 1er janvier 2022 (20,1 %), le taux de passoires du parc locatif privé est en baisse de 1,6 point.
La part des passoires énergétiques décroît en fonction du revenu des locataires : 23 % de passoires dans le premier décile contre 17 % dans le huitième décile, et ensuite la part augmente faiblement. Les ménages modestes sont ainsi surreprésentés dans les passoires du parc locatif privé.
De la même manière, la part des logements énergivores décroît en fonction du niveau de vie des propriétaires : 21,7 % dans le premier décile de revenus contre 16,6 % dans le dernier décile.
Du côté du parc social, c’est l’Agence nationale de contrôle du logement social (ANCOLS) qui a publié fin 2023 la première édition d’un tableau de bord relatif à la performance énergétique dans le parc locatif social métropolitain, basé sur le nouveau mode de calcul du DPE (en vigueur depuis le 1er juillet 2021).
Les logements individuels, plus anciens et plus petits sont surreprésentés :
La part des étiquettes F et G est 50 % plus importante dans l’individuel que dans le collectif
14 % des logements construits avant 1960 sont des passoires thermiques
8 % des T1 sont des passoires au sens du DPE en vigueur
La part des passoires thermiques est en outre plus marquée dans le nord-est de la France, y compris une fois pris en compte le facteur lié à l’âge du parc.
Globalement les performances du parc social s’améliorent entre 2017 et 2020, à la fois grâce à la rénovation du parc existant et grâce à son renouvellement.
Enfin, les passoires thermiques sont concentrées dans le parc de certains bailleurs : 30 bailleurs détiennent ainsi plus de 40 % des passoires thermiques du parc social alors qu’ils ne regroupent que 27 % du parc social.
En ce début d’année 2024, la Fondation Abbé Pierre dresse un nouvel état des lieux du mal-logement en France. La fondation déclare que « la bombe sociale du logement est en train d’exploser sous nos yeux » et s’inquiète de l’accélération de la crise du logement.
« Alors que l’on célèbre les 70 ans de l’Appel de l’abbé Pierre à la nation française au cœur d’un hiver rigoureux, cette 29e édition de « L’État du mal-logement en France » tire un constat alarmant. De nombreuses voix, dont celle de la Fondation Abbé Pierre, avaient pourtant alerté depuis des mois : la crise du logement qui couve aura de dures répercussions sociales. »
Marie-Hélène LE NEDIC, Présidente de la Fondation Abbé Pierre
Les chiffres du mal-logement
La Fondation Abbé Pierre évalue à 4,2 millions le nombre de personnes en situation de mal-logement (personnes privées de logement ou vivant dans des conditions de logement très difficiles). Outre ces situations les plus graves, 12,1 millions de personnes seraient fragilisées par rapport au logement : copropriétés en difficultés, impayés de loyers ou charges, surpeuplement modéré, froid pour des raisons liés à la précarité énergétique, situation d’effort financier excessif…
>> Pour en savoir plus : consulter les chiffres page 39 de la synthèse
Pauvreté et crise du logement
Le rapport de la Fondation Abbé Pierre précise que la demande de logement social est quatre à cinq fois supérieure à l’offre disponible annuellement et que les ménages sont confrontés à une diminution de l’offre locative privée.
En parallèle, le nombre de personnes sous le seuil de pauvreté atteint des niveaux records (9,1 millions en 2021) et les Restos du Cœur peinent à répondre à toutes les demandes.
Face à ce constat, la Fondation Abbé Pierre appelle le Gouvernement à mettre en place en urgence les actions suivantes :
relancer le financement du logement social
revaloriser les APL
rehausser les minima sociaux
soutenir le travail social
généraliser l’encadrement des loyers
ériger en priorité nationale que plus personne ne dorme à la rue
Arrêt du chèque énergie exceptionnel et interventions pour impayés en hausse
La Fondation Abbé Pierre regrette que le chèque énergie exceptionnel n’ait pas été reconduit en 2023 alors que les prix de l’énergie n’ont cessé d’augmenter. Le chèque énergie standard, d’un montant annuel moyen de 150€, n’a quant à lui pas été revalorisé malgré l’inflation.
Concernant les coupures d’électricité liées aux impayés, la fondation avait lancé une campagne en 2021 pour demander de mettre fin aux coupures d’électricité. EDF avait alors pris la mesure d’arrêter les coupures d’électricité,mesure effective depuis 2022 (en savoir plus). La Fondation Abbé Pierre appelle à ce que cette mesure soit généralisée à tous les fournisseurs, car on comptait encore 150 000 coupures d’électricité en 2022. Cette même année, les interventions générales pour impayés de gaz et d’électricité (réductions de puissance et coupures) étaient en hausse.
Habitat indigne
La Fondation Abbé Pierre estime qu’un million de personnes vivent dans un habitat indigne. Elle déplore l’écart important entre le nombre de logements indignes et le nombre de procédures engagées pour en sortir ou le nombre de logement traités chaque année. Elle rappelle que la lutte contre l’habitat indigne est une action publique complexe qui nécessite une collaboration organisée entre acteurs.
La Fondation Abbé Pierre propose les pistes suivantes pour lutter contre l’habitat indigne :
Renforcement du pilotage national de la lutte contre l’habitat indigne par l’État, mise en cohérence avec les autres politiques publiques et augmentation des moyens d’actions (financiers et humains)
Renforcement de l’accompagnement et de la protection des occupants en assurant leur droit effectif au relogement
Renforcement de l’accompagnement des propriétaires occupants modestes ou propriétaires bailleurs de bonne foi en leur donnant les moyens financiers pour réaliser les travaux
Soutien des collectivités locales dans l’exercice de leurs responsabilités en leur donnant notamment les moyens d’agir et la capacité de mener des travaux d’office
Le diagnostic de performance énergétique des logements (DPE) est devenu un outil clé de l’orientation des politiques publiques énergétiques et climatiques. L’étiquette énergie propose cependant une consommation d’énergie théorique, qui peut différer de la consommation réelle du fait des ajustements de comportements. Le Conseil d’Analyse économique a donc voulu répondre à une question : Que sait-on de l’ampleur de cet écart ?
Afin d’éclairer cette différence entre consommation théorique calculée par le DPE et consommation réelle, le Conseil d’analyse économique (CAE) a voulu étudier ce qui relevait de l’ajustement comportemental des consommateurs – l’effet rebond – ou d’un manque éventuel de fiabilité du modèle sous-jacent au DPE. En croisant les données bancaires anonymisées de 178 110 ménages clients du Crédit Mutuel à la base de données publique sur les DPE. Ce « Focus » répond à plusieurs interrogations : Les ménages dévient-ils de leur consommation théorique et adaptent-ils leur consommation en fonction du confort énergétique de leur logement ? Les économies d’énergie liées à la performance se traduisent-elles dans leur dépense ?
L’étude confirme la relation croissante entre dépense, consommation énergétique et classe de performance, bien qu’elle soit beaucoup moins forte que celle prédite par le DPE et s’estompe pour les plus grands logements. Globalement, la différence de consommation d’énergie au m2 entre un logement performant (AB) et un logement classé G est six fois plus faible que celle prédite par le DPE. Les effets comportementaux des ménages jouent une part prépondérante (les deux tiers) pour expliquer l’écart entre consommation prédite par le DPE et consommation réelle, mais ne l’expliquent pas entièrement, ce qui laisse penser que le modèle actuel du DPE est un prédicteur encore perfectible de la consommation théorique.
De manière plus précise, voici quelques fait qui ressortent nettement de l’étude :
Les usagers adaptent leur comportementen fonction du prix du confort énergétique et donc de la performance du logement, cet effet rebond explique une large partie des écarts observés.
Les usagers adaptent également leur comportement en fonction de leurs caractéristiques sociodémographiques et notamment de leurs revenus. Ainsi la consommation des ménages dépend autant des revenus que de l’étiquette DPE.
Le DPE tend à surestimer la performance théorique à partir de la classe D, et cela va en s’accentuant à mesure que la performance énergétique du logement se dégrade (la surestimation dépassant un facteur 2 pour les logements G). La performance théorique des logements AB est, elle, sous-estimée.
Plus la superficie du logement est importante, plus la surestimation de la performance s’accroît et plus la progressivité prévue par le DPE disparaît. A contrario, la performance énergétique des petits logements apparaît mieux estimée par le DPE. La consommation au m² étant nettement décroissante avec la superficie, l’application d’une échelle unique à tous les logements devrait mieux prendre en compte cette caractéristique.
En termes de politiques publiques, le CAE conclue que les résultats conduisent à chercher des pistes d’amélioration du modèle du DPE et à encourager les efforts de sobriété énergétique parallèlement à la rénovation énergétique des logements car les ajustements comportementaux des ménages peuvent conduire à limiter les gains espérés.
Performance énergétique du logement et consommation d’énergie : les enseignements des données bancaires
Focus n°103, Conseil d’analyse économique, Janvier 2024
D’après les derniers travaux de modélisation d’Energies Demain (base Enerter), 25 % des ménages franciliens dépensent plus de 8 % de leur budget dans l’énergie de leur logement. Les ménages les plus pauvres situés dans les 3 premiers déciles de revenus sont particulièrement touchés car 60 % d’entre eux sont en situation de précarité énergétique selon l’indicateur du taux d’effort.
Dans ce nouveau rapport, Oxfam alerte sur la crise du logement qualifiée de « bombe sociale » et publie une série de mesures et de recommandations à destination des décideurs politiques.
Logement et inégalités : les chiffres-clés du rapport
Pour les plus pauvres, en 2001, les dépenses contraintes représentaient 31 % du budget des ménages contre 41 % aujourd’hui. Parmi ces dépenses, le logement constitue le premier poste de dépenses à hauteur de 23 % du revenu brut des ménages français contre 9,5% en 1960.
Les 25 % les plus modestes consacrent deux fois plus de leurs revenus aux dépenses de logement que les 25 % les plus aisés.
Les prix de l’immobilier ont augmenté de 125,6 % entre 2001 et 2020. Les loyers – social et secteur libre – quant à eux ont augmenté de 36,5% sur la même période. Or, dans le même temps, les revenus bruts des ménages n’ont progressé que de 29 %. Autrement dit, en vingt ans, les prix des biens immobiliers ont augmenté 4 fois plus vite que les revenus bruts des ménages.
Début 2021, les 10% des Français les plus riches en patrimoine concentraient 44% de tout le patrimoine immobilier français. 3,5% des ménages détiennent à eux seuls 50% des logements mis en location.
Sur les 30 millions de résidences principes au 1er janvier 2022, 17% des logements sont des passoires énergétiques classées F ou G.
La production de logements sociaux a diminué au plan national avec 126 000 logements sociaux financés en 2016, et 95 000 en 2021 puis96000 en 2022.
Les recommandations d’Oxfam
Oxfam propose une série de recommandations à destination des décideurs politiques pour réduire les inégalités liées au logement en France :
Constitutionnalisation du droit au logement au même niveau que le droit à la propriété ;
Restriction voire interdiction de la présence d’acteurs financiarisés dans le «marché du logement» ;
Renforcement du service public du logement pour favoriser l’accès à un logement abordable pour tou.te.s ;
Introduction de la possibilité pour les communes d’interdire la mise en location pour une courte durée des résidences secondaires et ainsi limiter cette possibilité aux seules résidences principales.
Résumé
« Logement : inégalités à tous les étages »– Résumé du rapport, Oxfam, décembre 2023
Rapport complet
« Logement : inégalités à tous les étages » – Rapport complet, Oxfam, décembre 2023
Chaque année, le Secours Catholique propose une image de l’état de la pauvreté en France à travers le prisme des personnes qu’il accueille. En 2022, les bénévoles du Secours Catholique ont rencontré un peu plus d’un million de personnes dont 475 100 enfants.
Une pauvreté qui s’aggrave
Parmi les personnes accueillies par le Secours Catholique, le niveau de vie médian a baissé de 7,6 % en un an. Il s’établit à 538 euros par mois en 2022 (contre 579 euros en 2021 en euros constants 2022), soit un budget journalier de 18 euros pour subvenir à tous ses besoins. Cela représente moins de la moitié du seuil de pauvreté.
Toutes catégories de dépenses confondues, l’inflation a atteint 5,2 % en 2022, alors qu’elle n’était que de 1,6 % en 2021. La hausse des prix a été particulièrement marquée pour l’alimentation et l’énergie, ce qui a affecté fortement les ménages les plus pauvres. Les sollicitations d’aide au paiement de factures liées au loyer, à l’énergie et à l’eau ont de ce fait fortement augmenté : 32 % en 2012, 39,9 % en 2021 et 41,7 % en 2022.
47 % des ménages rencontrés ont été confrontés à des impayés liés en particulier aux dépenses de logement (loyer et énergie). C’est un chiffre qui se stabilise à un niveau élevé. La majorité des ménages en situation d’impayé sont locataires du parc social (52,2 %), 32,4% sont locataires du parc privé et 6,9 % sont propriétaires. Les parents isolés sont surreprésentés et cette part est en légère hausse par rapport à 2021.
Une féminisation de la pauvreté
Alors que les femmes représentaient 51% des adultes rencontrés par le Secours Catholique en 1989, cette part monte à 57,5% en 2022. En causes : ruptures conjugales, charge d’enfants, emplois précaires, population étrangère qui se féminise…
Les demandes d’aide provenant des femmes varient suivant les territoires, car les vulnérabilités n’y sont pas les mêmes. En milieu rural, les femmes font moins appel à l’aide alimentaire, mais demandent davantage de l’aide pour faire face aux dépenses d’énergie. Ainsi, les demandes d’aide des femmes liées au logement, à l’eau ou à l’énergie y ont augmenté de 4 points en un an pour atteindre 37 % en 2022. Sur cette même période, la proportion de femmes vivant en zone rurale concernées par des impayés relatifs à l’énergie ou à l’eau est passée de 55 % à 57 %, alors qu’elle a légèrement baissé dans les grands centres urbains.
Parmi les nombreuses recommandations faites par le Secours Catholique pour lutter contre le logement précaire et la précarité énergétique, on peut retenir les mesures suivantes :
« Investir fortement dans le développement d’une offre locative vraiment sociale, en donnant les moyens aux bailleurs sociaux de remédier à l’effondrement des constructions de logements HLM et en inscrivant dans une loi de programmation une trajectoire pluriannuelle de hausse de l’offre très sociale dans le parc public et privé. Un logement décent, c’est aussi un logement bien isolé : la hausse des moyens pour la rénovation thermique au profit des ménages modestes est bienvenue. Reste à savoir si la réduction du reste à charge suffira à les embarquer dans la rénovation performante de leur logement, sachant que l’avance des frais reste un obstacle. »
« L’accès à un logement correctement chauffé, par un chèque énergie de 759 euros pour les 3,8 millions de ménages en précarité énergétique ».
Pour consulter le rapport :
État de la pauvreté en France 2023 – Les femmes en première ligne,
La question de l’accès à la transition pour tous les ménages, en particulier pour les ménages modestes et les classes moyennes, est devenue centrale dans le débat public français, comme l’a récemment illustré la mention du Président d’une « écologie accessible et juste qui ne laisse personne sans solution » dans son discours sur la planification écologique. Cette prise de conscience fait notamment suite à l’épisode des gilets jaunes : attendre des ménages qu’ils agissent en faveur de la transition s’ils n’ont pas accès aux solutions – voiture électrique, transports en commun, isolation du logement, changement de chauffage… – génère un rejet des politiques de transition et nous conduit collectivement dans l’impasse.
Où en sommes-nous aujourd’hui ? La transition est-elle accessible à tous les ménages ? Sans prétendre répondre de manière exhaustive à ces questions, cette étude d’I4CE se concentre sur l’accessibilité économique des solutions qui nécessitent un investissement de la part des ménages, pour le logement et pour la mobilité – concrètement, la rénovation performante du logement et l’acquisition d’un véhicule électrique et d’une borne de recharge. Une approche plus complète de l’accessibilité nécessiterait notamment de s’intéresser à des investissements qui ne sont pas du ressort des ménages, comme les infrastructures de transport par exemple.
L’étude analyse les aides nationales qui favorisent les investissements des ménages en faveur de la transition, pour la rénovation performante de leur logement et pour la mobilité électrique, alors qu’une révision de ces aides et de leurs barèmes est prévue pour 2024, avec deux principales questions :
Comment les aides pour la rénovation et la mobilité électrique ont-elles évolué depuis leur mise en place, en termes de montant et de ciblage ?
Dans quelle mesure ces aides sont-elles suffisantes pour rendre les investissements bas‑carbone accessibles à tous les ménages ?
Les conditions économiques ne sont pas réunies pour que tous les ménages puissent investir
Selon I4CE, si les aides pour la rénovation énergétique performante et l’achat d’un véhicule électrique ont fortement augmenté ces dernières années, cela ne garantit pas qu’elles rendent les investissements bas‑carbone accessibles économiquement aux ménages. Concernant larénovation performante du logement, l’enjeu pour les ménages modestes et des classes moyennes est de réussir à financer le reste à charge de l’investissement : « malgré l’augmentation des aides observée ces dernières années, le reste à charge des ménages pour la rénovation, c’est-à-dire l’investissement moins les aides, que les ménages financent par apport personnel ou en contractant un prêt, se compte encore en dizaines de milliers d’euros, ce qui représente souvent plus d’un an de revenus pour les classes moyennes, et 10 ans ou plus de revenus pour les ménages les plus modestes. »
D’autres freins demeurent également à lever selon l’institut afin d’accélérer la rénovation performante des logements : développer la formation des artisans, l’offre d’accompagnement des ménages, l’accès à des solutions de relogement le temps des travaux ou encore la simplification des démarches administratives.
>> Consulter le résumé de l’étude et ses principaux résultats en vidéo (2 minutes) sur le site d’I4CE
>> Télécharger l’étude :
La transition est-elle accessible à tous les ménages ?
Ce 29ème numéro d’Éclairages publié par la Banque des Territoire dresse un premier bilan chiffré de la consommation énergétique du logement Hlm dans les intercommunalités de la France hexagonale. Les résultats présentés dans cette étude, que ce soit à l’échelle nationale ou territoriale, sont des estimations tirées d’une méthodologie inédite, construite à partir des données du recensement de la population et d’un ensemble de données sur la consommation énergétique locale hébergées sur le site du Service des données et études statistiques (SDES).
Mieux que dans le privé…
Selon les estimations de cette étude, la consommation énergétique dans le logement Hlm atteint près de 50 térawattheures d’énergie finale, contre 400 térawattheures dans le parc privé. La consommation énergétique par logement est estimée à 11 500 kWh dans le logement Hlm, soit 30% de moins que celle du parc privé (estimée à 15 700 kWh), ce qui traduit une meilleure performance énergétique dans le parc Hlm.
Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer ces écarts : l’ancienneté du bâti, le type de logement (maison ou appartement), le mix énergétique ainsi que la localisation. Le parc Hlm détient une majorité d’appartements bâtis après 1971, et alimentés principalement par du gaz et du chauffage urbain. A l’inverse, le parc privé est représenté en majorité par des maisons plus anciennes, pour lesquelles on note une surreprésentation de combustibles associés à une consommation au m² très élevée, tels que le fioul, et le bois-énergie.
…mais des différences fortes selon les territoires
La consommation au m² dans le logement Hlm varie d’un coefficient de 1 à 1,2 selon les régions de la France hexagonale. Assez logiquement, ce sont les régions les plus septentrionales du pays qui figurent parmi celles dont la consommation au m² par logement Hlm est la plus importante.
Enfin, du fait de l’ancrage très marqué du logement Hlm dans les villes, et notamment dans les métropoles de la France hexagonale, on relève un volume de consommation important dans les territoires d’implantation historique du logement Hlm, tels que Paris, Lille, Rouen, Strasbourg, Lyon, Marseille et Bordeaux. A titre indicatif, la consommation énergétique du logement Hlm de la métropole parisienne est estimée à 9 térawattheures, soit plus de 20 % de la consommation totale nationale.
>> Télécharger la publication :
Éclairages n°29 : La performance énergétique du logement Hlm
Comme chaque année, l’Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE) publie les résultats de son tableau de bord qui concentre les chiffres clés liés au phénomène en France et en Europe, les principaux indicateurs économiques et sociaux ainsi que des données actualisées sur les dispositifs nationaux existants.
Sous l’effet du contexte géopolitique, l’ensemble des coûts énergétiques a augmenté de façon significative pour tous les Français, et plus encore pour ceux qui se chauffent au fioul (+64%). Malgré les dispositifs de soutien mis en place pour faire face à la crise énergétique (chèques énergie, FSL, etc.), les ménages français connaissent toujours plus de difficultés à maintenir un niveau de chauffage suffisant l’hiveren raison du coût de l’énergie, et sont de plus en plus nombreux à subir une intervention du fournisseur d’énergie à la suite d’impayés.
Le Tableau de bord revient également sur les dispositifs d’aide qui ont permis de limiter les effets de la crise du prix des énergies en 2022 ainsi que les indicateurs d’accélération du déploiement de la rénovation énergétique des logements.
Découvrez les chiffres-clés du nouveau Tableau de bord 2022 :
Les enjeux liés à la rénovation énergétique nécessitent de disposer d’une bonne connaissance de la consommation énergétique des logements. À cette fin, la publication annuelle de l’observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) présente l’estimation de la performance énergétique du parc de logements à la date du 1er janvier 2023 et se fonde sur les DPE réalisés entre octobre 2022 et mars 2023 (915 000 diagnostics), après extrapolation à l’ensemble du parc de logements.
Le document présente pour le parc français :
La répartition des classes énergétiques de l’ensemble des résidences principales ;
La répartition des classes énergétiques selon le type de logement (résidences principales/ résidences secondaires/logements vacants, maison individuelle/habitat collectif) ;
La répartition des classes énergétiques selon lestatut d’occupation (propriétaires/locataires du parc privé/locataires du parc social) ;
La répartition des classes énergétiques selon la localisation géographique.
Le nombre de passoires énergétiques
Sur les 30 millions de résidences principales que compte la France au 1er janvier 2023, environ 4,8 millions de logements, soit 15,7 % du parc, seraient des « passoires énergétiques » (étiquettes F et G du DPE), contre 5,2 millions de logements en 2021. La part des logements F passe de 10,2 à 9,4 % (- 207 000 logements) et celle des logements G de 6,9 à 6,3% (- 171 000 logements).
La part des passoires énergétiques est plus élevée dans les résidences secondaires (30 %, soit 1,1 million de logements) et dans les logements vacants (24 %, soit 0,7 million de logements) que dans les résidences principales. Au total, sur les 37 millions de logements de l’ensemble du parc (résidences principales, résidences secondaires, logements vacants), le nombre de passoires énergétiques au 1er janvier 2023 est estimé à 6,6 millions (17,8 % du parc) contre 7,1 millions (19,5 %) en 2022, soit une baisse de 7 %.
La performance énergétique des logements selon le statut d’occupation
Le parc privé locatif comporte les logements consommant le plus d’énergie, avec plus de 17 % de logements classés F ou G (en baisse de 3 points), alors que les logements occupés par leurs propriétaires sont 16,5 % à avoir une telle étiquette. Le parc social est sensiblement moins énergivore que le parc privé avec 380 000 logements et 8,1 % d’étiquettes F et G. L’étude estime qu’il y aurait 134 000 logements très énergivores (consommation supérieure à 450kWh/m²) dans le parc locatif privé, 34 000 dans le parc locatif social et 337 000 parmi les logements occupés par leurs propriétaires. Dans le parc privé, comme dans l’ensemble du parc, la part des logements classés F ou G est plus forte pour les maisons que pour les appartements (21,6 % contre 17,1 % pour les locatif, 17,4 % contre 13,3 % pour les propriétaires).
Consulter la publication :
Publication
Infographie « Quelle est la performance énergétique des résidences principales au 1er janvier 2023
Le parc de logements par classe de performance énergétique au 1er janvier 2023
Observatoire national de la rénovation énergétique, Ministère de la transition écologique (SDES/CGDD), Novembre 2023
Le Médiateur national de l’énergie a publié mi-octobre son 17ème Baromètre énergie-info.
D’après cette enquête menée auprès de 2 000 foyers, 9 consommateurs sur 10 déclarent que la consommation d’énergie est un sujet de préoccupation pour eux et plus de 7 sur 10 ont constaté une augmentation de leurs factures d’énergie sur les douze derniers mois. C’est également plus d’un quart des ménages qui déclare avoir souffert du froid l’hiver dernier.
Difficultés à payer les factures d’énergie, restrictions…
Avec l’inflation, la consommation d’énergie reste un sujet de préoccupation pour les consommateurs d’énergie :
89% des foyers interrogés déclarent être préoccupés par leur consommation d’énergie
31% des consommateurs d’énergie ont déclaré avoir eu des difficultés à payer leurs factures d’énergie. Le taux est encore plus élevé parmi les plus jeunes. 55% des moins de 35 ans ont rencontré des difficultés.
79 % des foyers interrogés déclarent avoir réduit le chauffage chez eux pour ne pas avoir de factures trop élevées (ils étaient 69 % en 2022 et 53 % en 2020). La part de ceux qui restreignent systématiquement le chauffage a augmenté de 10 points en un an (39% contre 29% l’année dernière).
Malgré un hiver moins rigoureux, la part des foyers ayant souffert du froid est en hausse de 4 points et s’élève à 26%, soit +12 points par rapport à 2020. Les plus touchés sont toujours les moins de 35 ans (42%), les locataires (35%) et les employés (35% ).
Participation à l’effort de sobriété énergétique
L’année dernière, un tiers des consommateurs avait l’intention d’adapter leurs comportements pour participer à l’effort national de sobriété énergétique. Au final, c’est près de la moitié qui a changé soncomportement. Mais la moitié des ménages déclare ne pas pouvoir faire plus l’hiver prochain, et plus particulièrement les 65 ans et plus.
Les 90% de ménages qui diminuent leur consommation d’énergie citent 6 gestes en moyenne :
Comme l’année dernière, le geste le plus cité est de « ne pas laisser les lumières allumées inutilement » (79% des foyers concernés et jusqu’à 90% pour les 55 ans et plus). Le chauffage constitue le deuxième axe d’effort majeur : 67% des citoyens ont baissé la température de chauffage (+ 9 points par rapport à l’année dernière) et 63% baissent le chauffage en cas d’absence.
Compréhension des factures et contrats d’énergie
Près d’un tiers des consommateurs déclare ne pas avoir entendu parler de la suppression des tarifs réglementés de vente de gaz, qui est pourtant effective depuis le 1er juillet 2023.
Les factures d’énergie restent difficiles à lire pour 25% de ceux qui les regardent. Un quart des foyers pense à tort que changer de fournisseur a un coût et un quart également ignore si leur contrat de fourniture d’électricité est au tarif réglementé ou en offre de marché.
Une augmentation des litiges avec les fournisseurs d’énergie
Probable conséquence de l’augmentation des prix de l’énergie, le taux de litiges avec les fournisseurs a augmenté en 2023 : 12% des consommateurs déclarent avoir rencontré un litige ou effectué une réclamation auprès de leur fournisseur d’énergie en 2023(ils étaient 11% en 2022 et 8% en 2020).
Deux publications du Commissariat général au développement durable sont venues faire le point au mois d’août 2023 sur la hausse des prix du gaz et de l’électricité pour les ménages français entre 2021 et 2022.
Prix du gaz : + 25%
En 2022, dans un contexte d’augmentation des prix du gaz sur les marchés de gros, le prix moyen TTC du gaz naturel facturé aux ménages français s’élève à 9,6 cts€ pour 1 kilowatt-heure de gaz consommé, soit une augmentation de 25% par rapport à 2021. La répercussion de cette hausse sur les prix payés par les ménages a toutefois été limitée par le bouclier tarifaire mis en place en fin d’année 2021.
Dans un contexte de hausse de 40 % du prix moyen du gaz pour les ménages européens, le prix payé par les ménages français est, pour la première fois depuis dix ans, inférieur à la moyenne européenne.
Prix de l’électricité : +7%
En 2022, le prix moyen toutes taxes comprises (TTC) de l’électricité sur le marché résidentiel en France est de 20,7 cts€ par kWh électrique consommé, soit une augmentation de 7 % par rapport à 2021. Cette hausse est supérieure à celles de 2020 et 2021 (+ 2 %) et à l’évolution des prix à la consommation (+ 5,2 %). Là aussi le bouclier tarifaire est venu contenir l’impact de cette hausse sur le budget des ménages.
Avec la hausse de 14 % du prix moyen TTC de l’électricité pour les ménages européens, les ménages français paient l’électricité 22 % moins cher que la moyenne européenne, un écart supérieur à 2021 (17 %).
>> Consulter les deux publications
Prix du gaz naturel en France et dans l’Union européenne en 2022
Commissariat général au développement durable/SDES, Août 2023
Prix de l’électricité en France et dans l’Union européenne en 2022
Commissariat général au développement durable/SDES, Août 2023
Qui sont les propriétaires-bailleurs du parc privé et comment appréhendent-ils le renforcement des exigences de performance énergétique ? C’est à ces questions que tente de répondre l’étude « Les propriétaires bailleurs, la rénovation énergétique et le diagnostic de performance énergétique » réalisée par le CIRED (Centre International de Recherche sur l’Environnement et le Développement) dans le cadre du projet de recherche PREMOCLASSE.
Le CIRED a réalisé, en 2021-2022, une étude qualitative sur la manière dont les bailleurs privés, en France, abordent l’enjeu de rénovation énergétique, dans un contexte émergent de renforcement des exigences de rénovation énergétique, en lien avec une refonte du Diagnostic de Performance Energétique (DPE) : renforcement de sa méthode de calcul, opposabilité, pierre angulaire de l’intégration d’un seuil de performance énergétique à respecter pour qu’un logement soit considéré comme décent.
Loin de l’image uniforme du bailleur individuel, plusieurs profils existent
Sur la base d’une quarantaine d’entretiens, l’étude permet de distinguer 10 profils de bailleurs au parc et au modèle économique différents :
Des approches de l’activité locative différentes
Les 10 profils dressés par l’étude attestent d’une diversité de pratiques locatives, de ressources financières et techniques disponibles et dans l’approche du DPE et du renforcement des exigences de rénovation énergétique. Concernant cette dernière, ses effets seraient très différenciés selon les profils de bailleurs et, indirectement, pour les locataires puisque trois groupes se distinguent :
Ceux dont le DPE est à même d’infléchir les pratiques de rénovation (la moitié des profils) : professionnel de l’immobilier, salarié visant l’indépendance économique, héritier patrimonial actif, bailleur patrimonial et retraité de l’immobilier ;
Ceux dont le DPE pose une incertitude sur le devenir des biens : investisseur populaire, bailleur circonstanciel à bas revenu, professionnel du bâtiment – pour lesquels les régimes d’aide seront décisifs pour les engager vers la rénovation énergétique de leurs biens ;
Et ceux dont le DPE signe une sortie des bailleurs du marché locatif et une mutation des biens : conservateurs et déçus de l’immobilier.
Vers une reconfiguration du marché locatif privé
Le renforcement des exigences de rénovation devrait venir reconfigurer le paysage du marché locatif privé dans le mesure où il représente une opportunité d’enrichissement pour certains (les propriétaires professionnels de l’immobilier par exemple dont le modèle économique repose sur les « bonnes affaires » à rénover, qui seront alors plus abondantes sur le marché) ou d’appauvrissement pour les autres dont le modèle économique s’avère moins adapté au contexte (attachement patrimonial, complément de revenu actuel). « Les capacités d’enrichissement via le marché locatif privé peuvent donc se trouver fortement redistribuées par le DPE et les exigences qui lui sont liées. »
Au-delà de la remise en cause de certains des profils de bailleur, cette reconfiguration peut également avoir des répercussions pour les locataires précaires.« Parmi les profils qui ciblent des locataires à bas revenus […] seuls deux profils semblent pouvoir pérenniser une offre à faible loyer, avec des ressorts différents. Le propriétaire professionnel de l’immobilier peut potentiellement se porter acquéreur des biens énergivores localisés dans des zones détendues » (où il est plus difficile d’absorber les où les coûts des rénovations énergétiques puisque les prix de l’immobilier peuvent être faibles en regard des coûts de rénovation) et « Le bailleur patrimonial, du fait de l’attention continue portée à ses biens et de sa visée de long terme justifiant les investissements de rénovation énergétique. »
L’étude relève en fin le risque pour certains bailleurs de ne pas se conformer aux nouvelles exigences si des aides ne viennent pas les soutenir dans la mise aux normes de leur logement ou si ils font le choix de passer à d’autres modes locatifs (location non déclaré ou saisonnière). « Cette issue peut évincer des locataires précaires du marché locatif sans répondre à l’enjeu de rénovation énergétique, puisqu’il s’agit alors de laisser le bien en l’état. »
>> Consulter la note de synthèse :
Robert, C ; Nadaï, A.Les propriétaires bailleurs, la rénovation énergétique et le Diagnostic de Performance Énergétique, Enseignements-clés du projet PREMOCLASSE, Juillet 2023.
Selon une étude publiée par l’INSEE au mois de juillet, 14 % de la population de France métropolitaine était en situation de privation matérielle et sociale début 2022.
Cet indicateur repère les personnes ne pouvant pas couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante sur treize considérés comme souhaitables, voire nécessaires pour avoir un niveau de vie acceptable (comme pouvoir chauffer son logement à la bonne température, s’acheter des vêtements neufs, accéder à Internet ou se réunir avec des amis autour d’un verre ou d’un repas au moins une fois par mois).
L’inflation ayant affaibli le pouvoir d’achat des ménages, la proportion de personnes en situation de privation matérielle et sociale a atteint son plus haut niveau depuis 2013, la première année où elle a été mesurée.
1 personne sur 10 n’a pas les moyens de se chauffer correctement
Parmi l’ensemble des difficultés déclarées, celle liée au chauffage du logement est en forte augmentation : début 2022, 10 % des personnes vivent dans un ménage qui n’a pas les moyens financiers de chauffer correctement son logement, contre 5 à 7 % entre 2014 et 2021. L’aggravation de la difficulté à se chauffer est à corréler avec la hausse des prix de l’énergie de l’hiver 2021-2022, en particulier celle du fioul.
Des disparités entre les territoires ruraux et urbains
Les habitants des zones rurales ressentent davantage la hausse des prix de l’énergie, leurs dépenses en chauffage et carburants étant plus élevées. Début 2022, la fréquence des situations de privation matérielle et sociale augmente nettement par rapport à 2020 dans les communes rurales, et dans une moindre mesure dans les communes urbaines de densité intermédiaire. À l’inverse, depuis 2020, elle recule dans les grands centres urbains. Les territoires ruraux restent cependant les territoires abritant la plus faible proportion de personnes en situation de privation matérielle et sociale en 2022 (11 % contre 15 à 16 % dans les territoires urbains).
Les privations plus importantes chez les familles monoparentales et les familles nombreuses
Le risque de privation matérielle et sociale est fortement lié au niveau de vie, à la catégorie socioprofessionnelle, au niveau de diplôme, à l’âge et au type de ménage. Les familles monoparentales, et dans une moindre mesure les familles nombreuses, sont particulièrement exposées : début 2022, 3 personnes sur 10 vivant dans des familles monoparentales étaient en situation de privation matérielle et sociale, et 2 personnes sur 10 au sein des couples avec trois enfants ou plus. Le taux de privation augmente nettement pour ces types de ménage depuis deux ans.
Privation et sentiment d’exclusion
Les personnes en situation de privation font état d’un mal-être beaucoup plus présent que dans le reste de la population, et l’isolement relationnel est vécu plus fortement. Cet isolement se traduit par un sentiment de solitude plus fréquent, et parfois par l’absence de soutien : 25 % des adultes en situation de privation matérielle et sociale déclarent ne pas avoir de famille, d’amis ou de voisins à qui ils peuvent demander de l’aide morale, matérielle ou financière, contre seulement 7 % des adultes n’étant pas dans cette situation. À côté de cet isolement relationnel, les conditions de vie difficiles s’accompagnent aussi plus fréquemment d’un sentiment d’exclusion : 27 % des adultes en situation de privation se sentent exclus de la société, contre 7 % des adultes qui ne le sont pas.
Une tendance confirmée par les associations qui œuvrent sur le terrain
A l’heure où le Gouvernement présente son nouveau plan de lutte contre la pauvreté, plusieurs associations caritatives viennent abonder le constat de l’Insee et tirent la sonnette d’alarme sur l’aggravation de la pauvreté en France. C’est le cas notamment du Secours populaire qui indique dans son dernier baromètre annuel que 18 % des Français (+3 points) vivent à découvert ou encore que 45% (+4 points) d’entre eux ont des difficulté pour payer leurs dépenses d’énergies. Les Restos du cœur déplorent également une hausse des nouveaux inscrits à l’aide alimentaire : en 2023, près de 1,3 million de personnes ont bénéficié des repas distribués par l’association contre 1,1 million en 2022. La Fondation Abbé Pierre estime quant à elle, dans son 28e rapport annuel, publié début février, à 4,15 millions le nombre de personnes mal ou non logées en 2022.
Les logements du parc locatif privé sont directement concernés par l’exigence minimale deperformance énergétique dans la définition du logement décent, dont les seuils entreront en vigueur ces prochaines années en vue d’inciter à la rénovation des passoires énergétiques par les propriétaires bailleurs (lire notre article pour en savoir plus). Cette publication de l’Observatoire national de la rénovation énergétique vise ici à décrire les principales caractéristiques du parc locatif privé, en mettant particulièrement l’accent sur les logements les plus énergivores.
Après avoir identifié les principales spécificités de ce parc par rapport à l’ensemble des résidences principales, l’étude décrit les logements locatifs privés par classes de performance énergétique selon les caractéristiques du logement, sa localisation ainsi que les caractéristiques des ménages occupants et des propriétaires bailleurs.
Le parc locatif privé a une structure différente du parc de l’ensemble des résidences principales. Constitué pour près de 70 % d’appartements (contre 45 % dans l’ensemble des résidences principales), il est plus ancien, avec davantage de petits logements et de logements chauffés à l’électricité. Ces différences de caractéristiques permettent d’expliquer, à elles seules, la présence plus forte des passoires dans le parc locatif privé. Le taux de passoires énergétiques (étiquettes F et G du DPE) dans le parc locatif privé s’établit à 19,8 %, contre 17,3 % dans l’ensemble des résidences principales, en lien notamment avec l’ancienneté et la plus petite surface des logements alors même que la part de maisons individuelles, en moyenne moins performantes énergétiquement que les appartements, y est plus faible.
Les passoires énergétiques représentent ainsi 1,6 million de logements sur les 8 millions de logements qui composent le parc locatif privé. Les logements classés E (1,9 million de logements) y sont également légèrement sur-représentés : 23,3 % du parc locatif privé, contre 22 % dans l’ensemble des résidences principales. Moins de 10 % des passoires énergétiques du parc locatif privé, soit 140 000 de logements, sont très énergivores (G+), avec une consommation d’énergie finale supérieure à 450 KWh/m²/an.
Les grandes caractéristiques des passoires énergétiques du parc locatif privé :
Les passoires du parc locatif privé sont pour l’essentiel des logements construits avant 1974 (91 %).
Leslogements de moins de 30 m2 représentent 24 % des passoires (contre 14 % du parc).
Le taux de passoires est plus élevé dans les maisons individuelles (23 %) que dans les logements des immeubles en monopropriétés (20 %) et dans les appartements de copropriétés (17 %).
Parmi les copropriétés (39 % des passoires), celles de moins de 20 logements comprennent davantage de passoires (23 % contre 14 % pour celles de plus de 80 logements).
D’un point de vue géographique, les passoires sont à 68 % situées dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants, en lien avec leur part dans le parc locatif privé (70 %). Parmi celles-ci, l’agglomération parisienne concentre à elle seule 30 % des passoires alors qu’elle ne constitue que 19 % du parc. Les autres agglomérations de plus de 100 000 habitants ont a contrario un taux de passoires en deçà de la moyenne des logements.
La moitié du parc locatif privé est occupé par des personnes seules.
Le parc locatif privé est possédé par des propriétaires plutôt âgés : 60 % des propriétaires bailleurs ont entre 50 à 80 ans et 14 % ont plus de 80 ans. Le taux de passoires énergétiques est plus élevé parmi les propriétaires les plus âgés et notamment parmi les plus de 80 ans (25 % des logements mis en location par cette classe d’âge).
Un peu plus de la moitié (56 %) du parc locatif privé est possédé par des ménages appartenant aux deux derniers déciles des revenus (20% des Français aux revenus les plus élevés). Si un lien entre taux de passoires et revenus existe, il reste faible.
>> Télécharger la publication :
Rapport complet
Les chiffres clés en infographie
Les passoires énergétiques du parc locatif privé au 1er janvier 2022
Dans son rapport annuel 2022, le Médiateur de l’énergie constate une forte augmentation des litiges liés aux pratiques tarifairesdes certains fournisseurs d’énergie.
Une hausse des litiges liés aux pratiques tarifaires
Si le nombre de litiges entre consommateurs et fournisseurs d’énergie enregistrés en 2022 par le Médiateur national de l’énergie est resté stable, ceux liés aux prix facturés et à leur évolution ont doublé par rapport à 2021 (de 8 à 16%).
« La crise a fait apparaître de nouveaux types de litiges, portant principalement sur les prix et leurs modalités d’évolution. »
Olivier CHALLAN BELVAL, Médiateur national de l’énergie
Il dresse notamment un « top 4 » des mauvaises pratiques tarifaires observées en 2022 :
Des prix non connus au moment où l’énergie était consommée (offres au tarif indexé sur le prix du marché qui n’est connu qu’en fin de mois) ;
Des contrats ne permettant pas de bénéficier du bouclier tarifaire ;
Des modifications de contrats en cours, sans donner une information loyale et transparente ;
De fortes hausses de prix intervenant peu après la souscription d’offres à des prix particulièrement attractifs.
Le médiateur national de l’énergie attribue notamment en 2022 un « carton rouge » aux fournisseurs Ohm Energie, Gaz de Bordeaux, Mint Energie, Méga Energie et Wekiwi au vu de leurs pratiques.
De nouvelles propositions pour mieux protéger les consommateurs
Face à ce constat, le Médiateur formule cette année de nouvelles propositions et notamment de renforcer la protection des consommateurs en cas de modification en cours de contrat, par exemple en plafonnant les prix en cas d’augmentation ou en interdisant expressément les offres dont le prix n’est pas connu au moment de la consommation.
Ces propositions s’ajoutent à celles déjà formulées précédemment, non-encore mises en œuvre et qui sont rappelées dans le rapport d’activité 2022. En matière de lutte contre la précarité énergétique, le Médiateur propose notamment :
Que le fonds de solidarité pour le logement (FSL) soit versé directement par l’Etat aux départements ;
Qu’un droit à une alimentation minimale en électricité soit instauré ;
Que le délai de paiement d’une facture d’énergie après son émission soit porté à 3 semaines ;
Que l’application de la trêve hivernale soit étendue au gaz propane ;
Qu’un fournisseur d’électricité de dernier recours soit créé.
En attendant d’exploiter l’ENL 2020, l’ONPE publie l’analyse comparative des résultats de l’exploitation des Enquêtes Nationales Logement 2006 et 2013 qui vise à approfondir la connaissance des caractéristiques socio-économiques des ménages en situation de précarité énergétique et de leurs logements.
Par ailleurs, l’étude met en évidence la « profondeur » de la précarité énergétique en 2013, à savoir l’ampleur de la réduction de dépenses qu’il faudrait atteindre pour sortir les ménages de cette situation. Pour les 3,8 millions de ménages concernés par l’indicateur économique (TEE 3D 8%*), il serait nécessaire de diminuer leurs dépenses énergétiques de 2,9 milliards d’euros, soit une économie moyenne de 759 euros par an et par ménage.
>>Consulter l’analyse sur le site de l’ONPE ou ci-dessous :
Analyses rétrospectives de la précarité énergétique à partir de l’exploitation des Enquêtes Nationales Logement de 2006 et de 2013 & Analyse de la « profondeur » de la précarité énergétique
Alors que le réchauffement climatique actuel fait vivre sous des températures étouffantes, autrefois exceptionnelles, la grande majorité des logements s’avèrent ne pas être adaptés à de telles chaleurs. Des milliers de personnes souffrent durement du chaud dans leur logement. Au travers de son étude « La précarité énergétique d’été : une nouvelle forme de mal-logement », la Fondation Abbé Pierre alerte sur le phénomène, appelle à renforcer le cadre législatif et réglementaire et propose des solutions pour lutter contre les « bouilloires énergétiques ».
« En été, les passoires énergétiques se transforment en véritables bouilloires. Or, la précarité énergétique est encore largement associée au ressenti du froid dans son logement, et trop peu à l’inhabitabilité liée aux pics de chaleur. En effet, la définition de la précarité énergétique inclut des indicateurs liés au taux d’effort énergétique et au ressenti du froid, mais ne tient pas compte pour le moment des difficultés à maintenir une température acceptable dans son logement pendant les périodes de chaleur. »
Si aucun chiffre ne permet d’estimer le nombre de personnes souffrant du chaud dans leur logement, l’étude « Précarité énergétique d’été : une nouvelle forme de mal-logement », publiée en juin dernier par la Fondation Abbé Pierre, compile plusieurs indicateurs liés au phénomène et notamment :
En 2022, 59 % des Françaises et des Français déclaraient avoir souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures. (+8 points par rapport à 2020). Si 9 personnes sur 10 l’expliquent par la canicule, 19 % d’entre elles mentionnent également une mauvaise isolation de leur logement et 9% une mauvaise ventilation ;
Les locataires sont plus nombreux que la moyenne à souffrir d’un excès de chaleur (63 % contre 59 % au global) ;
Parmi les plus concernés, les populations précaires urbaines, les jeunes, avec 54 % des 18-24 ans qui souffrent de la chaleur dans leur logement, mais aussi les personnes âgées, qui sont les plus vulnérables face aux canicules.
Un enjeu sanitaire, notamment pour les populations précaires urbaines
« Avec cette chaleur, c’est impossible de dormir, et très difficile de se concentrer, de travailler. »
Selon la réglementation environnementale (RE2020), on parle d’ « inconfort d’été » à partir du moment où la température du logement serait continûment à 30 °C le jour et 28 °C la nuit plus de 25 jours par an.
Exacerbé par la multiplication des vagues de chaleur (qui seront deux fois plus nombreuses d’ici 2050), l’inconfort d’été génère des conséquences sanitaires comme des troubles du sommeil, le développement ou aggravation de pathologies (cardiaques et rénales notamment), des problèmes de circulation sanguine, de perte d’autonomie chez les personnes âgées, de déshydratation, voire décès comme ce fut le cas lors de la récente canicule de 2022.
Mais les conséquences de cette situation sont également économiques (hausse des factures d’eau et d’énergie liée aux pratiques de refroidissement à l’aide de douches ou de climatiseurs mobiles), environnementales du fait du recours à la climatisation (en 2020, la climatisation a été responsable de près de 5 % des émissions de gaz à effet de serre produites par le secteur du bâtiment) qui s’avère par ailleurs contre-productive puisqu’elle rejette de l’air chaud et vient ainsi contribuer à la hausse de la température extérieure au logement, mais également en termes d’inégalités sociales puisque les ménages modestes sont condamnés à aggraver leur situation économique en acquérant des appareils moins performants mais moins coûteux à l’achat.
D’après l’étude, cet inconfort d’été est plus prégnant dans les grandes agglomérations avec l’apparition d’ilots de chaleur urbains (ICU), endroits où les températures sont particulièrement élevées de jour comme de nuit, du fait du béton qui stocke la chaleur pendant la journée et la rediffuse pendant la nuit, du manque de végétation et de sources d’eau et de l’excès de minéralisation qui limitent le refroidissement nocturne de l’air. L’intensité de l’activité urbaine et de la circulation automobile participent également à ces ilots.
Par définition, ces ilots apparaissant davantage dans les zones urbaines peu végétalisés et sont donc plus courants dans les quartiers populaires où résident des ménages modestes occupant le plus souvent des passoires thermiques. Si celles-ci sont impossibles (ou très coûteuse) à chauffer en hiver, elles se transforment en bouilloire énergétique impossibles à refroidir en été du fait de l’isolation peu performante mais aussi d’une mauvaise exposition, de l’absence de protections solaires ou encore de simples volets.
L’étude rappelle à ce titre que les vagues de chaleur tuent d’abord les populations précaires urbaines, du fait de leurs conditions de vie et de logement.
Un cadre légal et réglementaire insuffisant
L’étude relève plusieurs insuffisances qui freinent la prise en compte du confort d’été notamment dans la rénovation des logements existants :
La non prise en compte du confort d’été dans la méthode de calcul du DPE (seules quelques données sont fournies à titre informatif : isolation de la toiture ou de la couverture, présence de protections solaires, etc.) ;
Les aides à la rénovation continuent d’exclure certains équipements liés à l’atteinte du confort d’été (comme les protections solaires, brasseurs d’air ou revêtements réfléchissants par exemple), contrairement à d’autres pays européens ou en Outre-mer, ou favorise des matériaux à faible inertie contre-productifs en période estivale (comme les laines minérales et le polystyrène) ;
Certains gestes améliorant le confort d’été se heurtent aux normes de préservation du patrimoine, la réglementation urbaine locale ou encore le règlement de certaines copropriétés qui peuvent freiner ou interdire l’installation de volets, l’application de certains revêtements réfléchissants, la plantation d’arbres etc…
Des solutions pour réguler la température intérieure et extérieure
Avec des retours d’expérience à l’appui, l’étude avance un certain nombre de solutions techniques, souvent low tech, visant à réguler la température intérieure des logements lors d’une rénovation :
Protéger le logement contre les apports de chaleur excessifs :
Augmenter l’inertie du bâtiment (sa capacité à conserver sa température de façon passive vis-à-vis d’une sollicitation thermique) en isolant le toit, la couverture et les murs grâce à des matériaux à fort déphasage thermique (limitant les déperditions en hiver et atténuant les apports de chaleur en été), par l’extérieur idéalement ;
Installer des protections solaires pour protéger les fenêtres des rayonnements trop directs qui pourraient réchauffer le logement de façon excessive : pare-soleils horizontaux ou verticaux intégrés à l’architecture du bâtiment, brise-soleils orientables et réfléchissants, auvents, occultants extérieurs (volets et stores), balcons suffisamment profonds, etc. qui permetteraient de réduire la température intérieure de 2 à 5 °C ;
Isoler les toitures afin de limiter leur échauffement, voire faire obstacle aux rayonnements solaires en installant des panneaux solaires ;
Privilégier les couleurs claires pour les revêtements extérieur : les bâtiments blancs permettent une meilleure réflexion à la lumière et donc de limiter la surchauffe estivale à l’intérieur du bâtiment (jusqu’à 6-7 °C pendant les canicules) tout en réduisant la consommation électrique liée à la climatisation de 20 à 50 % ;
Rafraîchir le logement :
Favoriser la ventilation naturelle (ouverture des fenêtres pendant la nuit notamment), et assurer la ventilation des combles et de la couverture ;
Installer des ventilateurs / brasseurs d’airs fixes à utiliser ponctuellement, moins chers à l’achat et moins énergivores que la climatisation, tout en permettant dans certains cas d’abaisser la température ressentie de 4 degrés ;
Revoir l’agencement du bâti lorsque c’est possible, afin defavoriser les logements traversants.
Des remèdes existent également en matière d’aménagement des espaces extérieurs afin de limiter la hausse de la température hors des logements :
Végétaliser les bâtiments, les cours intérieures et leurs abords afin de favoriser le refroidissement de l’air ;
Planter des arbres de hautes tiges aux abords des bâtiments permettant la projection de zones ombragées sur les façades et la maitrise des apports solaires dans les logements des étages bas ;
Renforcer la présence d’eau en ville et à l’échelle de l’ilot, par l’installation de fontaines, de noues, de bassins ou de brumisateurs mettant à profit les eaux fluviales ;
Débitumer au profit de matériaux moins chauds, réfléchissants et perméables (pour permettre à l’eau de s’évaporer progressivement en créant de la fraicheur) ;
Diminuer le trafic routier.
Les recommandations de la Fondation Abbé Pierre
En écho aux insuffisances et solutions techniques proposées précédemment, la Fondation Abbé Pierre émet dans une dernière partie 19 préconisations regroupées en 5 thématiques :
Systématiser la prise en compte de l’habitabilité thermique en été dans les projets de rénovation énergétique, et faire évoluer le système d’aides à la rénovation pour inclure les équipements et aménagements nécessaires pour y parvenir : subventionner l’installation de protections solaires fixes, d’occultants ou de brasseurs d’air par Ma Prime Rénov’ ou Ma Prime Rénov’ Sérénité, financer davantage l’isolation thermique utilisant des matériaux présentant un bon déphasage thermique ou encore inclure le confort d’été à la formation initiale des conseillers France Rénov, etc.
Faciliter la réalisation des travaux : faire évoluer les règles d’urbanisme et des copropriétés pour faciliter les modifications du bâti ayant pour but d’améliorer le confort d’été, faire évoluer le DPE pour que le confort d’été soit une évaluation obligatoire qui influe sur l’étiquette du logement, etc.
Repenser les villes pour lutter contre les îlots de chaleur : intégrer des critères d’adaptation dans les programmes urbains (NPNRU, Action coeur de ville…), soutenir le financement de programmes de végétalisation et de désimperméabilisation, introduire des normes pour lutter contre la massification de la climatisation, etc.
Protéger les locataires victimes de surchauffe dans leur logement : obliger les bailleurs à installer des protections solaires, où des volets a minima, inclure la notion du confort d’été dans les caractéristiques de la décence, en introduisant un seuil maximal de température ;
Aider les ménages à faire face aux surcoûts liés au refroidissement, par le biais d’aides au paiement des factures : tripler le chèque énergie pour atteindre 450 € en moyenne (contre 150€ aujourd’hui) et doubler le forfait des APL dédié au paiement des charges du foyer.
>> Télécharger l’étude :
Précarité énergétique d’été : une nouvelle forme de mal-logement
Sociologue chercheuse, Coralie Robert travaille depuis plusieurs années avec les sciences humaines et sociales autour des questions de transitions et de précarités énergétiques.
> Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a conduit à intervenir sur la précarité énergétique ?
Après des études de sociologie, je me suis orientée vers un master d’urbanisme opérationnel à Bordeaux pour avoir une approche plus tournée vers le terrain. Je suis ensuite devenue conseillère mobilité au sein de Wimoow, une association qui intervient pour lever les freins financiers ou encore psycho-sociaux à la mobilité des personnes en insertion sociale et professionnelle. J’ai ensuite réalisé une thèse financée par l’Ademe sur les injonctions, en matière de sobriété énergétique dans le logement, adressées aux publics fragiles et sur les stratégies que ces derniers développent[1]. J’ai donc en premier lieu abordé le sujet de la précarité énergétique sous l’angle du rapport à l’énergie des personnes précaires, puis, dans le cadre d’un post-doctorat, celui de la rénovation énergétique des logements détenus par des propriétaires bailleurs, donc plutôt dans le parc locatif privé.
Depuis septembre 2022 je travaille en tant que chercheuse au sein d’Eco Co2, une entreprise qui mène des programmes d’accompagnement des citoyens et des organisations (entreprises et collectivités) sur les économies d’énergie et la mobilité durable. J’interviens notamment sur des projets de recherches visant à identifier les biais, les freins et les leviers au changement de comportement, à comprendre quels types de messages apporter et comment accompagner le public à maitriser l’énergie.
>Dans quel contexte s’inscrivent vos travaux sur les injonctions aux économies d’énergie auprès des plus précaires ? Qu’est-ce qui vous a amené à appréhender ces questions ?
Initialement, les formations et les accompagnements que je menais en tant que conseillère mobilité m’ont amené à me questionner sur ma propre posture : est-ce que je ne suis pas en train de diffuser des messages injonctifs à des publics qui ont des marges de manœuvre déjà limitées ? J’ai donc essayé de comprendre, au travers de mes travaux, le paradoxe maintenant bien connu dans le domaine de la précarité énergétique : communiquer auprès des plus précaires qui ne sont pas les plus consommateurs d’énergie alors même qu’il n’y a pas de communication institutionnelle ou très peu d’actions qui sont menées auprès des plus gros consommateurs, que ce soit les particuliers les plus aisés ou les entreprises énergivores et polluantes. Le postulat de départ était donc de décrypter pourquoi on allait encore et toujours vers ces publics les plus « captifs », ce qui est d’ailleurs une des réponses à la question. Avec, dans le même temps, les arguments du « double éco », cette espèce de jeu autour de l’écologique et de l’économique. On parle d’éco-appartement, d’éco-gestes… L’idée était de questionner la justification de ces injonctions, en plus de voir comment les messages étaient reçus par les personnes et comment ils s’en sont saisis.
A partir de là j’ai réalisé une enquête de terrain de 2016 à 2018. J’ai observé des ateliers collectifs menés dans l’Eco-appart’ de Nantes[2] et mené des entretiens directs avec les participants. J’ai également travaillé en terrain « neutre » où il n’y avait pas d’actions à ce moment-là en réalisant du porte-à-porte dans le quartier des Quatre routes à la Courneuve.
> Que vous ont appris ces observations ?
J’ai d’abord essayé de revenir sur la construction historique de cette figure du ménage précaire par rapport à l’énergie et à sa gestion du budget. Il y a une construction de l’image du plus précaire comme quelqu’un ayant besoin d’être accompagné, qui est en attente d’information. Dans cette logique, si on lui donne l’information, on considère qu’il va mettre en place les bonnes pratiques et qu’il va régler ses problèmes. Or ce n’est pas si simple et cela vaut pour d’autres sujets promouvant le changement de comportement, comme l’arrêt du tabac par exemple.
J’ai aussi essayé de décrypter les stratégies développées par les personnes pour faire face à la fois à la précarité énergétique (sensation de froid, inconfort, peur des factures) mais aussi aux injonctions des bonnes pratiques qui leur étaient adressées. Ils peuvent tirer profit de ces injonctions pour se revaloriser socialement, s’identifier au discours écologique. Je pense notamment à des entretiens où certains pouvaient dire « en fait moi tout ça je le fait déjà ! ».
Les personnes peuvent également prendre de la distance, se méfier de celui qui émet le discours ou critiquer les messages diffusés. Par exemple, ils peuvent considérer qu’une intervention d’EDF est une action commerciale, critiquer l’injonction de chauffer à 19°C alors qu’il fait 23°C dans le local associatif ou encore le fait qu’un data center est en train d’être construit à côté de chez eux et qu’on leur dise de faire attention à leur consommation d’énergie… Toutes ces contradictions peuvent être mises en avant pour justifier le fait que tous les éco-gestes ne peuvent pas forcément être mis en place, à la fois dans les habitudes du quotidien et budgétairement (acheter un équipement neuf avec une bonne étiquette énergie par exemple). Il faut d’ailleurs pouvoir dépasser l’approche basée uniquement sur la ressource financière, et montrer qu’il y a aussi d’autres ressources matérielles, sociales, physiques, etc. à mobiliser et qui ne sont pas toujours toutes disponibles, surtout pour les plus précaires. Typiquement, se chauffer au bois est quand même plus facile si on est valide, de même que réaliser des démarches en ligne, majoritaires aujourd’hui, est plus facile si on a internet, un ordinateur et des connaissances dans le domaine.
L’étude a pu montrer aussi comment les personnes peuvent elles-mêmes être leaders, retranscrire les éco-gestes auprès de groupes de pairs, de personnes dans la même situation qu’elles, et comment elles peuvent se distinguer, se valoriser, et rediffuser de nouvelles normes de consommation.
> Comment les acteurs de terrain, porteurs de dispositifs de sensibilisation, peuvent-ils se saisir de vos observations pour assurer leur bonne réception par le public ?
La posture du chercheur est toujours difficile, dans un entre-deux où les acteurs de terrain demandent des éléments très concrets pour communiquer alors même que la thèse va avoir une approche critique sur le fait de développer des argumentaires sur les éco-gestes. Cette étude est un outil de réflexion ou d’aide à la décision qui permet d’identifier les points d’attention ou ce qui peut poser problème.
Pour prendre le cas de l’Eco-appart’ de Nantes, les acteurs qui interviennent dans ce lieu ont fait évoluer leur réflexion sur le sujet et questionnent leur posture auprès des ménages. Par exemple, ils adoptent une approche plus collective que le changement individuel des habitudes et l’axent sur le recours aux droits, en abordant la question du démarchage abusif par exemple, ou en organisant des ateliers sur « les petits travaux pour 50 euros » où il s’agit de donner des conseils pratico-pratiques pour améliorer son quotidien.
> Vous avez également travaillé plus récemment sur la rénovation énergétique du parc locatif privé, pouvez-vous nous en dire plus ?
Effectivement une étude est en cours dans le cadre d’un projet financé par l’Agence nationale de la recherche avec plusieurs partenaires et notamment EDF R&D, l’Ecole des Ponts et l’Ecole des Mines. L’objectif est notamment de mesurer l’impact des travaux ou de bouquets de travaux sur le diagnostic de performance énergétique (DPE), dont un axe porte sur la rénovation énergétique dans le parc locatif privé. L’idée consiste à essayer de comprendre ce qui motive ou freine les propriétaires bailleurs à réaliser des travaux de rénovation énergétique. Et le cas échéant, quels types de travaux, de quelle ampleur et quel gain en terme d’étiquette énergie. Le souhait est aussi de questionner leur rapport avec le DPE dans un contexte de réglementation plus contraignante qui s’impose aux bailleurs aujourd’hui sur l’interdiction de location ou d’augmentation des loyers des passoires énergétiques.
Dans ce cadre, une enquête a été réalisées auprès de 45 bailleurs privés en France métropolitaine début 2022, donc en amont de la mise en application des mesures de la loi Climat et résilience, afin de mesurer leur inquiétude à l’approche des nouvelles contraintes et si elles avaient permis d’engager ou non des travaux. L’étude n’est pas encore tout à fait terminée et des résultats devraient être diffusés d’ici 2024.
C’est comme les « précaires énergétiques », c’est une expression très générale alors qu’il y a derrière beaucoup de situations très complexes et très différentes. Il n’y a pas une image uniforme du bailleur : c’est par exemple l’artisan qui a acheté un bien locatif pour compléter sa retraite, ce qui n’est pas le modèle majoritaire, en tout cas pas le modèle unique. Il y a aujourd’hui aussi beaucoup de bailleurs qui sont très professionnalisés avec tout un mouvement récent de recherche d’autonomie financière : des personnes de 40-50 ans avec de très hauts revenus qui cherchent rapidement à se constituer un patrimoine pour se détacher du salariat. L’étude a justement essayé de définir une typologie de profils de bailleur afin d’identifier, selon le profil, les préoccupations, les stratégies de gestion des biens et les choix de typologie de bien.
> Comment ces bailleurs appréhendent-ils la nouvelle réglementation sur la location des logements F et G ?
Certains profils vont être plus volontaires pour engager des travaux, parfois très ambitieux sur le plan énergétique, et d’autres non. Certains vont coupler la volonté d’avoir des logements de très bonne qualité à une approche sociale (ce qui n’est pas une majorité), et d’autres expriment que si ils engagent des travaux de plusieurs dizaines de milliers d’euros, effectivement ils revaloriseront le loyer, ce qui pose aussi question sur le devenir des locataires, en lien avec le devenir des biens et des bailleurs.
Les bailleurs qui n’ont pas les reins assez solides financièrement pour engager des travaux sortiront peut-être de la filière : ils abandonneront l’activité de location au profit de bailleurs qui ont des capacités d’endettement ou un budget plus conséquent, qui sont plus professionnalisés et qui vont acquérir de plus en plus de biens. Certains recherchent même volontairement des biens de faible qualité énergétique pour justement faire des travaux. Il y a un vrai jeu de reconfiguration du marché locatif privé qui peut avoir des enjeux et des répercussions importantes aussi pour les ménages précaires.
Au-delà de la nouvelle réglementation, l’étude a essayé de comprendre la complexité que sous-tend la rénovation énergétique dans le parc locatif privé, puisqu’il ne suffit pas simplement de dire aux bailleurs de rénover pour qu’ils le fassent.
> Quels mécanismes sont à l’œuvre dans le passage à l’action des propriétaires bailleurs en matière de rénovation énergétique ?
Les résultats de l’étude ne sont pas encore stabilisés dans l’analyse mais on peut déjà émettre quelques éléments, différents selon les profils de bailleur.
Si le propriétaire est dans une logique patrimoniale avec une volonté de garder des biens en bon état et facilement transmissible à ses descendants, il pourra être sensible au fait que des travaux viendront valoriser son bien. Pour ceux qui ont peu de ressources propres ou de capacité d’endettement supplémentaire pour lancer des travaux, les enjeux seront plutôt liés aux aides financières.
Il est intéressant de regarder aussi l’impact du contexte géographique. Par exemple en zone rurale où des biens peuvent coûter moins de 5 000€ à l’achat, l’enjeu n’est pas du tout le même de penser 45 000€ de travaux pour ce bien que pour un autre acheté 300 000€ dans une métropole. Il y a un enjeu d’équilibre financier avec un vrai problème de financement de la rénovation : il est en effet plus facile d’emprunter 50 000€ pour faire effet de levier et acheter un bien locatif, qu’emprunter 50 000€ pour faire des travaux sur un logement dont vous êtes déjà propriétaire. Or les bailleurs n’ont pas tous en fonds propres de quoi réaliser une rénovation énergétique et ceux qui en ont largement les moyens peuvent préférer acheter d’autres biens et les faire fructifier. Il y a tout de même depuis cette année la possibilité de doubler le déficit foncier pour les bailleurs qui mènent des travaux de rénovation énergétique, c’est un outil qui leur fait beaucoup écho.
Certains bailleurs regrettent aussi que l’auto-rénovation ne soit pas suffisamment incitée financièrement, notamment les plus modestes qui réalisent beaucoup les travaux eux-mêmes ou ceux pour qui les contraintes liées à certaines aides financières (plafonnement des loyers par exemple) peuvent déséquilibrer l’opération financière.
Le Service des données et études statistiques (SDES) du Ministère de la Transition écologique publie chaque année les données sur la consommation d’énergie dans les logements. Elles permettent de caractériser la consommation du secteur résidentiel par usage (chauffage, eau chaude…).
Les données de consommations d’énergie du résidentiel en 2021 sont désormais disponibles, elles concernent :
La consommation énergétique du secteur résidentiel par usage, de 1990 à 2021 ;
L’énergie principale de chauffage du parc des résidences principales selon le type de logement, de 2016 à 2021 ;
Les données relatives aux résidences principales neuves selon l’énergie principale de chauffage et le type de logement, de 2017 à 2020 ;
Les données sur le parc des chauffages centraux de 1985 à 2009, pour les résidences principales uniquement.
Nous vous proposons ci-dessous une analyse de certaines de ces données pour 2021 (Attention ! les valeurs ci-dessous sont issues de données modélisées : les facteurs influant sur la consommation d’énergie des ménages sont multiples et varient d’une situation à l’autre – voir sur ce point la Piqûre du RAPPEL n°3, en page 3) :
La consommation moyenne des résidences principales est de 486 TWh (térawattheures), soit 16 300 kWh par logement.
L’énergie la plus utilisée dans les logements (tous usages confondus), est l’électricité (34%), suivie par le gaz naturel (31%), le bois (16%) puis le fioul domestique et la pompe à chaleur (8% chacun).
La répartition de chaque usage dans la consommation d’énergie des logements est la suivante : chauffage (69%), électricité spécifique (15%), eau chaude sanitaire (10%), cuisson (5%) et climatisation (0,4%).
L’énergie la plus utilisée pour le chauffage est le gaz naturel (38%), suivie notamment par le bois (23%), l’électricité (16%, part en hausse), les pompes à chaleur (11%) et le fioul domestique (10%).
Concernant la production d’eau chaude sanitaire, l’électricité est majoritaire (48%) suivie du gaz naturel (33%) ou encore du fioul domestique (10%).
Concernant la cuisson, l’électricité est majoritaire (48%), suivie du gaz naturel (37%) et du GPL (18%).
Selon un nouveau Théma du Commissariat général au développement durable (CGDD), la précarité énergétique est en hausse entre 2020 et 2021, elle atteint 11,9% (au sens du taux d’effort énergétique). En cause : un hiver moins rigoureux et surtout l’envolée des prix de l’énergie fin 2021. Cette hausse est néanmoins limitée par la hausse de revenus des ménages, la baisse des consommations d’énergie et les chèques énergie 2021. Au-delà de cette étude, d’autres indicateurs montrent une hausse du phénomène.
La précarité énergétique augmente en 2021
En 2021, avant prise en compte du chèque énergie, 11,9 % des ménages sont en situation de précarité énergétique (au sens de l’indicateur Taux d’effort énergétique), soit une hausse de 1,4 point (environ 440 000 ménages) par rapport à 2020.
Deux facteurs expliquent principalement cette hausse :
Des températures hivernales 2021 plus proches des normales saisonnières (moins élevées qu’en 2020), impliquant des besoins et donc des consommations de chauffage plus importantes par les ménages.
Plus impactant, une « perte de pouvoir d’achat énergétique » des ménages du fait de la flambée des prix de l’énergie amorcée fin 2021 liée à la hausse de la demande d’énergie (reprise économique mondiale en sortie de crise du Covid-19).
Progression des revenus, baisse de la consommation par logement et chèques énergie 2021
D’après l’étude, réalisée sur la base d’une modélisation, cette hausse de la précarité énergétique aurait pu être pire et a été limitée par trois facteurs :
La hausse estimée des revenus des ménages des trois premiers déciles en 2021. Ce sont ces 30% des ménages français les plus pauvres qui sont pris en compte pour calculer la part des ménages ayant un taux d’effort énergétique supérieur à 8%. La hausse de leurs revenus vient donc mécaniquement limiter le poids des dépenses énergétiques dans leur budget. L’augmentation des revenus est attribuée à la reprise de l’activité économique et aux mesures de soutien au pouvoir d’achat destinées à amortir les effets de la crise sanitaire (indemnité « activité partielle » et indemnité « inflation » pour les personnes gagnant moins de 2 000 €).
La baisse des consommations d’énergie par logement du fait du déconfinement (qui a permis de retrouver des comportements de consommations plus proches de ceux mesurés avant 2020) et d’un été 2021 plus frais limitant l’usage de la climatisation.
Le chèque énergie et le chèque énergie exceptionnel de décembre 2021. Venant renchérir le revenus des ménages qui en sont bénéficiaires, et donc réduire le poids de la facture énergétique dans leur budget, ces chèques ramèneraient la hausse de la précarité énergétique de 11,7 % à 9,2 %. Ces deux chèques énergie auraient permis à plus de 700 000 ménages « d’échapper » à la précarité énergétique, du moins provisoirement, avec une proportion plus forte chez les ménages les plus pauvres. Malgré ce soutien financier, plus d’1,9 millions de ménages demeurent en précarité énergétique.
Au-delà de l’étude : d’autres marqueurs de la hausse de la précarité énergétique
L’indicateur du taux d’effort se base sur la facture d’énergie pour mesurer la précarité énergétique et néglige ainsi les restrictions de chauffage que peuvent s’imposer les ménages pour des raisons financières. Or, selon le baromètre Énergie-Info du Médiateur national de l’énergie, 22 % des foyers interrogés déclarent avoir souffert du froid pendant au moins 24h dans leur logement à l’hiver 2022. Ils étaient 20 % en 2021 et 14 % en 2020. Autres signaux de la hausse du phénomène : 69 % des foyers interrogés déclarent avoir réduit le chauffage chez eux pour ne pas avoir de factures trop élevées (contre 60 % en 2021) et 27 % des foyers interrogés déclarent avoir rencontré des difficultés pour payer certaines factures d’énergie (contre 25 % en 2021).
En ce début 2023, certains membres du RAPPEL ont par ailleurs constatés sur le terrain un moindre recours des ménages aux demandes d’aide aux impayés, laissant présager une hausse de la privation comme moyen de faire face à la situation, et donc une difficulté croissante à repérer ces mêmes ménages.
Le Médiateur national de l’énergie a également fait état en début d’année de la hausse des interventions des fournisseurs d’énergie (coupures d’énergie, limitation de fourniture ou résiliation de contrats) suite aux impayés d’énergie : 863 000 ont été réaliséesen 2022, soit 10% de plus qu’en 2021. Et ce, malgré la mise en place du bouclier tarifaire et de chèques énergie complémentaires.
La chaire HOPE portée par la Fondation Grenoble INP a été inaugurée en septembre 2018. Elle a pour objet d’innover au service de la lutte contre la précarité énergétique en mobilisant les acteurs des mondes académiques, économiques et politiques.
Les travaux de la chaire sont de deux natures : un axe recherche et un axe applicatif.
Un axe recherche
Cet axe « recherche » a pour objectif d’approfondir la connaissance de la précarité énergétique à travers différentes thématiques :
Approfondir la connaissance des dispositifs et acteurs existants et contribuer à une compréhension collective de ce qui fonctionne ou non sur le terrain.
Élargir la connaissance sur la précarité énergétique en étudiant des domaines encore peu explorés comme le lien de causalité entre précarité énergétique et santé ou encore précarité énergétique et mobilité. Cela permet de promouvoir le décloisonnement par une approche systémique.
Stimuler l’innovation au sens large : technologique, organisationnelle, financière, juridique, comportementale, etc.
Un axe applicatif
Cet axe « applicatif » doit permettre à des acteurs d’imaginer de nouvelles modalités d’actions pour faire face au phénomène. Ce deuxième axe est exploré de différentes manières :
Par la mobilisation d’étudiants au travers de projets académiques qui aboutissent à la proposition d’outils et de méthodes à destination des professionnels de terrain
Par la participation à des évènements, à des initiatives ou à des projets partenaires en diffusant les résultats de recherche
Par le test et la co-construction d’outils avec des citoyens et des acteurs locaux
Par l’essaimage et la diffusion de bonnes pratiques auprès des acteurs locaux et nationaux
Découvrez le rapport d’activité des cinq années de mandat de la chaire HOPE
Rapport d’activité 2018-2023 – Chaire HOPE
Pour aller plus loin : les outils de la Chaire HOPE
Durant les cinq années de mandat de la chaire HOPE, différents outils ont été créés. Leur vocation est d’être diffusés au plus grand nombre parmi les professionnels et le grand public.
Tous les outils de la chaire HOPE sont disponibles ici.
Voici une sélection de trois outils traitant des problématiques de repérage, de la précarité énergétique étudiante et du lien entre le monde académique et les acteurs de la précarité énergétique :
L’auto-rénovation est un levier crucial pour atteindre les objectifs ambitieux de rénovation énergétique. Mais dans quel cadre et à quelles conditions ?
Dans un contexte où la tension sur l’offre professionnelle dans le secteur de la rénovation est très forte, cette étude comparative internationale vise à fournir un panorama des meilleures pratiques, outils et politiques relatifs à l’auto-rénovation au sens large, dans la double optique de massification de la rénovation énergétique des logements et de garantie de la qualité des travaux.
Elle permet de tirer des enseignements sur l’ampleur de ce phénomène dans les autres pays d’Europe ; les opportunités et les freins rencontrés par les différentes formes d’auto-rénovation ; les risques à anticiper ; et enfin le cadre réglementaire, assurantiel et juridique qu’il convient de mettre en place pour développer l’auto-rénovation, et en particulier l’auto-rénovation accompagnée.
Rendez-vous sur le site de l’Ademe pour télécharger l’ensemble des fichiers relatifs à l’Étude comparative internationale sur l’auto-rénovation
Synthèse de l’Étude comparative internationale sur l’auto-rénovation
En amont de la journée internationale des droits des femmes le 8 mars, les députés européens mettent en lumière la plus grande vulnérabilité des femmes et mères célibataires à la précarité énergétique.
Le 1er mars, lors d’une réunion de commission interparlementaire, des députés européens et nationaux ont débattu de la crise énergétique et de son impact sur les femmes. Cet évènement fut l’occasion de mettre un coup de projecteur sur les résultats d’une étude réalisée fin 2022 par la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound). Celle-ci mettait en évidence que les femmes et mères célibataires étaient plus exposées aux effets de la hausse des prix de l’énergie, plus susceptibles de rencontrer des difficultés à payer leurs factures d’énergie et donc de se retrouver en situation de précarité énergétique que les hommes et pères célibataires. Cette situation s’explique notamment par l’écart de rémunération toujours important entre les femmes et les hommes, qui reste en moyenne de 13% à poste et responsabilités égaux.
Si les femmes sont plus vulnérables à la précarité énergétique, elles sont par conséquent plus vulnérables aux impacts potentiels du phénomène : insécurité économique, difficulté à mener une existence autonome ou encore menace du bien-être.
Pour inverser la tendance, l’Union européenne souhaite encourager les États membres à intégrer la dimension de genre dans la gestion du problème de précarité énergétique, encore trop rare dans l’élaboration des politiques, comme le souligne une étude demandée par le Parlement européen sur la question. Celle-ci propose l’élaboration, par la Commission européenne, d’un plan d’action sur l’égalité des sexes pour lutter contre la pauvreté ou encore que les plans nationaux énergie-climat des États membres soient tenus d’intégrer une évaluation de l’impact sur le genre.
>> Pour aller plus loin consulter l’article « Journée internationale des femmes – les aspects genre de la pauvreté énergétique » sur le site du Parlement européen.
>> Pour aller encore plus loin consulter l’article « Précarité énergétique : les femmes et mères célibataires particulièrement exposées » sur le site d’Occitanie Europe.
Comme chaque année, l’Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE) publie les résultats de son tableau de bord qui concentre les chiffres clés liés au phénomène en France et en Europe, les principaux indicateurs économiques et sociaux ainsi que des données actualisées sur les dispositifs nationaux existants.
Malgré les dispositifs de soutien mis en place pour faire face à la crise sanitaire, énergétique, économique, et sociale, les ménages français ont connu des difficultés à maintenir un niveau de chauffage suffisant l’hiver, en raison du coût de l’énergie.
Les chiffres-clés du nouveau Tableau de bord 2022 :
22 % des Français déclarent avoir souffert du froid au cours de l’hiver 2021-2022, pendant au moins 24 heures. 37% d’entre eux déclarent que la raison est financière.
69 % déclarent avoir restreint le chauffage chez eux pour ne pas avoir de factures trop élevées.
11,9 % des Français les plus modestes ont dépensé plus de 8 % de leurs revenus pour payer les factures énergétiques de leur logement en 2021.
27% des ménages déclarent éprouver des difficultés pour payer leurs factures.
Le Tableau de bord revient également sur les dispositifs d’aide qui ont permis de limiter les effets de la crise du prix des énergies en 2022 ainsi que les indicateurs d’accélération du déploiement de la rénovation énergétique des logements.
Compte tenu des enjeux importants que représente la rénovation énergétique des logements et de l’ampleur des dépenses publiques engagées à cette fin, il importe de pouvoir disposer d’un suivi précis des logements et des ménages aidés pour rénover leurs logements et des économies d’énergie associées à ces rénovations. Ce suivi est au cœur des missions de l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE), créé en septembre 2019 et est l’objet de la présente étude.
En 2020, selon une estimation encore provisoire, 2,1 millions de logements en France métropolitaine ont bénéficié d’au moins une des quatre principales aides financières à la rénovation : le crédit d’impôt à la rénovation énergétique (CITE), les certificats d’économie d’énergie (CEE), MaPrimeRénov’ (MPR) et le dispositif « Habiter mieux Sérénité » (HMS). Entre 2016 et 2020, le nombre de ménages aidés par les CEE a plus que doublé tandis que celui des logements aidés avec le CITE baissait de deux tiers (le CITE ayant progressivement disparu jusqu’en 2021).
Vers une hausse du gain énergétique moyen par logement aidé
Les économies d’énergie conventionnelles associées aux rénovations aidées sont estimées à 7,7 TWh/an en 2020 (contre 4,8 TWh/an en 2016), soit environ 1,7 % de la consommation totale d’énergie finale des résidences principales en France métropolitaine. Entre 2016 et 2020, le gain énergétique moyen par logement aidé s’est accru de 31 %, passant de 2,8 MWh/an par logement en 2016 à 3,6 MWh/an en 2020, en lien avec le ciblage croissant des aides à la rénovation sur les gestes de travaux générant le plus d’économies (moindre soutien à l’isolation des parois vitrées, encouragement à l’installation d’une pompe à chaleur pour le chauffage). En 2020, 81 % des économies d’énergie conventionnelles associées à la rénovation aidée ont été obtenues dans le cadre de travaux aidés par les CEE, contre 18 % pour les CITE et 4 % pour MaPrimeRénov’, encore en cours de déploiement (les trois dispositifs peuvent se cumuler). « Habiter mieux Sérénité », conditionné à la réalisation d’un bouquet de travaux, ne concerne que 2,1 % des logements aidés en 2020 mais est à l’origine de 9 % des économies d’énergie, car son efficacité énergétique par logement aidé est élevée.
Les travaux portant sur les systèmes de chauffage et/ou d’eau chaude sanitaire plus plébiscités
Les remplacements de systèmes de chauffage et d’eau chaude sanitaire représentent 57 % des économies d’énergie aidées par le CITE, les CEE ou MaPrimeRénov’ en 2020, une part en hausse par rapport aux années précédentes. Le nombre d’installations de pompes à chaleur en particulier, qui génèrent une des plus fortes économies conventionnelles d’énergie, augmente fortement en 2019 puis 2020. L’isolation des murs, toits ou planchers représentent 38 % des économies d’énergie liées à des rénovations aidées. Les remplacements de fenêtres, portes ou volets voient leur part diminuer dans les économies totales : 2,4 % en 2020, contre 12 % en 2016. La ventilation ne représente que 1,8 % des économies d’énergie.
La rénovation énergétique concerne principalement les maisons individuelles et les propriétaires occupants
Les aides à la rénovation concernent surtout des maisons individuelles occupées par leurs propriétaires, notamment pour le CITE et « Habiter mieux Sérénité », dispositifs très peu présents dans le logement collectif. Les CEE se distinguent par une part plus importante de logements collectifs en location, notamment dans le parc social. La distribution des revenus des ménages dans les logements aidés par les CEE est, de ce fait, équilibrée alors que MaPrimeRénov’ et « Habiter mieux Sérénité » ciblent les ménages les plus modestes et que le CITE bénéficie surtout aux ménages aisés. La montée en puissance des CEE sur la période 2016 à 2020 a conduit à un rééquilibrage des aides en faveur des premiers déciles, même si les ménages modestes bénéficient toujours de moins de gestes de rénovation que le reste de la population.
Des gains énergétiques moyens supérieurs dans une diagonale allant du centre des Pyrénées au Nord-Est
Les gains énergétiques liés aux rénovations aidées sont davantage concentrés dans une diagonale allant du centre des Pyrénées au Nord-Est de la France, au regard des surfaces habitables. Les gains sont également un peu plus concentrés dans les communes périurbaines ou éloignées des pôles urbains et plus faibles dans les villes-centres des grandes aires urbaines.
Consulter l’étude :
Les rénovations énergétiques aidées du secteur résidentiel entre 2016 et 2020 – Résultats provisoires
L’enquête nationale logement (ENL) renseigne sur les conditions de logement des ménages. Le millésime 2020 a été collecté entre fin 2019 et mi-2021 auprès de 37 143 ménages de métropole résidant en logement ordinaire. Cette publication présente les premiers résultats de l’enquête sur le logement en 2020. Provisoires, ils feront l’objet de traitements méthodologiques plus approfondis dans les mois à venir et seront enrichis de données de nature financière (loyers, revenus, etc.). Ils permettront notamment une mise à jour des indicateurs de précarité énergétique suivis par l’ONPE.
Cette nouvelle enquête montre notamment une amélioration globale de l’opinion des ménages sur leurs conditions de logement depuis 2013, date de la précédente enquête. Plus précisément en ce qui concerne la qualité des logements : la présence de défauts de confort dans les logements diminue, même si un tiers des ménages occupent encore un logement présentant un ou plusieurs défauts graves. Cette situation est plus fréquente pour les ménages locataires : 44,9 %, sans écart important entre le parc privé (44,5 %) et social (45,3 %), contre 23,5 % pour les ménages propriétaires.
Par rapport à 2013, la part de résidences principales comportant au moins un défaut grave recule de 3,4 points, prolongeant une tendance de long terme. Cette amélioration concerne les logements des propriétaires (- 3,7 points) et des locataires du parc privé (- 6,0 points), tandis que la situation moyenne dans le parc social reste stable.
Consulter la synthèse des premiers résultats de l’ENL 2020 :
Datalab Essentiel
Infographie
Les conditions de logement des ménages résidant en France en 2020
CGDD, Décembre 2022
Voir également les premiers résultats de l’enquête en moins de 3 minutes en vidéo.
Chaque année, le Secours Catholique propose une image de l’état de la pauvreté en France à travers le prisme des personnes qu’il accueille. 491 200 adultes et 447 400 enfants ont été accompagnés.
Deux ans après le début de la crise, 48 % des ménages rencontrés se retrouvent dans l’incapacité de couvrir leur dépense alimentaire quotidienne (+ 3 points en deux ans).
Particulièrement exposés à l’inflation, les ménages les plus modestes ont des budgets tellement contraints que la moindre hausse des dépenses d’alimentation ou d’énergie les fait basculer dans le rouge.
Privations quotidiennes. Absence totale de marge de manœuvre.
Les frais liés au logement absorbent plus de la moitié des ressources perçues par les ménages rencontrés par l’association. Logiquement, le loyer et l’énergie sont donc les deux principaux postes d’impayés (respectivement 40 % et 39 % des ménages en impayés) en 2021. Et les demandes d’aide au paiement du loyer, des factures d’énergie ou d’eau sont en augmentation (+ 2 points en un an). Ces ménages vivent de nombreuses privations dans l’alimentation, la qualité et le confort des logements, les déplacements, etc.
Le Secours Catholique estime que « la moitié des ménages étudiés » disposent de moins de 5 euros par jour et par personne de « reste pour vivre » une fois les dépenses quasi-incompressibles (transport, pension alimentaire, dettes…) soustraites. Or, il estime que, pour permettre à une personne de se nourrir correctement, il faudrait au moins 7€ par jour et par personne.
Les ménages les plus modestes sont particulièrement exposés à l’inflation.
L’inflation atteint en 2022 des niveaux inédits depuis trente ans (6,5 % sur un an, en juin 2022). Celle sur les denrées alimentaires pourrait frôler les 12 % à la fin de l’année, selon l’Insee. Pour 2023, même si l’explosion des prix de l’énergie reste fortement absorbée par la dépense publique, la facture des particuliers va augmenter de 15 %, soit une hausse moyenne de 20 € par mois pour l’électricité et 25 € par mois pour le gaz, une moyenne qui masque des augmentations nettement supérieures pour les clients dont la facture n’est pas indexée aux tarifs réglementés.
Les aides annoncées ne sont pas à la hauteur. Les minima sociaux ont été revalorisés de 4 % en juillet 2022, en deçà de l’inflation, ce qui signifie un appauvrissement des allocataires. Pour 2023, le montant de la prime inflation variera entre 100 et 200 € en fonction des revenus des ménages.
Le Secours Catholique témoigne du combat quotidien pour garder sa dignité que représente la vie dans la grande pauvreté.
« Les choix impossibles auxquels sont confrontés les plus pauvres, particulièrement en période de crise, nécessitent de mettre en place des mesures protectrices pérennes et d’un montant suffisant pour permettre aux personnes de vivre dignement.«
La Cour des comptes a adressé fin octobre un référé à Élisabeth Borne pour alerter sur les nombreux dysfonctionnements constatés dans la mise en œuvre de la politique publique de rénovation énergétique (notamment un manque de coordination des outils et des acteurs) qui rendent complexe la mesure de l’efficacité des investissements réalisés.
La politique de rénovation énergétique des bâtiments, c’est :
des enjeux ambitieux : disposer d’un parc bâti neutre en carbone et aux normes basse consommation en 2050.
des dépenses publiques importantes : notamment 7 milliards d’euros en 2021 et 6,3 milliards d’euros du plan de relance
mais… des « objectifs à préciser », des « dispositifs à clarifier », des « freins à lever », un « pilotage à resserrer », un « accompagnement à renforcer à l’aune de la priorité affirmée »…
La Cour fait état tout d’abord d’un manque de cohérence dans la politique publique de rénovation énergétique. La notion même de rénovation énergétique est imprécise et recouvre des réalités d’intervention très diverses pouvant aller du mono-geste à une opération d’ensemble pour atteindre en une fois la performance énergétique. Le manque de clarté des dispositifs rend en outre compliqués voire incompréhensibles leurs mécanismes pour les usagers. La Cour recommande une clarification des dispositifs de soutien à la rénovation énergétique en simplifiant la description des gestes de rénovation concernés et en précisant les règles de cumul.
La multiplicité et le manque d’articulation des acteurs présents dans l’écosystème de la politique publique de rénovation énergétique auquel s’ajoute un manque de moyens, rendent inefficient le service public de l’accompagnement. La Cour des comptes préconise donc un pilotage fort et efficace et une meilleure coordination des structures pour être à la hauteur des enjeux et des priorités affirmés.
7 milliards et 6,3 milliards d’euros du plan de relance ont été a minima dépensés dans la politique publique de rénovation des bâtiments. L’évaluation des impacts de la performance effective de ces investissements est complexe voire impossible à faire en l’état actuel des indicateurs de suivi. La Cour des comptes recommande d’une part d’établir une estimation détaillée et étayéedes engagements financiers nationaux et locaux des dispositifs de soutien à la rénovation énergétique des bâtiments au regard des bénéfices attendus et, d’autre part, de « s’assurer de l’opérationnalité des bases concernées » et de « réaliser un audit de la donnée« .
Élisabeth Borne, tout en rappelant les mesures déjà mises en place pour améliorer certains dysfonctionnements, reconnaît néanmoins la marge de progression en matière de coordination des outils et des acteurs et indique qu’elle s’attachera à se conformer aux conclusions de la Cour.
A l’occasion de la Journée nationale de lutte contre la précarité énergétique, le 24 novembre 2022, l’Observatoire National de la Précarité Énergétique dévoile les résultats d’une enquête inédite qui a suivi pendant un an une cohorte de 30 ménages en situation de précarité énergétique dont la majorité a bénéficié de dispositifs d’accompagnement.
L’exploitation de cette enquête longitudinale met en évidence les leviers et les freins à la sortie de la précarité énergétique et propose des pistes de réflexion sur l’amélioration des dispositifs d’accompagnement.
Trois facteurs de basculement dans une situation de précarité énergétique
L’enquête longitudinale et l’analyse des parcours des ménages identifient 3 séquences de basculement dans la précarité énergétique, à savoir :
L’emménagement dans un logement énergivore
Pour la majorité des ménages suivis, c’est bien le fait d’avoir emménagé dans un logement en « mauvais état / dégradé » et/ou « énergivore » qui les a fait basculer dans la précarité énergétique. Compte tenu du fait qu’ils disposent de revenus modestes et souvent instables, le fait de devoir chauffer davantage pour obtenir un niveau de confort satisfaisant engendre un « surcoût » de l’énergie qui vient déséquilibrer les capacités financières et amène souvent les ménages à adopter des pratiques de restriction voire de privation (ne pas se chauffer beaucoup, se retrancher dans certaines pièces de la maison, ne pas payer telle ou telle facture, se priver au niveau alimentaire ou vestimentaire).
Des accidents de parcours et/ou des déséquilibres budgétaires
Les « accidents de la vie » quand il y a séparation familiale, perte d’emploi, apparition de problèmes de santé ou d’un handicap réduisent les ressources financières, mais aussi, les ressources physiques et psychiques des ménages pour chercher une aide extérieure et entrer dans un parcours d’accompagnement.
Une dégradation progressive du logement ou des capacités des personnes
Un logement dégradé resté trop longtemps sans entretien ni travaux peut générer des problèmes de santé, accentués par le manque de chauffage et la mauvaise qualité de l’air. Le prix du confort peut être élevé : achat d’appareils performants, de matériels d’isolation, de matelas en cas de forte humidité, etc. ce qui conduit les ménages à supporter un inconfort permanent.
Sortir de la précarité énergétique, plusieurs «trajectoires de réussite»
L’étude montre qu’il est possible de sortir de la précarité énergétique et apporte ainsi des éléments de réflexion sur les conditions requises et sur l’impact positif des dispositifs existants :
Les propriétaires occupants qui ont pu sortir de la précarité énergétique ont bénéficié d’une approche intégrée et globale pour aboutir à la rénovation lourde de leur logement à moyen terme via l’octroi de multiples aides existantes. Ces « success stories » relatives à des chantiers ambitieux témoignent de la capacité de certains dispositifs à traiter de façon durable et globale la précarité énergétique des propriétaires-occupants.
Les situations de précarité énergétique des locataires sont, quant à elles, plus délicates à démêler car s’il s’agit de convaincre les propriétaires bailleurs d’entreprendre des chantiers de rénovation. Ainsi, c’est en déménageant que les locataires sortent de leur situation d’inconfort, et le logement en mauvais état reste sur le marché de la location (en attendant l’obligation de rénovation des logements classés comme « passoires thermiques » à partir de 2024).
L’enquête longitudinale met en lumière la difficulté des dispositifs d’aide et d’accompagnement à s’articuler pour traiter les situations parfois complexes des ménages. En effet, les demandes d’aide sociale et technique sont le plus souvent décorrélées, avec parfois plusieurs années entre le premier contact avec des services sociaux et la rencontre d’un opérateur habitat. C’est essentiellement l’impayé d’énergie qui motive les ménages à contacter les travailleurs sociaux qui peuvent les orienter vers un parcours d’accompagnement aux travaux.
La réduction de la précarité énergétique suppose d’agir sur deux leviers principaux : assainir la situation financière (préalable) et agir sur « la qualité thermique du logement » avec une approche intégrée et globale.
Du repérage des ménages au suivi des travaux de rénovation, cette approche implique la cohérence et l’articulation des modes d’intervention, mais aussi le nécessaire renforcement des axes de travail suivants :
le renforcement des multi-compétences des accompagnateurs (techniques, sociales et juridiques) ;
la mise à disposition d’une offre d’accompagnement social et technique dans la durée reposant sur une meilleure coordination des professionnels, une simplification des dispositifs et une centralisation des informations sur les aides et dispositifs ;
la révision à la hausse des moyens et des ressources dédiés à l’accompagnement (temps, budget).
Consulter le rapport d’enquête et sa synthèse :
Rapport d’enquête
Synthèse d’enquête
Enquête longitudinale – Suivi de 30 ménages en précarité énergétique Les leviers et les freins à la sortie de la précarité énergétique
Romain Gournet (BERG), Christophe Beslay (BESCB), Pierre Nolay (Alcyon-EIS), Guillaume De Oliveira (BEGDO), pour l’ONPE, Novembre 2022
L’INSEE, en partenariat avec Météo France, a publié fin août une note de quatre pages sur les personnes les plus touchées par l’augmentation des fortes chaleurs en France. Des projections inquiétantes qui donnent à réfléchir sur l’aide et l’accompagnement des personnes les plus fragiles, notamment sur le sujet du confort dans le logement l’été.
Les simulations climatiques les plus récentes confirment qu’au cours des étés des trois prochaines décennies, le nombre de journées et de nuits anormalement chaudes augmentera notablement. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-France-Comté et Occitanie seront les plus exposées.
Actuellement, 14 % des habitants résident dans des territoires où il y aura plus de 20 journées anormalement chaudes en été.
Ces fortes chaleurs fragilisent la santé des personnes les plus vulnérables, notamment les plus âgées. De par leur répartition sur le territoire, ces dernières subiront d’ailleurs davantage les effets des anomalies de chaleur. Les personnes âgées sont aussi un peu plus nombreuses dans les zones littorales. Si l’ensemble des littoraux est moins concerné par ces anomalies de chaleur, le littoral méditerranéen est cependant le territoire métropolitain exposé aux températures les plus élevées. Les territoires les plus exposés aux chaleurs anormales abritent également près de 1,2 million de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, habitant parfois dans des logements mal isolés. Les logements des 20 % les plus modestes enregistrent de mauvaises performances énergétiques en partie à cause d’une isolation insuffisante. De plus, en raison de leurs faibles ressources, ils sont les moins enclins à réaliser des travaux d’amélioration de rénovation énergétique de leur habitat.
Par ailleurs, ces territoires concentrent de nombreux emplois dans la construction et l’agriculture dont l’exercice est particulièrement difficile lorsque les températures sont anormales.
Un habitant sur sept vit dans un territoire exposé à plus de 20 journées anormalement chaudes par été dans les décennies à venir – INSEE PREMIERE n°1918, 30 août 2022
Dans un contexte de dérèglement climatique et de hausse des prix de l’énergie qui incitent les pouvoirs publics à agir vite, la dynamique de forte montée en puissance à court terme de la rénovation énergétique performante est essentielle, notamment en terme de lutte contre la précarité énergétique
Le rapport de l’ADEME « Financer la rénovation énergétique performante des logements »propose des orientations de politiques publiques pour le financement de la rénovation performante des logements français, dans la perspective d’un parc BBC rénovation ou équivalent (classes A ou B du DPE) en 2050, en ciblant prioritairement la période 2022-2027.
Les orientations sont le fruit d’un travail réunissant à la fois une expérience de terrain et une expertise pluridisciplinaire ; elles se basent sur une analyse partagée des enjeux liés au financement de la rénovation énergétique des logements et de dispositifs de financement inspirants. Les orientations s’inscrivent dans une approche systémique, qui se traduit par des actions simultanées sur plusieurs dimensions en interaction : financement des travaux, structuration de l’offre des professionnels, accompagnement des maîtres d’ouvrage, suivi qualité des rénovations.
12 propositions prioritaires structurantes spécifiques à une catégorie de logements (individuels, collectifs et sociaux), 5 propositions prioritaires transverses à ces 3 parcs, ainsi que des mesures complémentaires sont formulées pour la France métropolitaine, et des recommandations établies spécifiquement pour les Outre-Mer.
Propositions prioritaires en maisons individuelles
Accompagner systématiquement tout acquéreur de maison passoire thermique à la rénovation globale lors de la mutation en vue d’accélérer la structuration des opérateurs techniques et financiers, puis élargir aux autres classes énergétiques
Structurer Mon Accompagnateur Rénov pour prioriser les rénovations performantes et financer l’accompagnement hors fonds publics à terme
Simplifier le système de financement et l’orienter en faveur de la rénovation performantedans le cadre d’une feuille de route
Favoriser la structuration de la filière professionnelle pour la rénovation performante des maisons et petits bâtiments collectifs
Faire évoluer les outils techniques permettant d’identifier et de mettre en œuvre les rénovations performantes globales et par étapes
Ces propositions prioritaires s’appliquent toutes aux ménages « précaires énergétiquement », donc aux ménages qui sont en tension pour payer leurs factures énergétiques, mais qui peuvent encore le faire en se chauffant correctement. Des propositions complémentaires sont également énoncées visant à mieux accompagner les « grands précaire » (ménages qui ne sont plus en capacité de se chauffer à une température de confort, et/ou qui ne sont plus en capacité de payer les factures énergétiques de leur logement (ménages en privation ou en rupture) :
Créer un métier dédié à l’accompagnement des grands précaires énergétiques vers la rénovation performante (Mon Accompagnateur Grands Précaires), accompagnement qui intègre une dimension sociale forte en plus des dimensions techniques, financières et humaines de l’accompagnateur. Cet accompagnement peut être calqué sur le modèle des Ensembliers Solidaires, expérimentation initiée par le collectif Stop Exclusion énergétique pour tester des modèles de mobilisation territoriale de tous les acteurs publics et privés, en favorisant des programmes ambitieux de rénovation globale. Cette démarche s’articule avec celles permettant une meilleure identification des ménages en grande précarité (dispositif SLIME, actions des grandes ONG caritatives et associations locales, CCAS…).
Mettre en place un financement complémentaire spécifique aux accompagnements des grands précaires. Les montants d’accompagnement de ces publics spécifiques sont évalués entre 6 000 et 8 000€. Ces montants peuvent être financés par le fonds spécial décrit ci-après.
Structurer un fonds complémentaire spécial, à dimension sociale plus qu’énergétique, qui permette de financer les compléments d’investissements nécessaires aux rénovations performantes pour ces publics généralement sans épargne et sans accès aux prêts, dans une perspective de prise en charge intégrale des travaux. Ce fonds complémentaire peut être piloté par l’ANAH, avec possibilité de déplafonner les aides de l’ANAH pour ces ménages. Ce fonds peut être abondé par des aides qui ne sont généralement pas fléchées aujourd’hui vers la rénovation performante (CARSAT, Mutuelles, Fondation Abbé Pierre…). La rénovation énergétique performante pourrait dans un premier temps être assimilée à des “travaux lourds” qui bénéficient d’un plafond d’aide supérieure (50k€ au lieu de 35k€). Cela aurait pour conséquence que les aides des collectivités, qui calquent souvent leurs modalités d’intervention sur celles de l’ANAH, s’alignent sur cette démarche.
Organiser des caisses d’avance des subventions de façon systématique quel que soit le territoire d’implantation du ménage. Les aides diverses des organismes privés ou publics interviennent souvent, au moins pour le solde, après la fin du chantier, alors que les travaux doivent être payés aux entreprises au fur et à mesure, ce qui est un frein majeur pour les ménages en grande précarité. Un mécanisme d’avance analogue à celui proposé actuellement par Procivis dans le cadre de la convention qui encadre ses missions sociales pourrait être pérennisé au profit de ces ménages. Les caisses d’avance devront couvrir l’ensemble du territoire, ce qui induit une modalité d’accès nationale homogène, même si des aides des collectivités peuvent s’y ajouter pour assurer un effet levier.
Propositions prioritaires en copropriétés
Créer un “fonds rénovation énergétique”, abondement forfaitaire au fonds travaux lors de l’acquisition
Conditionner les subventions au fait d’aller chercher sur chaque bâtiment la performance maximale atteignable
Une proposition complémentaire suggère de soutenir davantage financièrement les ménages à revenus modestes : en copropriété, les aides aux ménages à revenus modestes et très modestes sont peu aidées : ils bénéficient simplement d’une bonification forfaitaire de MaPrimeRenov Copropriétés d’un 750 € ou 1500€ respectivement pour les ménages à revenus modestes et très modestes. Outre que ces montants sont faibles par rapport au coût des travaux, leur caractère forfaitaire conduit à aider beaucoup plus fortement les propriétaires de petits logements que ceux de grands logements. La solution la plus simple consisterait à bonifier la quote-part de l’aide de base MaPrimeRenov copropriétés de 50% pour les ménages à revenus modestes et très modestes et de 100% les ménages à revenus très modestes. Une telle aide pourrait venir remplacer l’aide copropriété fragile, qui vise les copropriétés à impayé supérieur à 8% sans se concentrer sur les ménages dont les revenus sont faibles.
Propositions prioritaires en logements sociaux
Normaliser la façon de calculer le coût des opérations et l’atteinte ou non de l’équilibre économique pour tous les bailleurs sociaux
Libérer de nouvelles formes de revenus, en complément des dispositifs de soutien public
Assouplir la limitation des capacités d’investissement et d’endettement des bailleurs pour les opérations de rénovation performante
Faire évoluer les conditions d’éligibilité aux aides, les pérenniser et en simplifier l’accès
Bonifier les soutiens aux bailleurs qui ont recours à des solutions de rénovations globales industrialisées
Un des enjeux identifiés par l’étude : couvrir l’ensemble des ménages et des situations, avec des montants à la hauteur des enjeux
Parce que la rénovation performante a aujourd’hui une image d’investissements lourds réservés aux personnes aisées et qu’à l’inverse, sur le terrain, une part très significative des rénovations complètes et performantes est réalisée chez des ménages modestes et très modestes, l’étude propose, dans l’une des fiches annexées au rapport (p.110), d’explorer les paramètres à prendre en compte pour permettre à l’ensemble des ménages français d’accéder à des rénovations performantes. Elle tente notamment de répondre aux problématiques suivantes : Quelles sont les catégories et les paramètres à prendre en compte pour permettre à l’ensemble des ménages d’accéder à des rénovations performantes ? Comment prendre en compte les disparités de revenus et des taux d’efforts dans une logique de rénovation performante ? Comment prendre en compte le cas spécifique des ménages en grande précarité énergétique ?
Consulter l’étude :
Rapport, 193 p.
Synthèse, 19 p.
Financer la rénovation énergétique performante des logements. Propositions d’orientation des politiques publiques (2022-2027) pour un parc BBC rénovation ‑ ou équivalent en 2050
ADEME, Institut négaWatt, Ile-de-France Energies, GreenFlex, Octobre 2022
Chaque année, la publication « Chiffres clés du logement » du Commissariat général au développement durable rassemblent les données utiles à la connaissance du domaine du logement et de ses évolutions. Elle fournit des statistiques détaillées sur le parc de logements et ses occupants, les difficultés et coûts auxquels ceux-ci font face ainsi que les externalités environnementales dues au logement :
La composition du parc de logements : en janvier 2021, la France compte 37,2 millions de logements ordinaires (hors maisons de retraite, résidences étudiantes…) dont 56 % de logements individuels. Ils se composent de 82 % de résidences principales (part en légère diminution), 10 % de résidences secondaires et 8 % de logements vacants. Les logements non-ordinaires
Les ménages et leur résidence principale : en 2021, 58 % des ménages sont propriétaires de leur résidence principale, 25 % locataires dans le parc privé et 18 % dans le parc social. Les propriétaires occupants sont relativement plus âgés et aisés, et résident dans des logements plus grands. Les locataires du parc privé sont les plus mobiles, tandis que ceux du parc social sont les plus modestes et principalement localisés en milieu urbain.
Les conditions et difficultés de logement : tandis que l’inconfort sanitaire tend à disparaître, les mauvaises conditions de logement subsistent : en 2013, 19 % des ménages déclarent souffrir du froid pendant l’hiver, 10 % sont confrontés au surpeuplement et 9 % des individus ont été privés durablement de logement personnel par le passé. En réponse, le nombre de places d’hébergement d’urgence et de réinsertion (154 000 en 2019) augmente rapidement. Pour cette partie, la source de référence est l’enquête nationale sur le logement (ENL) dont le dernier millésime disponible porte sur l’année 2013 au moment de la parution de cette publication. Pour des données actualisées liées à la précarité énergétique, se référer au dernier tableau de bord de l’ONPE.
L’activité immobilière et le coût du logement : En 2017, 344 000 logements neufs ont été construits, et près d’un million de logements anciens vendus. Le doublement des prix immobiliers et des loyers dans le parc privé et social en une vingtaine d’années a contribué à une hausse du poids du logement dans les dépenses des ménages. Ce poids est de 18,3 % en moyenne en 2013, et dépasse 30 % parmi le quart des ménages les plus modestes.
Les pressions exercées sur l’environnement : en 2018, 8 % de la surface de la France est artificialisée, dont un peu plus de la moitié (53 %) pour un usage résidentiel et de loisir. L’énergie utilisée pour l’habitat sert à 66 % au chauffage avec un recours aux produits pétroliers en diminution. L’activité de construction induit une demande croissante en granulats, et la démolition de bâtiments génère en moyenne 167 tonnes de déchets par chantier en 2014.
Consulter les Chiffres clés du logement 2022 :
Chiffres clés du logement -édition 2022
Commissariat général au Développement Durable/SDES, Juillet 2022
Le Médiateur national de l’énergie a publié mi-octobre son 16ème Baromètre énergie-infodans un contexte de forte augmentation des prix de l’énergie.
D’après cette enquête menée auprès de plus de 2 000 foyers, 89 % des personnes interrogées déclarent être préoccupées par leur consommation d’énergie (+10 points en 2 ans), et plusieurs indicateurs traduisent une augmentation du nombre de foyers en situations de précarité énergétique :
82 % des foyers interrogés déclarent que les factures d’énergie représentent aujourd’hui une part importante des dépenses de leur foyer (contre 79 % en 2021 et 71% en 2020) ;
69 % des foyers interrogés déclarent avoir réduit le chauffage chez eux pour ne pas avoir de factures trop élevées, ils étaient 60 % en 2021 et 53 % en 2020 ;
22 % des foyers interrogés déclarent avoir souffert du froid pendant au moins 24h dans leur logement : 40% à cause d’un système de chauffage défectueux (insuffisant ou en panne), 37% pour des raisons financières, 35% à cause d’une mauvaise isolation, 28% en raison d’un hiver rigoureux. Ils étaient 20 % en 2021 et 14 % en 2020 ;
27 % des foyers interrogés déclarent avoir rencontré des difficultés pour payer certaines factures d’énergie, contre 25 % en 2021 et 18% en 2020. Cette année encore, les 18-34 ans sont les plus touchés avec 51 % d’entre eux qui déclarent avoir des difficultés, contre 46% en 2021.
Par ailleurs, le baromètre constate que les consommateurs sont d’accord pour participer à l’effort national de sobriété énergétique : 31 % d’entre eux se déclarent prêts à modifier leurs comportements (la baisse de la consommation d’énergie est avant tout motivée par le souhait de diminuer le montant des factures), mais 59 % disent déjà faire attention et ne pas être en mesure de faire davantage.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a présenté le bilan de ses actions en 2021 pour garantir une concurrence loyale et protéger les consommateurs.
678 entreprises du secteur de la rénovation énergétique des logements ont été contrôlées en 2021 par la DGCCRF : un bond de 45% par rapport à 2019. Au total, 133.000 contrôles ont été réalisés au sein de plus de 91.000 établissements.
Des pratiques commerciales trompeuses, voire parfois agressives. Les principaux manquements concernent l’information du consommateur, le respect de son droit de rétractation et les conditions de crédit. Les résultats font état de 135 avertissements, 118 injonctions administratives, 36 procès-verbaux administratifs et 94 procès-verbaux pénaux.
Un démarchage téléphonique non respecté. 41 entreprises ont été poursuivies pour non-respect de l’interdiction du démarchage téléphonique et 2 sociétés ont été lourdement sanctionnées, avec des amendes de plus de 460.000 euros pour l’une et 65.000 euros pour l’autre.
La lutte contre les retards de paiement interentreprises. 1.272 établissements ont été contrôlés dans le cadre de ses enquêtes sur le respect des délais de paiements, dont 17 entreprises publiques et 610 entreprises ayant bénéficié d’un prêt garanti par l’État (PGE). 227 amendes ont été notifiées pour non-respect des délais de paiement. Cela équivaut à 29,7 millions d’euros, soit plus qu’en 2020 où le montant s’échelonnait à 16,7 millions d’euros. Les sociétés ayant bénéficié d’un PGE ont été trois fois moins souvent en retard pour payer leurs fournisseurs que la moyenne (11% contre 32%).
Compte-tenu du haut niveau d’irrégularités encore observé, la DGCCRF continue ses enquêtes sur les opérateurs frauduleux dans le domaine de la rénovation énergétique et de l’efficacité énergétique des logements en 2022. Et ce, afin de protéger les consommateurs, accompagner les entreprises vers la transition écologique, et garantir le fonctionnement de l’économie en période d’inflation.
Le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) fournit chaque année les statistiques du logement en France. Ce rapport annuel sur le compte du logement est élaboré par le Service des données et études statistiques (SDES).
Le parc de logement : au 1 er juillet 2021, le parc de logements français compte 37,4 millions de logements ordinaires, et 1,1 million de locaux d’hébergement. Le parc des logements ordinaires se compose pour l’essentiel de résidences principales (81,9 % du parc), mais également de résidences secondaires (9,8 %) et de logements vacants (8,3 %). Le parc comprend 55,4 % de logements individuels et 44,6 % de logements collectifs.
Les dépenses courantes en logement : elles accélèrent fortement avec une hausse de 4,6 %. En cause, l’augmentation de leurs deux composantes : les loyers (+ 1,9 % par rapport à 2020) et les charges dans le logement (+ 12,6 %) impactées notamment par un contexte d’inflation, notamment des prix de l’énergie.
Ci-dessous le montant des dépenses courantes en logement selon le statut d’occupation :
Les aides au logement (prestations d’aide au logement, subventions d’exploitation et d’investissement, avantages de taux et avantages fiscaux) représentent 38 milliards d’euros (Md€), soit 1,5 % du PIB. Les prestations sociales et avantages fiscaux en composent la majeure partie. En 2021, les aides au logement diminuent légèrement (- 0,5 %). Sur les cinq dernières années, elles ont baissé de 10,8 % (- 4,6 Md€) sous l’effet de la baisse des avantages fiscaux, des avantages de taux et des prestations sociales. Ces baisses ont été en partie compensées par l’augmentation des subventions d’investissement faisant suite au remplacement du crédit d’impôt transition énergétique (CITE) par le dispositif « MaPrimeRénov ». Les aides bénéficient pour 69,6 % au secteur locatif (dont 36,4 % pour le secteur social et 33,2 % pour le libre), pour 19,0 % aux propriétaires occupants et 11,1 % aux locaux d’hébergement collectif. En dix ans, la part des aides attribuées aux propriétaires occupants a reculé de 7,4 points, alors que celle bénéficiant au secteur locatif libre a progressé de 6,1 points.
Consulter le Rapport du compte du logement 2021 :
Rapport du compte du logement 2021
Commissariat général au Développement Durable/SDES, Septembre 2022
Les chiffres au 1er semestre montrent la dynamique de la prime :
318 429 dossiers financés de janvier à mars 2022 pour 1,2 milliards d’euros de primes et 4,7 milliards de travaux de rénovation énergétique associés.
Le montant moyen de la prime est de 3719€, en légère hausse par rapport aux chiffres de 2021.
377 346 dossiers ont été déposés. Les ménages modestes et très modestes représentent quasiment 70% des bénéficiaires des primes.
Le top 3 des gestes de travaux financés :
le poêle à granulés à la première place (81 642),
la pompe à chaleur air-eau (73 409),
le chauffe-eau solaire individuel (34 355).
Des faiblesses persistantes
Le financement des rénovations des propriétaires bailleurs semble ne toujours pas décoller. Avec seulement un peu plus de 6 000 primes, les propriétaires bailleurs représentent à peine 2% des primes financées au premier semestre. Un chiffre faible au regard de l’enjeu d’accompagnement financier de ces publics sur lesquels pèsent les interdictions progressives de location entre 2023 et 2034.
Du côté de MaPrimeRénov’ Sérénité, l’aide à la rénovation globale des logements pour les propriétaires occupants aux revenus modestes et très modestes représente au 1er semestre moins de 5% des dossiers du dispositif (15 522 dossiers sur 334 033 au total).
>> Découvrez le document de présentation et l’ensemble des chiffres du Bilan MaPrimeRénov’ – 1er semestre 2022
MaPrimeRénov’ – Bilan 1er semestre 2022, Anah, juillet 2022
En cette rentrée qui s’annonce difficile, la nouvelle étude « Hiver à haut risque » publiée par Destin Commun apporte un éclairage sur les impacts déjà importants de la hausse des prix sur les Français, et les risques du point de vue de la cohésion dans notre pays :
57% des Français déclarent être déjà en difficulté, voire en grande difficulté face à la hausse des prix. Plus de la moitié des Français ont déjà limité leurs dépenses non-essentielles. C’est aussi 1 Français sur 5 qui a modifié ou annulé ses vacances, et 1 sur 10 qui doit parfois sauter des repas.
Inquiétude et pessimisme marquent la vision des Français : 41% d’entre eux doutent que la crise du coût de la vie s’arrêtera un jour.
A court terme, déjà 6 Français sur 10 considèrent qu’ils devront baisser leur chauffage cet hiver.
Plus préoccupant, 2 Français sur 3 disent qu’ils ne comprennent pas ou pas bien les raisons de l’inflation. Interrogés sur les responsables de cette crise, ils pointent presque autant la Russie que le gouvernement français.
Dans ce contexte, 7 Français sur 10 craignent des troubles à l’ordre public dans les prochains mois, et 4 sur 10 sont favorables à une reprise du mouvement des Gilets jaunes.
Parmi les 6 familles de valeurs de Destin Commun, l’étude révèle que ce sont les Identitaires et les Laissés pour compte qui sont les plus touchés par cette crise. La hausse des prix participe à leur rapprochement dans la contestation. Ils soutiennent plus que la moyenne une éventuelle reprise du mouvement des Gilets jaunes, et font une lecture politique de la crise : pour eux, la responsabilité est d’abord à imputer à la politique du gouvernement.
Autre élément saillant de l’étude : l’incompréhension des raisons de la crise, qui est une spécificité française. Elle concerne 65% des Français, contre seulement 40% des Allemands et 35% des Britanniques. Et elle est plus élevée chez les personnes qui sont en difficulté face à la hausse des prix. Cette incompréhension, symptôme d’une profonde défiance vis-à-vis de la politique, nourrit la contestation.
La crise semble néanmoins renforcer la conscience de l’urgence climatique. Ainsi 7 Français sur 10 se déclarent en faveur de l’accélération de la transition énergétique, et 62% des Français considèrent que le gouvernement a été trop lent pour investir dans les énergies renouvelables, et que c’est là une des causes de l’augmentation des prix de l’énergie.
Au-delà de la transition énergétique, l’adhésion à la sobriété se confirme : 7 Français sur 10 la considèrent comme une solution souhaitable face à la crise climatique. Mais une distinction essentielle doit être faite entre la sobriété choisie et la sobriété subie, qui est déjà le lot de bon nombre de Français. Les précédentes enquêtes de Destin commun ont déjà montré que la division la plus forte que les Français perçoivent est celle entre les riches et les pauvres. Dans le contexte actuel, une approche différenciée qui se soucie d’abord des plus fragiles est avant tout un enjeu de cohésion sociale.
Lier les efforts individuels et les réformes structurelles, faire preuve d’équité et renouveler la pédagogie : voilà la ligne de crête qui permettra d’apaiser les tensions, et de passer de la crise à la transition.
Cette étude a été produite avec la contribution de Thomas Pellerin-Carlin, directeur du Centre énergie de l’Institut Jacques Delors.
Dans cette édition de septembre 2022 vous retrouverez l’ensemble des dernières statistiques de l’ONPE sur le phénomène et les dispositifs de lutte contre la précarité énergétique, des encadrés sur la « précarité mobilité » ainsi que sur les réponses gouvernementales à la crise énergétique.
D’ores et déjà quelques chiffres-clés de la précarité énergétique avant de tous les découvrir dans le tableau de bord de l’ONPE :
20% des français déclarent avoir souffert du froid durant l’hiver 2020-2021 pendant au moins 24h. Et 36% d’entre eux déclarent que la raison en était financière.
60% des français déclarent avoir restreint leur chauffage chez eux pour ne pas avoir de factures trop élevées.
10,5% des français les plus modestes ont dépensé plus 8% de leurs revenus pour payer les factures énergétiques de leur logement en 2020
84% des français considèrent la consommation d’énergie comme un sujet de préoccupation majeur
Le Baromètre Qualitel-Ipsos réalisé par QUALITEL, qui mesure les principales attentes des français vis-à-vis de leur logement, révèle des inégalités face au froid ressenti dans son logement. Trois facteurs sont identifiés :
Le niveau de revenus : les Français aux revenus modestes – moins de 1250 € net mensuels – sont les plus exposés au froid : 57 % d’entre eux déclarent avoir « parfois ou souvent » froid chez eux. C’est 18 points de plus que ceux bénéficiant de plus de 3 000 € net mensuels.
L’ancienneté du logement : Plus le logement est ancien et plus la probabilité d’avoir froid est importante. 56 % des occupants de logements construits entre 1900 et 1945 déclarent avoir « parfois ou souvent froid », contre 49 % pour ceux construits entre 1945 et 1980, 44 % entre 1980 et 2007 ; et « seulement » 37 % pour les logements de moins de 10 ans.
Le statut de l’occupant : Les propriétaires occupants sont beaucoup moins exposés au froid. Ils sont même quatre fois moins nombreux que les locataires à déclarer avoir « souvent froid » dans leur logement (seulement 5 % vs 20 %). Un écart significatif qui s’explique par le fait que les propriétaires, outre le soin qu’ils accordent au choix de leur logement au moment de l’achat, réalisent plus facilement des investissements d’isolation pérennes.
Le Haut Conseil pour le climat (HCC) a remis le 29 juin son rapport annuel à la Première ministre. Selon lui, l’action de la France face au réchauffement climatique « progresse mais reste insuffisante ».
Titré « Dépasser les constats – Mettre en œuvre les solutions », le dernier rapport du HCC alerte sur les « risques majeurs » de ne pas atteindre les objectifs fixés par la France pour 2030 et appel à un sursaut de l’action climatique face notamment au renforcement du paquet européen « Fit for 55 », qui fixe un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à -55% en 2030 par rapport à 1990. Pour l’atteindre, le HCC estime que rythme annuel de réduction des émissions doit doubler en moyenne sur la période 2022-2030.
Le rapport évoque également le défaut de mesures sectorielles permettant les réductions d’émissions évoquées dans la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), qui vise la neutralité carbone d’ici 2050. Il évoque même un « déphasage » entre les objectifs et les mesures prises, en citant par exemple les politiques de rénovation des bâtiments « trop rarement fléchées vers la rénovation complète » et l’absence de garantie du déploiement d’un programme ambitieux et pérenne de rénovation faute de pérennisation des financements publics au-delà de 2022
Pour le HCC les instruments de planification sont « insuffisamment développés et articulés ». Selon lui, la Stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC) en cours de discussion, « doit aller plus loin » et devenir un outil de pilotage de l’action climatique de la France. L’enjeu est également d’articuler la mise en œuvre des actions entre le niveau national et territorial car « il n’y a pas de mise en cohérence stratégique et temporelle entre l’action de l’État et celle des échelons territoriaux, ni de coordination de la planification entre les régions ».
Consulter le rapport du HCC :
Dépasser les constats – Mettre en œuvre les solutions
Rapport annuel 2022 du Haut Conseil pour le climat, Juin 2022
Instance de conseil auprès de la Première Ministre, le Conseil d’analyse économique a publié mi-juillet une étude permettant de dresser un panorama détaillé des attitudes vis-à-vis du changement climatique et des politiques climatiques. L’étude rappelle l’importance de redistribuer les recettes de la taxe carbone pour financer les alternatives aux énergies fossiles et cibler notamment les plus modestes.
Réalisée auprès de 2000 Français, plusieurs constats émergent de l’étude :
Les Français sont préoccupés par le changement climatique et soutiennent des mesures ambitieuses pour y mettre un terme, aussi bien au niveau national qu’international.
Certaines mesures sont très populaires : les investissements publics dans des infrastructures décarbonées, l’obligation de rénovation thermique assortie de subventions, ou l’interdiction des véhicules polluants dans les centres-villes. D’autres suscitent des avis partagés : la taxe carbone, l’interdiction des voitures thermiques ou une taxe sur la viande rouge.
Le soutien des répondants à une mesure particulière s’explique par trois perceptions cruciales : l’effectivité des réductions d’émissions, les effets distributifs et les effets sur son ménage. Ainsi l’enquête démontre qu’informer les citoyens sur les effets des politiques climatiques, notamment distributifs, augmente le soutien à celles-ci. Pour preuve, « une majorité claire (des Français interrogés) est en faveur de la taxe carbone si les recettes servent à financer les infrastructures vertes, les réductions d’impôt sur le revenu ou une compensation financière pour les ménages vulnérables dépendants aux énergies fossiles », explique Stéfanie Stantcheva, co-auteur de la note du CAE.
Le design des politiques est aussi déterminant : ainsi, la tarification carbone est majoritairement acceptée lorsque ses recettes servent à financer des investissements verts et/ou descompensations financières pour les ménages vulnérables.
Face à ces constats, l’enquête propose ensuite plusieurs pistes de mesures, à la fois efficaces et soutenues par les citoyens :
Établir un système d’enquêtes en continu pour mieux comprendre et suivre les considérations des citoyens.
Fournir à ces derniers plus d’informations sur le fonctionnement et les effets des politiques climatiques et que cette mission soit portée par une institution indépendante.
La priorité à court terme (en amont de toute future hausse de la tarification carbone et pour protéger les ménages contre les flambées actuelles de prix de l’énergie) doit être le renforcement des programmes permettant d’offrir à chacun des alternatives aux énergies fossiles. Cela passe par l’augmentation des aides à destination des ménages vulnérables (rénovation énergétique des bâtiments, investissements en équipements, véhicules électriques) et par l’accélération des investissements publics dans les infrastructures bas carbone (transports en commun, réseau ferroviaire…).
Cette enquête du CAE intervient pendant l’examen du projet de loi pour le pouvoir d’achat qui comporte plusieurs mesures d’urgence pour faire face à la hausse des prix de l’énergie. Or, « pour protéger » les ménages vulnérables face aux prix élevés des énergies fossiles, le CAE juge que la régulation par les prix (remise générale sur le prix de l’essence, gel du prix du gaz) « n’est pas le bon instrument, car elle profite avant tout aux plus riches, qui consomment davantage d’énergie ». Et qu’il serait « préférable de maintenir le mécanisme de prix (qui a des effets incitatifs certains sur les ménages aisés sans contrainte forte de financement) et de compenser spécifiquement les ménages modestes et/ou les plus exposés à travers des transferts monétaires ». Ainsi la fiscalité climatique irait de pair avec la justice sociale.
Consulter l’étude :
Les Français et les politiques climatiques
Les notes du conseil d’analyse économique, n° 73, Juillet 2022
Le spécialiste de la maîtrise de l’énergie Hellio s’est penché sur le reste à charge des ménages en précarité suite aux dernières évolutions réglementaires des dispositifs d’aide aux travaux (notamment Ma Prime Rénov’ et les certificats d’économie d’énergie). Résultat : des aides orientées vers la rénovation globale et le chauffage ENR, mais un reste à charge toujours trop élevé pour les ménages précaires.
L’étude porte sur l’évolution des primes et du reste à charge des ménages modestes[1] et précaires[2] sur les principaux postes de travaux (rénovation globale, isolation des murs, isolation des combles, chaudière biomasse, pompe à chaleur air/eau et chaudière gaz), en tenant compte des différentes évolutions réglementaires de janvier 2021 à juillet 2022.
Rénovation globale, chaudière biomasse et pompe à chaleur air/eau : un reste à charge stable mais encore trop important
Considérée comme LA priorité des travaux à mener, la rénovation globale est portée par plusieurs aides : MaPrimeRénov’ et le Coup de pouce Rénovation performante en maison individuelle. Mais son reste à charge demeure très élevé : entre 35 253 € et 41 664 € au 1er juillet 2022, après 2 évolutions réglementaires. Celui-ci demeure stable entre 2021 et 2022 mais empêche inévitablement les ménages modestes et précaires de réaliser des travaux.
Stables depuis le 1er janvier 2021, les aides pour l’installation d’une chaudière biomasse ont connu une seule évolution : l’augmentation de MaPrimeRénov’ de 1 000 € le 15 avril 2022. Estimé à 1 629 € pour les précaires et 4 703 € pour les modestes, le reste à charge ne baisse pas pour autant en raison de l’impact de la guerre en Ukraine qui engendre une hausse du prix des travaux.
La tendance observée pour la pompe à chaleur air/eau est identique. La seule évolution concerne l’augmentation de 1 000 € MaPrimeRénov’ le 15 avril 2022, portant le montant des primes à 9 000 € pour les précaires et 8 000 € pour les modestes. Cette aide supplémentaire ne permet pas de baisser le reste à charge moyen, estimé à 4 681 € pour les précaires et 5 681 € pour les modestes. Elle suffit seulement à absorber la hausse des prix des matériaux, les ménages devant même débourser un peu plus en juillet 2022 par rapport à février 2022.
Les mono-gestes d’isolation et de chaudière gaz en berne
Pourtant jugés comme incontournables si pas encore réalisés, les travaux d’isolation des murs sont de moins en moins subventionnés, le reste à charge est en très forte hausse : + 400 % pour les ménages précaires et + 81 % pour les modestes entre janvier 2021 et juillet 2022, portant le reste à charge entre 9 567 et 11 067 €.
Dans le contexte géopolitique actuel, la chaudière gaz n’a plus le vent en poupe : l’arrêt du Coup de pouce Chauffage gaz et la hausse des prix des matériaux constatée entraîne une hausse du reste à charge le portant à 4 288 € pour les précaires et 4 688 € pour les modestes.
Consulter le communiqué de presse :
Étude Hellio sur les aides et le reste à charge des ménages en situation de précarité
Hellio, juillet 2022
[1] Correspondants à la couleur jaune du barème MaPrimeRénov’
[2] Correspondants à la couleur bleu du barème MaPrimeRénov’
Les enjeux liés à la rénovation énergétique nécessitent de disposer d’une bonne connaissance de la consommation énergétique des logements. À cette fin, le document de travail de l’observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) actualise les chiffrages sur le parc de logements par classe de diagnostic de performance énergétique (DPE), dont le calcul a été modifié en juillet et octobre 2021 et tient désormais compte à la fois de la consommation primaire d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. Les étiquettes DPE sont estimées sur l’ensemble du parc de logements à partir de 310 000 observations des DPE, collectées par l’Ademe, sur la période de décembre 2021 à mars 2022 et des données fiscales.
Le document présente pour le parc français :
La répartition des classes énergétiques de l’ensemble des résidences principales ;
La répartition des classes énergétiques selon les caractéristiques des logements : type de logement, surface, énergie de chauffage et période de construction ;
La répartition des classes énergétiques selon les caractéristiques des occupants : statut d’occupation et niveau de revenus (quintiles) ;
La répartition des classes énergétiques selon la localisation géographique.
Le nombre de passoires énergétiques
Au total, sur les 30 millions de résidences principales que compte la France au 1er janvier 2022, environ 5,2 millions de logements, soit 17 % du parc, seraient des « passoires énergétiques » (étiquettes F et G du DPE), contre 4,8 millions de logements en 2020. Environ 10 % des passoires énergétiques, soit 0,5 million de logements, sont très énergivores avec une consommation d’énergie finale supérieure à 450 KWh/m²/an. La date de construction du logement, sa taille, sa localisation, le caractère individuel ou collectif de l’habitat et le statut d’occupation figurent parmi les caractéristiques influant sur les performances énergétiques.
La part des passoires énergétiques est plus élevée dans les résidences secondaires (32 %, soit 1,2 million de logements) et dans les logements vacants (27 %, soit 0,8 million de logements) ce qui porte l’estimation du nombre de passoires énergétiques à un total de 7,2 millions de logements sur l’ensemble du parc. Cette estimation sera actualisée en 2023 lorsque le nouveau DPE aura été plus largement expérimenté, notamment à travers ses différentes modalités (DPE pour le logement collectif, DPE pour les appartements qui sera établi à partir du DPE collectif).
La performance énergétique des logements selon l’énergie de chauffage
Les logements chauffés au fioul sont 44 % à être classés F ou G (et 71 % en incluant l’étiquette E), en cohérence avec le fait que le nouveau DPE prend maintenant en compte les émissions de gaz à effet de serre du logement.
L’électricité apparaît légèrement moins performante (15 % de logements classés F ou G), mais avec une distinction moindre avec le gaz que dans la précédente version du calcul du DPE, du fait de la révision à la baisse du coefficient de conversion en énergie primaire de l’électricité et de la prise en compte des émissions de gaz à effet de serre dans le calcul des étiquettes. Au 1er janvier 2022, 33 % des passoires énergétiques sont chauffées à l’électricité et 29 % au au gaz.
La performance énergétique des logements selon le statut d’occupation
Le parc privé locatif comporte les logements consommant le plus d’énergie, avec près de 20 % de logements classés F ou G, alors que les logements occupés par leurs propriétaires sont 18 % à avoir une telle étiquette. Le parc social est sensiblement moins énergivore que le parc privé avec 460 000 logements et 9,5 % d’étiquettes F et G. L’étude estime qu’il y aurait 140 000 logements très énergivores (consommation supérieure à 450kWh/m²) dans le parc locatif privé, 50 000 dans le parc locatif social et 320 000 parmi les logements occupés par leurs propriétaires. Dans le parc privé, comme dans l’ensemble du parc, la part des logements classés F ou G est plus forte pour les maisons que pour les appartements (23 % contre 18 % pour les locataires, 20 % contre 14 % pour les propriétaires).
La performance énergétique des logements selon le revenu de ses occupants
La part des logements très énergivores décroît légèrement en fonction du revenu des occupants, passant de 18 % en étiquettes F et G pour les occupants du premier quintile à 16 % pour les occupants du dernier quintile. Cette variabilité modérée masque toutefois des disparités selon le statut d’occupation. Les ménages du premier quintile résidant dans le parc privé occupent ainsi plus souvent des passoires énergétiques : plus de 22 % de logements F-G dans le parc locatif privé et pour les ménages propriétaires contre 18 % et 15 % respectivement pour le 5e quintile.
Consulter le document de travail :
Le parc de logements par classe de performance énergétique au 1er janvier 2022
Observatoire national de la rénovation énergétique, Ministère de la transition écologique (SDES/CGDD), Juillet 2022
La 1ere Biennale de l’ADEME qui s’est tenue fin mars 2022 a été l’occasion de présenter un travail de comparaison des scénarios parus à l’automne 2021 (ADEME, négaWatt, The Shift Project, Pouget Consultants / Carbone 4) sur l’atteinte de la neutralité carbone et la transition énergétique de la France.
Au-delà de différences de détail, liées notamment aux méthodologies de modélisation utilisée, l’ensemble des scénarios converge vers 8 messages clés sur la construction neuve et la rénovation des logements.
En ce qui concerne la construction neuve, les scénarios constatent une baisse tendancielle du besoin de logements neufs (message 1). Cette tendance démographique peut être accentuée par différents leviers afin de limiter l’impact environnemental de la construction (message 2). Les scénarios qui maintiennent un rythme de construction neuve plus élevé présentent des impacts importants, notamment liés aux matériaux mobilisés (message 3). Enfin, il semble important de renforcer encore la performance thermique des logements neufs à l’avenir (message 4).
Sur le volet de la rénovation, les scénarios intègrent la rénovation performante de la quasi-totalité du parc de logements. Le parc de 2050 est donc radicalement différent de celui de 2020 (message 5), bien que composé pour l’essentiel de bâtiments existants en 2020 qui auront été rénovés. La performance des rénovations est portée à un niveau BBC ou équivalent ou plus performant encore (message 6), dans l’ensemble des scénarios. Le rythme de rénovation subit également une accélération radicale (message 7), pour atteindre entre 600 000 et 1 million de rénovations performantes par an d’ici à 2030. Enfin, les scénarios tablent sur une décarbonation de la chaleur (message 8) en complément de l’isolation des enveloppes. Pour l’ensemble des scénarios comparés, il est donc nécessaire d’augmenter à la fois le rythme et la performance des rénovations énergétiques.
Retrouvez l’analyse complète des points communs des scénarios ADEME, négaWatt, The Shift Project et Pouget Consultants / Carbone 4 sur le site de The Shift Project ou en téléchargeant les ressources ci-dessous :
Note réalisée par négaWatt, The Shift Project et Pouget Consultants, Mars 2022
Diaporama de présentation du travail de comparaison, ADEME Mars 2022
Face à l’urgence climatique et à la crise des prix des énergies, la priorité des politiques de rénovation énergétique des logements n’est plus à démontrer. Or, en dépit d’un fort niveau d’ambition et de son caractère a priori consensuel, la politique de rénovation énergétique n’est pas en phase avec ses objectifs stratégiques à long terme : atteindre un parc de logements « bâtiment basse consommation » et contribuer à la neutralité carbone de la France d’ici 2050.
Une plateforme d’experts pour la rénovation énergétique des logements en France
Quels blocages peuvent expliquer ce retard ? Et comment les dépasser ? Afin d’instruire ces questions, l’Iddri (Institut du développement durable et des relations internationales) et l’Ademe ont réuni une plateforme d’experts pluridisciplinaires. Construit autour d’un diagnostic partagé et d’une analyse des controverses structurantes, ce travail a permis d’aboutir à la définition de recommandations politiques « sans regret », visant à accélérer les politiques de rénovation énergétique en France, en s’appuyant sur deux deux principes clés : changement d’échelle et performance de la rénovation.
L’objectif des politiques de rénovation est de viser la performance des logements en tenant compte de ses multiples dimensions : performance environnementale (climatique, énergétique et écologique), sociale (confort de vie, santé, lutte contre la précarité énergétique), économique et technique. L’ensemble des dispositifs politiques doivent être alignés avec cet objectif de performance.
Les messages clés
En dépit de progrès récents, les politiques de rénovation énergétique restent freinées par des controverses qu’il s’agit de rendre explicites pour pouvoir les dépasser. Ces controverses concernent aussi bien les objectifs politiques que les approches stratégiques de mise en œuvre.
Le débat sur la pertinence et la faisabilité des rénovations énergétiques performantes traverse une grande partie de ces controverses. Il peut être dépassé en mobilisant les visions prospectives et l’analyse économique : les premières convergent sur la nécessité de massifier très rapidement ces rénovations performantes pour atteindre l’objectif de la neutralité carbone. La seconde permet d’identifier et de mettre en œuvre les conditions de viabilité des rénovations performantes, facteur de réussite clé pour leur massification.
Pour accélérer le rythme de rénovation des logements privés, plusieurs actions sans regret peuvent être identifiées : celles-ci visent avant tout à aligner l’ensemble des instruments de politique publique (communication, accompagnement, aides financières, dispositifs de financement, réglementation) avec l’objectif de performance, tout en évitant le fonctionnement en « silos » des différentes politiques ciblant le logement.
Dans un contexte marqué par des crises et une urgence sans précédent, les acteurs sont en attente d’un signal politique fort permettant de définir un cap clair pour les décennies à venir. Partant du travail sur les controverses, cela appelle à la définition partagée d’une feuille de route ambitieuse pour réussir le pari de la rénovation des logements.
Réussir le pari de la rénovation énergétique – Rapport de la plateforme d’experts pour la rénovation énergétique des logements en France, IDDRI-ADEME Mai 2022
La fonction du logement social est aujourd’hui questionnée.
La Fédération nationale des Offices Publics de l’Habitat a mené une étude sur l’occupation du parc de logements des offices et sur son évolution au cours de ces dix dernières années pour alimenter les réflexions sur le sujet.
Les résultats ont été obtenus à partir de l’analyse des données de l’OPS (occupation du parc social), du RPLS (répertoire du patrimoine locatif social) et du SNE (service national d’enregistrement des demandes de logement) – et d’une enquête auprès des offices publics eux-mêmes. 82% des 232 offices représentés par la fédération ont répondu, les réponses représentant ainsi plus de 2 millions de logements et près de 6 millions d’habitants.
Le document dresse notamment :
un portrait du parc des OPH (répartition géographique, structure, typologie des logements, loyers…) ;
un profil socio-économique des ménages logés par les OPH avec un zoom sur le taux d’effort et le rôle crucial de l’APL ;
une comparaison entre l’offre du parc des OPH et la demande.
Deux objectifs demeurent en tension : loger le plus grand nombre et privilégier les plus précaires.
Cette étude réalisée avec l’appui du cabinet de conseil CMI Stratégie est enrichie d’éclairages apportés par Pascale Dietrich-Ragon, sociologue à l’Ined, sur la perception des HLM par les locataires et demandeurs, lesquels considèrent l’accès au logement social comme « un levier de sécurisation et de promotion sociale » et « un mécanisme de compensation face aux injustices sociales ».
Dans le cadre de leur mission en matière d’observation, les ADIL publient différentes études sur le logement, les ménages et les marchés de l’habitat à l’échelle intercommunale, départementale, voire régionale. Ces études peuvent être inscrites dans des partenariats avec des collectivités locales, des professionnels de l’immobilier, ou d’autres acteurs du logement au niveau local. Elles peuvent également participer à un dispositif national (comme en matière de loyers) ou intervenir en continuité avec une mission de l’ADIL (animation du PDALHPD, action renforcée en matière de prévention des expulsions, etc.).
L’ANIL présente brièvement 75 études parmi celles publiées par les ADIL en 2021. Ces publications portent sur sept thématiques : la conjoncture et la structure des marchés immobiliers locaux, l’accession à la propriété, la performance énergétique, la copropriété, les marchés locatifs privés, le logement locatif social et enfin, la connaissance des publics spécifiques ou rencontrant des difficultés de logement.
On lira notamment au chapitre « précarité énergétique et éco-rénovation », deux études visant à améliorer la connaissance des profils des ménages et des types d’habitats concernés par des dispositifs de lutte contre la précarité énergétique, de résorption de l’habitat dégradé ou par des politiques en faveur de la rénovation énergétique :
ADIL 04-05 : Observatoire de l’habitat dégradé et de la précarité énergétique (Avril 2021). Étude visant à identifier les problématiques rencontrées sur la qualité des logements dans les Hautes-Alpes.
ADIL 49 : La précarité énergétique en Maine et Loire (Novembre 2021). Étude de l’Observatoire départemental de l’habitat visant à dresser un état des lieux de cette précarité dans le département et les disparités visibles au sein des intercommunalités.
Consulter l’intégralité des études 2021 du réseau des ADIL :
Le Réseau des acteurs de l’habitat, en étroite collaboration avec le Réseau Recherche Habitat Logement et l’Union sociale pour l’habitat, réalise depuis 2013 un répertoire des recherches sur le logement et l’habitat. Chaque année est proposée une édition papier aux participants des journées annuelles « Quoi de neuf chercheurs ? ».
Ce panorama présente des opérations de recherche, impliquant en général plusieurs chercheurs, voire plusieurs équipes, sur des temporalités parfois longues et débouchant sur des publications de nature variée ; des thèses de toute origine disciplinaire, en cours d’élaboration ou déjà soutenues ; et sous l’appellation « autres coopérations », des actions diverses tant par leur objet que par leur nature (ateliers étudiants, actions de formation, cycles de conférence…) qui viennent enrichir l’éventail des collaborations établies « sur le terrain » entre l’univers de la recherche et celui de l’action.
L’édition 2022 présente notamment plusieurs opérations en cours ou achevés sur le thème de la précarité énergétique.
Une plateforme en ligne met également à disposition les quelques 750 travaux recensés depuis 2013.
Consulter le Panorama de la recherche sur l’habitat (Édition papier 2022) :
Un panorama de recherches en cours dans le domaine de l’habitat et du logement, Édition 2022, Réseau des Acteurs de l’Habitat et REHAL
Vous souhaitez contribuer au panorama de la recherche sur l’habitat ?
Vous pouvez créer en ligne une fiche pour un programme de recherche depuis la plateforme en ligne. Les travaux mentionnés dans le répertoire en ligne pourront figurer dans la version papier éditée en 2023, à condition que la fiche soit soumise pour le 20 mai 2022. Les travaux achevés avant le 31 décembre 2019 ne figureront pas dans la version papier qui sera éditée en 2023, mais ils resteront accessibles sur la plateforme en ligne. Pour plus de précisions, consulter la note d’enrichissement du panorama.
Après les promesses et les ambitions politiques sur les objectifs du chèque énergie, arrivent les constats.
Dans son rapport publié le 24 février 2022, la Cour des comptes dresse un ensemble de constats qui semblent justifier la conduite d’une réflexion sur la nature réelle du dispositif : elle relève notamment que le seul critère retenu par les pouvoirs publics (le niveau de vie des membres des ménages) rend son ciblage peu performant.
Selon la Cour des comptes, environ 25 % des ménages en situation réelle de précarité énergétique ne reçoivent pas le chèque énergie. Inversement, environ la moitié des ménages qui le reçoivent ne remplissent pas les conditions de précarité énergétique. En outre, son montant est trop faible pour lutter efficacement contre cette précarité et « relègue sa fonction à celle d’une aide sociale de soutien au pouvoir d’achat des ménages au niveau de vie le plus faible ». Quant au taux d’utilisation du chèque par les ménages qui le reçoivent, celui-ci est de 80% en 2020, soit un taux de non-recours de 20%.
Enfin, le fait que le chèque puisse financer tout type d’énergie va à l’encontre des objectifs climatiques de la France, puisqu’il aboutit à subventionner pareillement l’usage d’énergies carbonées et décarbonées.
Le rapport appelle le législateur à clarifier les objectifs du dispositif et à améliorer son fonctionnement. Il propose trois scénarios pour la refondation et redéfinition du chèque énergie:
rendre l’aide libre d’emploi ;
accompagner le dispositif actuel d’une hausse de la taxation du carbone ;
cibler les seuls ménages en situation de précarité énergétique.
L’Institut de l’Économie pour le Climat est une association à but non lucratif experte de l’économie et de la finance. I4CE souhaite faire avancer la lutte contre les changements climatiques en informant le débat sur les politiques publiques et en accompagnant les décideurs publics et privés.
PanelRénov’ : un outil d’analyse de la viabilité économique des projets de rénovation pour les ménages
L’I4CE a développé PanelRénov’, un outil basé sur des situations concrètes et qui se place du point de vue des ménages pour identifier les obstacles économiques à la rénovation. L’outil tient compte de nombreux facteurs comme le coût des travaux, les montants d’aides publiques (MPR, CEE, Habiter Mieux, éco-PTZ), le prix des énergies, le recours à l’emprunt ou aux fonds propres des ménages. Il en calcule les effets sur cinq indicateurs-clés et détermine si les projets de rénovation sont économiquement viables à partir de seuils définis sur la base de la littérature et d’entretiens avec des ménages rénovateurs, des plateformes territoriales et des experts de la rénovation. L’outil est en accès libre sur le site d’I4CE.
Analyse de 6 situations concrètes de ménages souhaitant rénover leur logement
A l’aide de cet outil, I4CE a souhaité évaluer si la trajectoire des opérations de rénovations énergétiques actuelles étaient alignées avec les objectifs nationaux de la Stratégie nationale bas-carbone, à savoir un parc de logements faiblement consommateur et n’émettant plus de CO2 à l’horizon 2050, ce qui doit se traduire par des rénovations performantes des logements, à un niveau « Bâtiment basse consommation » en moyenne.
En se basant sur 6 maisons individuelles sélectionnées afin de rendre compte de la diversité du parc de logement français (typologie, géométrie, mode de chauffage), I4CE a ainsi étudié la viabilité économique de quatre type de projets de rénovation : la rénovation globale atteignant le niveau BBC (bâtiment basse consommation), une rénovation intermédiaire combinant un bouquet de quelques gestes, permettant d’atteindre une réduction de la consommation énergétique de 40 %, une rénovation simple (par exemple l’isolation des combles ou des fenêtres) et une rénovation centrée sur la réduction des émissions de carbone via le remplacement du système de chauffage par un système électrique très performant.
Les aides publiques actuelles ne permettent pas d’atteindre les objectifs nationaux
L’étude montre que le système d’aides à la rénovation énergétiques ne coïncide pas aujourd’hui avec une trajectoire bas carbone à l’horizon 2050. Plusieurs raisons à cela :
Les conditions d’éligibilité des aides actuelles ne sont pas alignées avec l’objectif de rénovation globale : les nombreuses aides publiques en faveur de la rénovation énergétique financent en majorité des rénovations simples (99,7% pour MaPrimeRénov, 67% pour l’éco-PTZ) qui « consistent le plus souvent à entretenir des logements, par exemple pour remplacer une chaudière en panne, sans logique de performance à terme. » Par ailleurs, les conditions d’éligibilité des volets des aides portant sur la rénovation globale sont jugés trop peu ambitieux puisque le seuil d’éligibilité et fixé entre 35 et 55% d’économies d’énergie et au moins une étiquette E après travaux. « Or, pour qu’une rénovation globale soit performante du point de vue des objectifs nationaux, il faut viser une réduction de la consommation d’énergie primaire de l’ordre de 75%. »
Le montant des aides est relativement bas au regard du coût des rénovations globales : une rénovation globale et performante coûte en moyenne 40 à 91 000€. Or pour les ménages précaires l’aide Habiter mieux est plafonnée entre 10 500 et 15 000€ selon le niveau de revenus, et pour les revenus intermédiaires le forfait rénovation globale de MaPrimeRénov’ subventionne les travaux à hauteur de 7 000€ (+7 000€ de prime CEE). Par ailleurs, l’étude démontre qu’il est souvent plus intéressant pour un ménage de réaliser une demande d’aide pour chaque geste de travaux séparé que de réaliser une demande d’aide à la rénovation globale : « Pour l’ensemble des rénovations globales étudiées, le programme Habiter Mieux n’est intéressant que dans un 1 cas sur 12 comparé à l’addition des aides par geste MaPrimeRénov’ et CEE ». Et malgré tout, les aides additionnées ne couvriraient généralement qu’entre 20 à 40% des coûts de la rénovation globale, du fait des limites imposées par les dispositifs (en termes de montant d’aide total, de pourcentage de dépenses éligibles ou d’assiette des travaux éligibles).
Avec les aides actuelles, les rénovations globales ne sont pas viables pour les ménages : le reste à charge pour les ménages est décourageant pour les ménages souhaitant se lancer dans une rénovation globale, avant même de considérer l’emprunt pour couvrir celui-ci. Il se situe entre 25 et 55 000€ pour les ménages modestes ou très modestes.
En obtenant un Eco-PTZ (pour le cas où le ménage dispose d’une capacité d’emprunt), le reste à charge pour ces ménages reste entre 5 et 35 000€. Et le temps de retour sur investissement (perspective de réaliser des économies) est systématiquement supérieur à 10 ans, ce qui intervient très tard pour un ménage qui se projetterait difficilement au-delà de cette échéance.
Deux alternatives pour rendre économiquement viables les rénovations globales
I4CE étudie dans son rapport deux pistes pour améliorer la viabilité économique des rénovations globales :
Accroître la fiscalité carbone (et ainsi augmenter le prix des énergies carbonées), supprimer les subventions et faciliter l’accès au crédit bancaire à taux bas. Dans ce cas, les économies d’énergies ne permettent pas de rembourser les mensualités du prêt. Et une tarification de l’énergie très élevée serait nécessaire pour que le temps de retour sur investissement des rénovations globales reste inférieur ou égal à 10 ans, dans la mesure où les ménages appréhenderaient difficilement une hausse future des prix de l’énergie et le coût des travaux d’entretien qu’ils devront mener de toute manière dans leurs logements.
Augmenter les subventions pour les rénovations globales, en les combinant à un prêt à taux bas. Des taux de subvention de 40 % pour les ménages les plus aisés et jusqu’à 100 % du coût des travaux pour les ménages les plus modestes (inspiré du barème proposé par la mission Sichel) permettraient de rendre les projets de rénovation globale viables, à condition que les ménages puissent également obtenir un prêt à taux bas, sur une durée longue (jusqu’à 30 ans), et un plafond élevé (jusqu’à 60 000 euros). Au-delà de son intérêt pour les ménages rénovateurs, les implications de cette prise en charge, notamment son coût budgétaire, restent à évaluer.
Consulter l’étude :
Quelles aides publiques pour la rénovation énergétique des logements ? I4CE, Février 2022
PanelRénov’ : un outil pour analyser la viabilité économique des projets de rénovation
Effy qui se présente comme le 1er spécialiste de la rénovation énergétique au service des particuliers, publie un portrait-robot original des passoires thermiques françaises (logements classés F ou G) allant à l’encontre de certaines idées reçues.
Son étude se base sur les données recueillies par l’Observatoire national de la rénovation énergétique (Onre), mis en œuvre par le ministère de la Transition écologique. Toutefois, aucune indication n’est donnée sur la taille et la constitution de l’échantillon.
Les logements les plus énergivores sont en majorité occupés par des ménages modestes : FAUX
58 % des passoires thermiques est occupée par des ménages aux revenus intermédiaires ou hauts revenus.
Ces logements énergivores sont en majorité occupés par des locataires : FAUX
58 % de ces logements énergivores sont occupés par leurs propriétaires. Cette part baisse à 35 % pour les locataires du parc privé et à 7 % pour les locataires du parc social.
Les passoires thermiques concernent uniquement les petites surfaces : FAUX
40 % des passoires thermiques sont des appartements et 60 % des maisons. La superficie moyenne des passoires thermiques françaises se situerait ainsi entre 60 et 100 m².
Vendre son bien est une fatalité quand on possède une passoire thermique : FAUX
Le coût et l’ampleur des travaux à réaliser pour rénover leur bien effraieraient les propriétaires qui préféreraient s’en “débarrasser”. Or, 72 % des propriétaires de logement déclarent ne pas s’être renseignés sur les aides et 60 % d’entre eux disent n’avoir aucune idée du coût des travaux. Une alternative à la vente de son bien existe et passe par une meilleure information, un meilleur accompagnement.
Les maladies cardio-vasculaires et respiratoires, parfois mortelles, sont des risques sanitaires liés à des températures intérieures basses du fait de l’inefficacité énergétique des logements. Les occupants des 5 % des logements les plus énergivores, en particulier les ménages à faible revenu, sont exposés de façon accrue à ce risque sanitaire.
Le Ministère de la transition écologique consacre un Théma aux bénéfices de santé résultant de la rénovation énergétique des logements. Dans cette publication, il présente synthétiquement les travaux qui ont permis de quantifier et monétariser ces bénéfices de santé. Il nous fait également part d’un outil clé en main pour intégrer les bénéfices de santé dans les évaluations socio-économiquesex ante de politiques publiques ou de projets d’investissement visant la rénovation énergétique des logements.
On apprend notamment que :
le gain moyen annuel pour la société produit par une rénovation est estimé à 7 500 €, décomposé en 400 € de réduction des coûts de soin, 1400€ d’amélioration du bien-être et 5 700 € de réduction du risque de mortalité.
La rénovation de l’ensemble des passoires énergétiques d’ici 2028 permettrait ainsi d’éviter des coûts de santé de près de 10 milliards d’euros par an : une économie de 525 millions d’euros en coût de santé pour la sécurité sociale, un gain en bien-être de 1,7 milliard d’euros du fait d’une meilleure santé des occupants de ces logements, ainsi qu’un coût social de mortalité évité de 7,4 milliards d’euros (correspondant à 2 200 décès évités)
Rénovation énergétique des logements : des bénéfices de santé significatifs
Ministère de la Transition écologique, Théma – mars 2022
La commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée Nationale a mandaté une « mission flash » consacrée au bilan de l’expérimentation d’une tarification sociale de l’eau. Le 23 février 2022, ses recommandations étaient rendues publiques pour permettre un déploiement sur tout le territoire.
Contexte : afin d’améliorer l’accès à l’eau des personnes précaires, la loi du 15 avril 2013 visant à préparer la transition vers un système énergétique sobre, dite loi « Brottes », a autorisé à titre expérimental la mise en place d’une tarification sociale de l’eau (41 collectivités étaient parties-prenantes). Depuis 2020, ce dispositif est ouvert à l’ensemble des collectivités territoriales chargées du service public d’eau et d’assainissement (SPEA).
Les points de blocages identifiés par la mission
L’accès à l’eau est un sujet politique traité de manière variable selon les territoires :
Les prix de l’eau sont très hétérogènes en fonction des territoires. Le prix moyen de l’eau s’élève à 4,19 euros par m3 au 1er janvier 2020, ce qui représente une facture de 503 euros par an, soit 42 euros par mois. En France métropolitaine, les prix moyens varient de 3,66 euros par m3 en Provence-Alpes-Côte d’Azur à 4,8 euros par m3 en Bretagne. Ces disparités s’expliquent en partie par le contexte local et des choix politiques.
Le renouvellement des réseaux et des installations est trop faible et de nombreux services d’eau vont bientôt se trouver face à un mur d’investissement. En effet, près de 40 % des réseaux d’eau potable ont plus de 50 ans, sachant que leur durée de vie est comprise entre 60 et 80 ans.
Les politiques sociales de l’eau sont caractérisées par une grande diversité, reflet des disparités territoriales et des choix politiques des collectivités en matière d’accès à l’eau : aides forfaitaires au paiement de la facture d’eau (chèque eau, allocation eau), tarification sociale de l’eau (modulation du prix de l’eau pour certaines catégories d’usagers), aides financières attribuées au cas par cas (aides du CCAS), abondement du fonds de solidarité logement, sensibilisation aux économies d’eau (campagne de communication, kits d’économies d’eau…)
La mise en œuvre d’une politique sociale de l’eau se heurte à plusieurs difficultés :
Des transferts de données par les administrations sociales qui font l’objet de blocages : ce constat est variable selon les territoires mais certains organismes sociaux évoquent le règlement général sur la protection des données (RGPD), d’autres le manque de moyens techniques et humains pour effectuer le transfert de données.
Un important taux de non-recours aux droits : le montant de l’aide est relativement faible (entre 10 et 150 euros par an) et/ou les dispositifs sont peu connus des usagers (seule une personne sur trois en connaîtrait l’existence). La lourdeur administrative des démarches à effectuer, mais également la peur d’être stigmatisé ou de faire l’objet de contrôles, conduit les personnes en situation de fragilité à renoncer à faire valoir leurs droits.
Des coûts de gestion parfois rédhibitoires : les coûts de fonctionnement sont élevés comparativement aux montants d’aides perçus et l’attribution nécessite une maîtrise d’œuvre conséquente que certaines structures ne peuvent assurer en interne.
Les propositions pour lever les freins à la généralisation de la tarification sociale de l’eau
Établir des plans d’actions destinés à améliorer les conditions d’accès à l’eau dans chaque collectivité :
Connaître les usages et les modes de consommation de l’eau de chaque collectivité et disposer d’indicateurs de précarité hydrique.
Créer des outils à l’échelle nationale pour favoriser les mises en place des dispositifs : une plateforme cartographiant l’ensemble des collectivités engagées dans une politique sociale de l’eau ; une grille de lecture, type logigramme, pour identifier les mesures les plus adaptées en fonction des caractéristiques locales ; un dossier méthodologique précisant les démarches administratives à effectuer et les moyens à mettre en œuvre dans le dispositif choisi.
Aller vers une généralisation de la politique sociale de l’eau sur tous les territoires :
Une tarification progressive présente l’avantage de poursuivre un objectif à la fois écologique et social. 3 tranches pourraient être distinguées :
une première tranche de 0 à 80 m3 pour « l’eau essentielle », à un coût symbolique ;
une deuxième tranche de 81 à 200 m3 pour « l’eau utile », à un tarif inférieur au coût des services ;
une troisième tranche au-delà de 200 m3 pour « l’eau de confort », à un tarif supérieur permettant d’équilibrer le budget du SPEA
Un encadrement plus strict du montant des abonnements mériterait d’être envisagé.
L’accès automatique aux aides financières constitue une condition impérative du déploiement d’une politique sociale de l’eau.
Améliorer le transfert de données de la part des administrations sociales.
Développer les actions de prévention et de sensibilisation à une consommation raisonnée de l’eau : détection des fuites d’eau, promotion des atouts de l’eau du robinet…
Garantir un accès à l’eau aux personnes non raccordées : nécessité préalable de clarifier les rôles et compétences des collectivités en la matière et de définir la notion d’accès à l’eau. La mise en place de schémas directeurs paraît une solution simple et adaptée pour répondre à cette question complexe.
Synthèse et Communication de la Mission « flash » sur le bilan de l’expérimentation d’une tarification sociale de l’eau
Assemblée Nationale, Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, 23 Février 2022
Cette nouvelle étude réalisée par l’Institut Négawatt et Dorémi se base sur des constats structurants sur les dynamiques de la rénovation énergétique : • Il est nécessaire de changer d’échelle en nombre de rénovations et en niveau de performance de ces rénovations ; • La rénovation complète et performante a fait ses preuves (avec une division par 4 à 8 des factures de chauffage), et elle doit être généralisée ; • Les dispositifs actuels de financement, d’accompagnement et de travaux orientent encore trop vers la rénovation « par gestes », partielle, et ils ne sont pas adaptés à la rénovation performante.
L’étude se focalise sur ces 8 millions de passoires énergétiques construites avant la première réglementation thermique de 1975, parmi les plus consommatrices de chauffage en France. Elle vise à concevoir des mécanismes de financement à la rénovation performante adaptés à la situation de chaque propriétaire de maison individuelle quelle que soit sa situation (revenu, âge, endettement…), sans accroître ses charges contraintes, donc en préservant son pouvoir d’achat.
Une « Offre universelle de financement »
L’étude pose ainsi le cadre de ce que peut être une « Offre Universelle de Financement » de la rénovation performante dont les caractéristiques fondamentales sont les suivantes : • Elle permet au ménage d’atteindre un « équilibre en trésorerie » : la facture de chauffage avant travaux est supérieure ou égale au montant du remboursement du financement + la facture de chauffage résiduelle après travaux ; • Elle est remboursée par une mensualité unique, intégrant les aides et subventions, et ne requiert pas d’avance de trésorerie par le ménage ; • Elle s’intègre dans une offre complète, prenant en compte non seulement le financement des travaux, mais également l’accompagnement dans la réalisation et le suivi qualité des travaux.
Quatre mécanismes financiers, basés pour l’essentiel sur des dispositifs existants
L' »Offre Universelle de Financement » repose sur des caractéristiques telles que l’équilibre en trésorerie[1], une mensualité unique de remboursement intégrant aides et subventions sans avance de trésorerie et une proposition d’offre complète comprenant financement, accompagnement et suivi du projet.
Voici les 4 mécanismes financiers complémentaires proposés, basés pour l’essentiel sur des évolutions de dispositifs existants, ainsi que sur le système d’aides actuel :
L’éco-Prêt à Taux Zéro rénovation performante est une adaptation de l’éco-PTZ actuel qui vise à le rendre plus attractif pour les acteurs financiers, et plus adapté en termes de plafond et de maturité pour la rénovation performante. Ce prêt peut être proposé à tous types de ménages dès lors qu’il satisfait aux contraintes de solvabilité classiques imposées par les banques notamment le taux d’endettement, il ne prend donc pas en compte les économies d’énergie dans les critères d’octroi. Ainsi, il ne s’adresserait pas en priorité aux ménages très modestes et âgés.
Le prêt rénovation performante propose une offre de prêt complémentaire aux ménages ayant un profil de risque plus élevé et/ou ayant atteint le plafond de leur capacité d’endettement. À la différence de l’éco-PTZ, les économies d’énergie sont prises en compte comme véritables sources de financement, ce qui permet d’améliorer la solvabilité du ménage. Qui plus est, ce prêt devient de plus en plus intéressant au fur et à mesure que le coût de l’énergie augmente. Ce produit est donc particulièrement adapté aux ménages non solvables et payant des factures d’énergies élevées.
Le Prêt Avance Mutation rénovation performante s’adresse aux ménages ne pouvant pas accéder aux deux premiers mécanismes. Il découle du Prêt Avance Rénovation instauré par la loi Climat et Résilience. Il se rapporte à un prêt garanti par hypothèque, dont le remboursement des intérêts et du capital a lieu soit grâce aux économies d’énergie, soit à la vente du bien (mutation ou décès). Ce dispositif serait destiné en priorité aux ménages très modestes âgés. Il cible également les autres catégories de ménages ne disposant pas de réserve de capacité d’emprunt.
Le tiers-investissement permet au ménage de faire financer entièrement ou partiellement son projet par un tiers-investisseur, généralement une société de services énergétiques. Le tiers investisseur apporte les fonds, gère l’ensemble du projet et garantit les économies d’énergies au travers d’un contrat de service assorti de versements (loyers, redevances). Le tiers-investissement est destiné à tous les ménages propriétaires.
20 propositions pour rendre ces mécanismes opérants
Pour rendre ces mécanismes opérants, l’étude émet 20 propositions, comme la prise en compte des économies de chauffage dans les critères d’octroi de prêt, l’augmentation des maturités de prêts, le compte travaux pour les ménages, ou des mesures incitatives pour les établissements financiers. L’attachement à la pierre de la dette est également analysé : il s’agit d’un mécanisme permettant la transmission de la dette entre les occupants successifs d’un bien rénové. Son intérêt fondamental réside dans l’augmentation de la durée du prêt, qui permet elle-même de réduire les mensualités et donc de sécuriser, ou de systématiser, l’équilibre en trésorerie. Il peut également permettre, à terme, le financement systématique par le ménage de l’accompagnement et du suivi qualité des travaux.
Une étude des mécanismes proposés sur 12 cas-types
En se basant sur une modélisation de cas-types grâce à un outil développé par I4CE (Institute for Climate Economics), l’étude montre enfin que les mécanismes financiers proposés permettent de financer la rénovation performante dans des conditions favorables pour les ménages comme pour les pouvoirs publics.
Sur les 12 cas étudiés (6 maisons représentatives du parc, pour deux profils de ménage différents) :
Pour les ménages avec capacité d’endettement, il est possible dans 4 cas sur 6, de parvenir à une offre de financement avec équilibre en trésorerie sur 25 ans, sans apport du ménage, et avant toute aide directe de l’Etat + CEE. Toute aide directe supplémentaire, permettra alors d’améliorer l’attractivité du projet de rénovation.
Pour les ménages sans capacités d’endettement, les dispositifs proposés par l’OUF rendent possible, dans 5 cas sur 6, un projet de rénovation performante avec un coût pour l’Etat (subventions directes plus dotations éco-PTZ rénovation performante ou prêt rénovation performante fondé sur les économies d’énergies) inférieur au coût des dispositifs actuels.
Consulter le rapport d’étude et sa synthèse :
Rapport complet
Synthèse de l’étude
Vers une Offre Universelle de Financement (OUF) Des solutions pour financer la rénovation performante des maisons, adaptées à chacun, Institut négaWatt et Dorémi, Novembre 2021
Le 27ème rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre dresse un nouvel état des lieux du mal-logement en France.
La Fondation Abbé Pierre constate que la crise du logement se superpose à la crise sanitaire et continue de fracturer en profondeur notre société dans un pays marqué par la précarisation de couches entières de la population. Les jeunes, les habitants les plus précaires et les plus isolés des quartiers populaires, et les personnes exilées sont les premières victimes.
Selon la Fondation Abbé Pierre :
4,1 millions de personnes sont non ou mal logées
14,6 millions de personnes sont fragilisées par la crise du logement
Elle souligne que le mandat d’Emmanuel Macron, plein de promesses en matière de lutte contre le mal-logement et la pauvreté (« choc de l’offre » de logements, accès important au « Logement d’abord »), s’achève en réalité bien loin du compteet les plus pauvres restent les oubliés de ce quinquennat.
300 000 personnes sans domicile fixe. « Ce chiffre a plus que doublé depuis 2012, et triplé depuis 2001 » indique la Fondation Abbé Pierre.
Des choix budgétaires et fiscaux, profondément inégalitaires, n’ont pas favorisé les politiques du logement et notamment en direction des personnes les plus pauvres. La politique du « Logement d’abord », malgré des avancées remarquées, est restée marginale au profit de solutions d’urgence précaires.
La Fondation pointe également les coupes dans les aides personnelles au logement (APL) comme symboles de l’injustice des choix budgétaires et montre que les perdants sont plus nombreux que les gagnants. Sur six millions d’allocataires, 30 % ont perdu en moyenne 73 euros (400 000 ménages ont même perdu toute allocation). Le principal gagnant est au final l’État, qui réalise 1,1 milliard d’euros d’économies en 2021.
Le logement social est en outre désigné dans le rapport comme le mal-aimé du quinquennat. La baisse continue des aides à la pierre pour les organismes Hlm et la lourde ponction que leur impose l’État à travers la « Réduction de loyer de solidarité » (RLS) entravent non seulement la production de logements sociaux supplémentaires (la construction n’a jamais été aussi basse depuis 15 ans) mais aussi les efforts des bailleurs pour l’entretien et la rénovation de leur patrimoine. Entre 2018 et 2022, l’État aura privé les organismes Hlm de six milliards d’euros.
Toutefois, au crédit du quinquennat, la Fondation Abbé Pierre reconnaît des points plus positifs ou a minima en demi-teinte tels que :
le renouvellement des dispositions de la loi SRU sur les quotas de logements sociaux, en regrettant toutefois l’insuffisante pression sur les communes qui ne respectent délibérément pas leurs obligations en la matière ;
la rapide montée en puissance, depuis 2019-2020, de la rénovation énergétique, secteur dans lequel les ambitions sont fortes mais les résultats encore insuffisants en raison du faible nombre de rénovations globales au profit de travaux isolés ;
le chèque énergie revalorisé, mais qui, avec une moyenne de 148 euros par an, ne compense pas suffisamment l’augmentation des dépenses des ménages modestes en ce domaine ;
la création du fonds friche, jugé très utile ;
les quelques avancées législatives en matière de lutte contre le logement indigne mais domaine dans lequel les moyens sont insuffisants et les sanctions encore trop occasionnelles ;
le rétablissement de l’encadrement des loyers, mais on déplore son caractère facultatif et expérimental.
Ce 27ème rapport énonce des préconisations pour « soigner une France fracturée par la crise du logement » et parmi elles :
en matière de rénovation énergétique, aller davantage vers des rénovations globales, qui ne représentent aujourd’hui que 1% des primes versées, contre 86% pour les travaux ponctuels ;
le doublement du chèque énergie et la suppression des coupures ;
sur la lutte contre l’habitat indigne, la création d’une Agence nationale des travaux d’office, destinée à mutualiser les compétences et permettre aux villes de petites tailles de faire face, seules, à des procédures complexes.
La Fondation en appelle à une mobilisation générale accompagnée de nouvelles politiques de la part de l’État mais aussi d’une implication sans faille des collectivités locales. Le mal-logement n’est pas une fatalité.
27ème rapport sur l’état du mal-logement en France
L’Observatoire national de la précarité énergétique publie son rapport d’activité pour l’année 2021. L’occasion de mieux comprendre les missions et le fonctionnement de cet observatoire et surtout de découvrir les travaux réalisés en 2021 (études, enquêtes, outils opérationnels, actions de communication) et les perspectives pour 2022.
Le tableau de bord de la précarité énergétique 2021 vient d’être actualisé.
Il affiche les tendances statistiques de l’évolution de la situation des ménages français en précarité énergétique en 2020.
Le nombre de ménages dont le taux d’effort énergétique est supérieur à 8% diminue entre 2019 (11,5%) et 2020 (10,5%) soit 3 millions de ménages concernés. Cela s’explique par la douceur hivernale sur la période et un « gain du pouvoir d’achat énergétique », notamment en lien avec les mesures d’aides exceptionnelles versées pour faire face à la crise.
A l’inverse le nombre de ménages déclarant souffrir du froid au cours de l’hiver 2020-2021 a très fortement augmenté (20% contre 14% à l’hiver 2019-2020) soit 1 français sur 5. La limitation du chauffage pour des raisons financières est la deuxième raison évoquée après la mauvaise isolation du logement. Le taux de ménages rencontrant des difficultés de paiement de leurs factures d’énergie a plus que doublé entre 2019 (10%) et 2021 (25%). Les 18-34 ans sont les plus touchés : 46% d’entre eux déclarent avoir des difficultés à payer leurs factures (contre 32% en 2020). En outre, 51% des ménages déclarent en 2020 avoir souffert du chaud pendant au moins 24h en raison de la canicule (et aussi du manque d’isolation et de la mauvaise ventilation).
Les conséquences de la crise sanitaire (confinements à domicile, baisse ou perte de revenus…) et l’augmentation des prix des énergies sont des pistes explicatives de ces augmentations.
Cette édition publie notamment les résultats de l’enquête menée par l’UNCCAS pour l’ONPE auprès de 75 CCAS/CIAS qui mettent en évidence les éléments suivants :
13% des CCAS/CIAS disposent d’un référent « énergie » dédié,
17% ont déjà suivi une formation sur la précarité énergétique,
si 53,5 % travaillent avec les correspondants solidarité des fournisseurs, ils travaillent plus régulièrement avec les bailleurs sociaux et les associations caritatives,
Les tranches d’âge les plus touchés par la précarité énergétique sont les personnes de moins de 45 ans,
Si le chèque énergie et le FSL sont très bien connus des CCAS/CIAS, les dispositifs d’aides à la rénovation le sont beaucoup moins,
L’enveloppe dédiée aux aides à l’énergie est en moyenne de 9 367 € variant de 1 000 à 60 000 € en fonction de la taille de la structure.
Enfin, près d’un quart des CCAS/CIAS déclarent que la crise sanitaire a généré un flux supplémentaire de demandes d’aides « énergie ». Un tiers des CCAS/CIAS répondant estime que de nouveaux publics sont apparus pour les aides à l’énergie, et en particulier des travailleurs précaires, des étudiants, des retraités, des familles monoparentales et des personnes en rupture d’emploi ou au chômage partiel.
Tableau de bord de l’ONPE – édition du 2ème semestre 2021
A ce jour, le public étudiant est un angle mort de l’observation de la précarité énergétique. En France, comme en Europe il n’existe aucune statistique pour cette population. Les publications de recherches sont rares.
La chaire HOPE a confié en 2020-2021 deux projets d’observation, respectivement aux étudiants de Sciences Po Grenoble et aux étudiants de l’institut d’urbanisme et de géographie alpine, afin de faire un état des lieux de la situation en France et sur la Région Grenobloise.
Les résultats de ces projets sont présentés dans plusieurs rapports :
Le 17 juin 2021, une trentaine d’internes en médecine ont participé à une journée d’échanges autour de la précarité énergétique, organisée par la Chaire HOPE de la Fondation Grenoble INP et le département de médecine générale de l’Université Grenoble Alpes. Cette rencontre a notamment donné lieu à la réalisation d’une boîte à outils mobilisables pour les médecins.
En parallèle des groupes d’étudiants se sont emparés du sujet pour informer et agir dès maintenant : création d’un guide « prévenir et guérir la précarité énergétique étudiante », création d’un site web dédié qui recense l’ensemble des travaux et outils développés par les étudiants, etc.
Plusieurs webinaires de restitution (disponibles en replay) ont été organisés pour valoriser l’ensemble de cette dynamique :
Cette note produite par la revue futuribles en partenariat avec le Centre d’observation de la société à partir des données provisoires de l’INSEE concernant l’année 2020 propose une analyse des inégalités de niveau de vie et de l’évolution du taux de pauvreté en France depuis les années 70.
Des inégalités de niveau de vie globalement stables :
Selon les données 2020 de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques), l’indice de Gini est revenu à son niveau de 2017 (0,29) [1]. Même chose pour le ratio dit de Palma, qui rapporte la masse globale des revenus que reçoivent les 10 % les plus riches à celle des 40 % les plus pauvres, qui s’établit à 1,06. Dans les années récentes, les mesures très favorables aux plus aisés prises en 2017 ont ensuite été compensées, notamment par le soutien aux bas revenus en 2019 — hausse de la prime d’activité —, obtenu suite aux manifestations des gilets jaunes.
Si on prend du recul, on observe une réouverture des écarts vers la fin des années 1990 et surtout au début des années 2000, avant même la crise de 2008. Après des décennies de diminution (1970-1980), les inégalités de niveau de vie ont alors commencé à augmenter. D’abord par le biais de l’envolée des revenus des catégories aisées, puis par la stagnation du niveau de vie des catégories moyennes et populaires. Depuis 2012, les évolutions sont limitées. Le niveau des inégalités est en 2020 similaire à son niveau du milieu des années 2000.
Si l’activité ne reprend pas durablement et qu’aucune mesure de redistribution des revenus n’est mise en place, la stabilisation actuelle ne pourrait être qu’une parenthèse. On pourrait alors revenir, d’ici à une décennie, à un niveau d’inégalité de revenus comparable à la situation des années 1970. Inversement, une baisse du chômage assortie de garanties sur la qualité de l’emploi (salaire et statut) pourrait effacer assez vite les effets de la hausse des inégalités constatée entre la fin des années 1990 et le milieu des années 2000.
Mais un taux de pauvreté en évolution :
Du côté de la pauvreté, la situation est différente. En 15 ans (de 2004 à 2019) le taux de pauvreté a progressé de 7 % à 8,2 % au seuil situé à 50 % du niveau de vie médian, et de 12,7 % à 14,6 % au seuil à 60 %. Selon le premier seuil, le nombre de pauvres a augmenté de 1,1 million (passant de 4,1 à 5,2 millions). En 2019, le taux de pauvreté a retrouvé son niveau de 1979.
Si la pauvreté a baissé dans les années 1970 et au début des années 1980, notamment du fait de l’amélioration de la situation des personnes âgées, le milieu des années 1990 et surtout le début des années 2000 ont marqué un tournant. La pauvreté progresse alors sous l’effet de plusieurs facteurs : la hausse du nombre de familles monoparentales aux faibles revenus et une croissance économique qui demeure historiquement faible avec pour conséquence un niveau de chômage élevé. La détérioration structurelle du marché du travail (précarité et bas salaires notamment) pèse en particulier sur le niveau de vie des plus jeunes.
Selon les données provisoires de l’INSEE concernant l’année 2020, le taux de pauvreté n’aurait pas augmenté. Globalement, les revenus sont restés quasiment stables en 2020, alors que l’activité a baissé de 8 %. Pour autant, cette situation n’est pas incompatible avec la croissance d’une forme de grande pauvreté, notamment celle de jeunes se retrouvant sans ressources.
L’évolution actuelle de l’emploi est favorable. Si elle se poursuit durablement, la pauvreté devrait diminuer mais cette évolution positive est conditionnée à la qualité des emplois et des personnes qui peuvent les occuper, les mesures de formation à disposition des moins qualifiés jouant un rôle majeur.
(1) Le coefficient de Gini permet d’évaluer le degré d’inégalité dans la distribution des revenus d’un pays donné. Il varie entre 0 et 1 (0 signifiant une égalité parfaite, 1 signifiant une inégalité totale)
La DREAL Grand Est propose un état des lieux de la lutte contre la précarité énergétique pour chacun des départements de la Région. Les « fiches portraits départementales de lutte contre la précarité énergétique » donnent un aperçu de la situation territoriale en 2021 et des actions en cours pour promouvoir l’amélioration énergétique de l’habitat auprès des plus précaires.
Pour chacun des départements, ces fiches proposent notamment :
Des chiffres clés sur les ménages exposés à la précarité énergétique et ceux éligibles aux aides de l’Anah ;
La présentation des démarches locales d’amélioration de l’habitat (OPAH/PIG, Action Cœur de ville, Petites Villes de Demain, service d’accompagnement à la rénovation) ;
Le bilan des aides Anah (Habiter Mieux et Ma Prime Rénov’) distribuées en 2020.
L’ONPE publie aux termes des six premiers mois de l’enquête un résumé et une synthèse des premiers enseignements. L’enquête intitulée « Les leviers et les freins à la sortie de la précarité énergétique » porte sur le suivi d’une cohorte de 30 ménages en situation de précarité énergétique sur une période de 12 mois. L’objectif est d’analyser et de saisir la dynamique des parcours de précarité énergétique et l’impact des dispositifs d’aide et d’accompagnement sur les situations de ces ménages.
La cohorte a été constituée de manière à varier les situations socio-résidentielles et les dispositifs d’accompagnement. Le suivi longitudinal repose sur cinq temps d’entretiens (à domicile et par téléphone). En complément, des entretiens ont été menés auprès des professionnels qui mettent en œuvre les dispositifs de lutte contre la précarité énergétique afin d’avoir un regard croisé sur les situations des ménages étudiés. La méthodologie élaborée repose sur la reconstruction et le croisement de deux types de trajectoires : les trajectoires objectives et les trajectoires subjectives.
Les premières analyses des trajectoires des ménages et des parcours d’accompagnement en matière de précarité énergétique montrent que :
L’isolement social peut contribuer à maintenir les ménages dans la précarité énergétique.
Ce sont davantage les problèmes financiers que les problèmes d’inconfort qui conduisent assez rapidement les ménages à rechercher des solutions. Le travailleur social constituant souvent le premier point d’entrée dans la construction d’un parcours d’accompagnement pour sortir de la précarité énergétique.
Les travailleurs sociaux ne diagnostiquent pas systématiquement les problèmes de précarité énergétique.
Les actions d’accompagnement sont discontinues. Même si les ménages se mobilisent assez rapidement pour solliciter une aide, les filières d’opérateurs ne permettent pas toujours d’apporter des solutions rapides, durables et globales. De fait, la précarité énergétique est un phénomène qui s’installe dans une durée longue.
Ces premiers constats amènent à soulever quelques pistes d’actions pour traiter les situations de précarité énergétique :
Agir conjointement sur deux leviers : traiter les problèmes financiers ET techniques ;
Penser la coordination entre les opérateurs locaux pour produire un parcours d’accompagnement plus efficace et réduire les délais pour agir sur les situations ;
Concevoir des dispositifs suffisamment souples et agiles pour traiter de la diversité des situations et prendre en charge les situations les plus « atypiques » ;
Partager des retours d’expériences et des échanges de solutions entre intervenants aux compétences et périmètres d’action différents.
Le travail d’analyse doit être poursuivi pour apprécier plus finement l’impact des dispositifs de lutte contre la précarité énergétique, de la crise sanitaire, de l’enchérissement des prix de l’énergie et du coût de la vie, ainsi que des aides de l’Etat sur la situation des ménages de la cohorte
Synthèse de l’enquête
Résumé
Enquête longitudinale– Suivi d’une cohorte de 30 ménages en précarité énergétique : Les leviers et les freins à la sortie de la précarité énergétique
Le tableau de bord de la précarité énergétique 2021 vient d’être actualisé.
Il affiche les tendances statistiques de l’évolution de la situation des ménages français en précarité énergétique en 2020 et révèle une forte aggravation des ressentis des ménages à propos de l’énergie. 20% des ménages déclarent avoir souffert du froid au cours de l’hiver 2020-2021 (contre 14% l’année précédente). Les préoccupations des ménages sur le poste énergétique ont fortement progressé : 84% des ménages estiment que la consommation d’énergie est un sujet de préoccupation important dans leur foyer. Les stratégies de restriction de chauffage visant à limiter les factures trop élevées qui semblaient moins fréquentes depuis 2013 ont bondi de 50% en 2020 à 60% en 2021. En matière de confort d’été, en 2020, 51% des ménages déclaraient avoir souffert d’un inconfort thermique pendant au moins 24h durant l’été.
La rigueur de l’hiver, les conséquences de la crise sanitaire (confinements à domicile, baisse ou perte de revenus…) et l’augmentation des prix des énergies sont des pistes explicatives de ces augmentations.
Les résultats de l’enquête nationale sur le logement (ENL) de 2020 sont fortement attendus pour apporter un éclairage de la situation et une analyse de l’évolution du phénomène au regard de la précédente ENL de 2013.
Tableau de bord de la précarité énergétique
Synthèse communicante
Tableau de bord de l’ONPE – édition du 1er semestre 2021
Chaque année, la direction générale de la Commission européenne chargée de l’information statistique (Eurostat) évalue la part des Européens déclarant être dans une situation d’incapacité forcée à chauffer convenablement son domicile. En 2020, cela concerne 8% de la population de la population de l’UE27, soit 35 millions d’habitants.
Si la tendance était à la baisse ces dernières années, un regain est observé par rapport à 2019 où le taux s’élevait à 7%. Par ailleurs, les données de l’étude portant sur 2020, ce résultat ne prend pas en compte l’impact potentiel de la flambée des prix de l’énergie en Europe.
La situation varie selon les États membres et les pays le plus touchés sont la Bulgarie (27 %), la Lituanie (23 %), Chypre (21 %) et le Portugal et la Grèce (17%).
Si l’on tient compte du revenu disponible des ménages, pour ceux dont le revenu est inférieur à 60% de la moyenne nationale (= seuil de pauvreté), le pourcentage s’élève à 20,1%, tandis que pour ceux qui sont au-dessus de ce seuil, les données tombent à 5,8%. Dans le premier cas, cela suppose2 points de pourcentage de plus qu’en 2019 et dans le second c’est une augmentation de moins d’un point.
Pour la France, 6,5% de la population nationale est concernée avec une légère amélioration de la situation pour les ménages les plus modestes (sous le seuil de pauvreté) puisqu’ils sont 15,8% à être concernés (contre 17,8% en 2019 soit une baisse de 2 points) contre 5% pour les ménages au-dessus du seuil de pauvreté (hausse de 0,6 points par rapport à 2019).
Dix ans après le Grenelle de l’environnement et l’inscription dans la loi du concept de précarité énergétique, l’Observatoire National de la Précarité Énergétique (ONPE) a souhaité réaliser un bilan des politiques qui ont été mises en place pour lutter contre ce phénomène de l’année 2010 à l’année 2020.
Cette étude vise à comprendre comment a été abordée la notion de précarité énergétique durant la décennie, et à analyser les différents dispositifs mis en place en croisant ces enseignements avec des regards d’experts engagés sur la thématique. Les enseignements tirés de ce travail ont permis à l’ONPE d’élaborer des pistes de recommandations en vue de l’élaboration et la mise en œuvre d’un « plan national de lutte contre la précarité énergétique ». L’étude a fait l’objet de deux phases :
La phase 2 qui étudie six dispositifs de lutte contre la précarité énergétique (le chèque énergie, les certificats d’économie d’énergie, le programme Habiter Mieux, MaPrimeRénov’, la médiation locataires / propriétaires bailleurs, les actions de l’Association Nationale des Compagnons Bâtisseurs) et analyse les facteurs influençant l’évolution du phénomène et propose une analyse croisée de ces dispositifs et facteurs.
Consulter la synthèse et les deux rapports de l’étude :
Synthèse
Phase 1 – Panorama législatif et réglementaire et dispositifs de lutte contre la précarité énergétique
Phase 2 – Analyse des facteurs d’évolution de la précarité énergétique et de six dispositifs
Etude – 2010/2020 : Efficacité et efficience des instruments de lutte contre la précarité énergétique
Réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 2116 personnes, cette étude montre que la rénovation énergétique est une préoccupation de plus en plus forte pour les Français. Mais ceux-ci restent perdus devant la complexité du fléchage des aides et disposent d’un budget en baisse par rapport à 2020 pour financer les travaux dans leur logement. Pour faciliter leurs démarches, ils plébiscitent l’accompagnement à travers un prestataire unique et, en prérequis, l’audit énergétique de leur logement.
20% des enquêtés payent plus de 200 euros de facture de chauffage par mois, il s’agit majoritairement des personnes jeunes (18-24 ans) et des plus de 65 ans. Plus du tiers de la population (36%) déclare avoir froid dans son logement, dont une majorité de locataires (50%). Ils sont également nombreux (48%) à estimer nécessaire la réalisation de travaux énergétique dans leur logement et ils aimeraient même que cela soit obligatoire
(52 %). Cependant, 2 personnes sur 3 (66 %) ne sont pas en mesure de citer une aide financière permettant de réaliser des travaux de rénovation. Les freins à la rénovation cités sont le manque de moyens financiers (seulement 35 % des personnes disposent de plus de 1 000 euros pour financer des travaux et 30% ne disposent d’aucune enveloppe budgétaire), la certitude de ne pas être éligible aux aides existantes et/ou de ne pas savoir comment les obtenir. Un écart important entre propriétaires et locataires est à souligner : le budget moyen travaux envisagé par les propriétaires (3 451 €) est plus de trois fois supérieur à celui des locataires (1 121 €).
44% des enquêtés ont déjà réalisé certains travaux dont les principaux postes sont : le changement de fenêtre, l’isolation des combles et le changement du système de chauffage.
Afin de faciliter les démarches et simplifier les travaux, une solution émerge largement : permettre aux Français de s’appuyer sur un interlocuteur unique avant, pendant et après leur projet. En effet, près de trois personnes envisageant une rénovation sur quatre pourraient confier la gestion de leur rénovation à un unique prestataire qui s’occuperait de mettre en place le projet, de le suivre et de réaliser les démarches d’obtention d’aides à la rénovation.
L’enquête souligne également la nécessité absolue de réduire, une fois les aides existantes déduites, le reste à charge des ménages, en particulier pour les plus modestes
Baromètre annuel « Les français et la rénovation énergétique », 7ème édition
OpinionWay/Monexpert-renovation-energie.fr, 21 octobre 2021
Tandis que les prix de l’énergie s’envolent, les auteurs d’une étude universitaire mettent au jour la forte méconnaissance par les ménages les plus pauvres des aides auxquelles ils pourraient prétendre.
Publiée par l’Observatoire des non-recours aux droits et aux services (Odenore) avec le soutien de la chaire HOPE portée par la fondation Grenoble INP, l‘étude intitulée « Observer la précarité énergétique » s’appuie sur une démarche de « baromètre précarité énergétique » croisant santé et non-recours.
Déployée sur le territoire de l’agglomération roannaise, la démarche permet notamment de mesurer et de caractériser d’un point de vue statistique un phénomène auprès d’une population donnée. Il s’agit de porter un regard à la fois sur les liens entre précarité énergétique et santé et sur la question du non-recours : le baromètre s’intéresse à la « réception » des différentes aides existantes en matière de précarité énergétique.
La démarche d’enquête a été co-construite avec des acteurs locaux du territoire et un questionnaire a été administré auprès de 68 habitants, par des professionnels et bénévoles impliqués dans la démarche.
Les résultats de l’enquête montrent que 29% des enquêtés ont ressenti du froid dans leur logement au cours des douze derniers mois, 31% ont eu des difficultés à payer leurs factures d’énergie sur cette période et 22% cumulent difficultés de paiement des charges d’énergie et restrictions de leur mobilité.
Au niveau des profils socio-démographiques, on note une surreprésentation des femmes, des familles monoparentales et des ménages aux faibles ressources. Ces données rejoignent bien les constats faits par les travaux menés à l’échelle nationale.
Si les locataires du parc social sont plus nombreux à déclarer des difficultés à payer leurs charges d’énergie (45%), les locataires du parc privé expriment eux davantage le ressenti du froid (43%).
Concernant la question du non-recours aux aides et dispositifs visant à lutter contre la précarité énergétique, 78% des enquêtés ne connaissent pas les aides à la rénovation thermique. Les aides financières pour le paiement des charges d’énergie semblent mieux connues : 38% des répondants déclarent connaître ces aides. En dehors d’une meilleure notoriété de certaines aides, le fait qu’elles soient délivrées par des professionnels avec qui les personnes concernées sont en contact (principalement les travailleurs sociaux) facilite la connaissance de ces dispositifs.
De manière générale, le non-recours aux deux types d’aide montre tout l’enjeu de l’information et des canaux d’accès à celle-ci. Cette dernière recouvre plusieurs dimensions, comme connaître leur existence, se repérer dans les différents acronymes, connaître les conditions d’éligibilité et/ou se représenter comme éligible, identifier le bon interlocuteur à qui adresser la demande…
Le manque de guichet unique sur la plupart des territoires, ou d’acteur identifiable vers qui se tourner, la multiplicité des acteurs ayant chacun un élément de réponse à apporter sans gouvernance générale des actions, explique cette problématique de non-recours.
C’est ce que souligne l’Odenore en analysant « la question du non-recours du fait d’une non-proposition qui intervient lorsque l’offre n’est pas activée malgré l’éligibilité du demandeur, que celui-ci connaisse ou pas l’offre. Cela peut s’expliquer par la difficulté des intervenants sociaux à se repérer dans le labyrinthe des aides existantes. Cela peut également renvoyer à la capacité à identifier les besoins en matière de précarité énergétique. Ceux-ci ne sont pas toujours clairement énoncés par les personnes. » La question de la détection des situations est un enjeu majeur et donc associé à la sensibilisation des intervenants sociaux à la problématique.
Observer la précarité énergétique : Retour sur une démarche de « baromètre précarité énergétique » croisant santé et non-recours
A. Rode, R. El Fahli et H. Revil, ODENORE, Avril 2021
En l’espace de quelques mois, la hausse rapide des prix de l’énergie, du gaz et de l’électricité en particulier (respectivement +70% depuis 2021 et +12% attendus début 2022) , a propulsé la question du coût de l’énergie sur le devant de la scène politique et médiatique, en mettant une pression importante sur les décideurs politiques pour trouver les réponses adaptées à cette « crise ». Ce regain d’attention a également apporté son lot de confusions et de controverses sur le sujet, notamment en ce qui concerne l’amplitude des évolutions de prix et le poids de différents facteurs dans l’explication de cette hausse, en considérant également les interactions entre les marchés de gros et les marchés de détail, et les différents impacts sur les pays en fonction des caractéristiques propres à leurs mix énergétiques et au fonctionnement des marchés de l’énergie.
Cette note de l’Institut du développement durable et des relations internationales vise à synthétiser et mettre en perspective ces évolutions, en établissant le lien avec l’urgence à accélérer la transition vers des économies bas-carbone.
Hausse des prix des énergies en Europe : Quelles évolutions ? Quelles explications ? Et quelles conséquences pour les consommateurs et les politiques de transition écologique ? IDDRI, Octobre 2021
Le Ministère de la Transition écologique a publié au mois d’octobre une étude intitulée « Le chèque énergie : un dispositif qui contribue à réduire la précarité énergétique » visant à évaluer l’impact du chèque énergie sur le phénomène, et dont voici les principaux enseignements.
Près de 5,7 millions de ménages ont reçu un chèque énergie en 2019
Aide directe au paiement des factures d’énergie, le chèque énergie a été distribué à 5,7 millions de ménages en 2019, pour un montant annuel moyen de 148 euros, pour une enveloppe totale distribuée s’élevant à 840 millions d’euros (958 millions d’euros de budget prévu en 2022).Ce chiffre est à comparer aux 710 €/logement/an en moyenne qui seraient nécessaires pour mettre fin à la précarité énergétique, selon une étude de l’ONPE (p.63).
En 2019, il est attribué aux 20 % des ménages les plus modestes en fonction des revenus déclarés à l’impôt sur le revenu, ces derniers ont une facture de 1 300 € en moyenne en 2019.
Les trois quarts des ménages en précarité énergétique sont bénéficiaires du chèque énergie
Le chèque cible les ménages en situation de précarité énergétique alors qu’un quart d’entre eux n’en sont pas bénéficiaire, laissant penser que le ciblage de la population pourrait être amélioré.
57% des bénéficiaires du chèque seraient en précarité énergétique (au sens des indicateurs « taux d’effort énergétique » et « froid ressenti »). Ce pourcentage s’explique notamment par le fait que le chèque énergie n’est pas versé en fonction du montant de la facture d’énergie acquittée (trop compliqué à réaliser selon la note).
Le rapport indique que 12,5 % des ménages sont en précarité énergétique en France métropolitaine (soit 3,7 millions de ménages). Selon l’Observatoire national de la précarité énergétique, ce sont plutôt12 millions de Français (soit 5,6 millions de ménages) qui souffrent du froid chez eux ou peinent à payer leurs factures d’énergie.
Par ailleurs, l’étude ne mentionne pas que le chèque énergie fait l’objet d’un non-recours important au sujet duquel la Cour des comptes a déjà interpellé les pouvoirs publics : en 2019, 25 % des ménages ayant reçu ce chèque ne l’avaient pas utilisé. « Non-réception du chèque (par exemple liée à un changement d’adresse), incompréhension sur la manière de l’utiliser, perte ou refus de l’utiliser (du côté des ménages et des fournisseurs d’énergie) » sont les explications avancées. Et ce constat est partagé par les associations d’aide aux plus démunis. « Ça fait quatre ans que ce pourcentage ne diminue pas », se désole François Boulot, chargé de mission sur la précarité énergétique au sein du Secours catholique, qui souligne que le courrier d’envoi du chèque énergie fait sept pages d’explications… (lire l’article du Monde sur ce sujet).
Le chèque énergie réduit significativement la précarité énergétique des plus modestes
Même si le montant des chèques distribués aux ménages (148 euros en moyenne) reste faible au regard de leur facture d’énergie (1 300 euros par an en moyenne en 2019), le chèque énergie permettrait de sortir environ un demi-million de ménages de la précarité énergétique en France métropolitaine et de faire reculer de 9 points le taux de précarité énergétique parmi les ménages bénéficiaires du chèque, qui passe de 49 % à 40 %. La part des ménages en précarité énergétique reste donc élevée même après versement du chèque. Et par ailleurs celui-ci ne garantie pas une sortie durable de la précarité énergétique (le ménage pouvant se retrouver une nouvelle fois en difficulté de paiement l’année suivante), contrairement à la rénovation énergétique notamment des passoires thermiques.
À l’échelle nationale, le chèque énergie permet de faire reculer le taux de précarité énergétique, corrigé de l’effet météo, de 12,5 % à 10,7 %, et le poids moyen de la facture énergétique du logement dans le budget,de 8,1 % à 7,2 %. Il permet aussi à près de 2,2 millions de ménages en situation de précarité énergétique bénéficiaires du chèque énergie de réduire leur précarité énergétique.
Toutefois, l’étude rappelle que le dispositif du chèque énergie n’est pas suffisant pour permettre à lui seul d’éradiquer le phénomène : la part des bénéficiaires en précarité énergétique après prise en compte du chèque demeure élevée pour certaines catégories et reste supérieure à 30 % dans une majorité des cas.
Le chèque énergie diminue significativement les taux d’effort énergétique
Le chèque énergie permet une baisse du taux d’effort énergétique de chaque ménage qui en bénéficie ainsi qu’une réduction de la disparité des taux d’effort énergétique entre ménages. Ainsi, près d’un bénéficiaire sur trois présente un taux d’effort énergétique initial supérieur ou égal à 11 %, après le bénéfice du chèque ils ne sont plus qu’un sur quatre. Pour les ménages ayant un taux d’effort très important (16% ou plus), le chèque permettrait de diminuer ce dernier à 12%.
Consulter l’étude « Le chèque énergie : un dispositif qui contribue à réduire la précarité énergétique » :
Théma« Le chèque énergie : un dispositif qui contribue à réduire la précarité énergétique »
Ministère de la transition écologique, Octobre 2021
Le Médiateur national de l’énergie a publié début octobre son dernier Baromètre énergie-infodans un contexte de forte augmentation des prix de l’énergie.
D’après cette enquête menée auprès de plus de 2 000 foyers, plusieurs indicateurs traduisent une augmentation du nombre de foyers en situations de précarité énergétique :
20% des foyers interrogés (contre 14 % en 2020) déclarent avoir souffert du froid pendant au moins 24h dans leur logement : 40% à cause d’une mauvaise isolation, 36% pour des raisons financières, 30% en raison d’un hiver rigoureux ;
79 % des Français (+8 points par rapport à 2020) déclarent que les factures d’énergie représentent une part importante des dépenses de leur foyer ;
60 % des Français (contre 53 % en 2020 et 30 % en 2019) déclarent avoir réduit le chauffage chez eux pour ne pas avoir à payer des factures trop élevées ;
25 % des Français (contre 18 % en 2020) déclarent avoir rencontré des difficultés pour payer certaines factures de gaz ou d’électricité.
Les 18-34 ans sont cette année encore les plus touchés : 46 % d’entre eux déclarent avoir des difficultés à payer leurs factures d’énergie (ils étaient 32 % en 2020).
Les consommateurs d’électricité et de gaz naturel se trouvent ainsi de plus en plus préoccupés par l’impact des factures d’énergie sur leur budget (84% des personnes interrogées, soit 5 points de plus par rapport à 2020).
Le Baromètre revient également sur les idées fausses et les interrogations lié au marché de l’énergie qui persistent au sein des Français.
Selon Olivier CHALLAN BELVAL, médiateur national de l’énergie, « Je ne peux que constater l’augmentation de la précarité énergétique. Alors que la trêve hivernale prendra effet le 1er novembre prochain, on peut craindre une augmentation des coupures pour impayés à la fin de la trêve. Il est important que les consommateurs connaissent parfaitement leurs droits et les solutions possibles pour maîtriser le montant de leurs factures d’énergie et éviter d’accumuler des retards de paiement. L’énergie est plus que jamais au cœur de l’actualité et des préoccupations des Français. Elle répond à un besoin de première nécessité et doit rester accessible à tous. »
Consulter la synthèse du Baromètre énergie-info 2021 :
Le Haut Conseil du travail social (HCTS) publie un rapport sur les « pratiques émergentes du travail social et du développement social » basé sur une vaste enquête par questionnaire auprès des professionnels du travail social. À partir des remontées de terrain, quatre thématiques sont développées : les conférences familiales, les pratiques encourageant l’ « aller-vers », la « pair aidance » et les modes de coordination/intervention pluridisciplinaires. La crise sanitaire a servi à la fois de révélateur et d’accélérateur dans l’évolution des pratiques.
La notion de « pratiques émergentes » s’entend comme créant une rupture avec l’existant, répondant à des questions et problématiques sociales ou éducatives nouvelles et s’appuyant sur une construction sur le terrain, souvent interinstitutionnelle.
Parmi ces pratiques, « l’aller-vers » est en plein développement. « Déclinées sous différentes formes : maraude, équipe mobile, visite à domicile, action hors-les-murs, action sociale de proximité, travail social de rue, permanence délocalisée…, les démarches d’aller-vers sont hétérogènes et de nature différente selon leur caractère plus ou moins formalisé« .
L’élément central de cette démarche « pourrait être le changement du rapport entre l’intervenant et le public ciblé : c’est l’intervenant qui recherche et provoque la rencontre, qui initie la relation, et se déplace là où se trouve le public. Le déplacement peut être physique mais aussi virtuel (la personne peut être contactée par mail, téléphone… alors qu’elle n’a formulé aucune demande)« . La démarche repose sur une dimension relationnelle importante et comprend aussi une dimension éthique. Elle est par ailleurs un des axes prioritaires du plan national de formation des travailleurs sociaux. Cette démarche est également illustrée par quatre fiches illustrant des démarches proactives.
Autre pratique analysée, la « pair aidance » qui consiste à rechercher le soutien de ses pairs. Elle suppose « une reconnaissance réciproque de soi dans l’expérience de l’autre » et repose également sur « une proximité expérientielle« . Alors que les travailleurs sociaux sont formés à « l’expertise sur autrui », il s’agit d’accepter les regards des pairs, en créant des conditions favorisant l’émergence et la prise en compte de la parole de tous : professionnels, pairs et personnes concernées, afin de trouver un équilibre entre les différents types de compétences et de savoirs. Trois fiches exemples sont produites sur le sujet.
Plus « traditionnel », une autre pratique concerne la façon de fédérer une dynamique d’acteurs, à travers les réseaux, le partenariat et les interventions pluri-professionnelles. Cela suppose au préalable d’identifier un besoin précis. La pratique peut alors contribuer à « rompre la logique de silos, génératrice d’exclusions« . Néanmoins, « pour les travailleurs sociaux impliqués dans ce partenariat, le soutien de leur hiérarchie est fondamental, afin de leur permettre d’expérimenter, de se confronter librement et de retrouver du pouvoir d’agir« .
Enfin, la dernière pratique concerne le développement du pouvoir d’agir (Empowerment en anglais). Ce pouvoir d’agir concerne aussi bien les individus que les communautés. Contrairement aux thèmes précédents, sa pratique fait l’objet d’une approche et d’une méthodologie assez normalisée. Cinq fiches exemples – concernant notamment l’Eure, la Gironde, les Bouches-du-Rhône – montrent la diversité des champs d’application de cette approche.
Pratiques émergentes du travail social et du développement social
Le premier volet du rapport 2021 du Giec (le groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) a été publié le 9 août 2021 et présente les connaissances actualisées sur le changement climatique.
Cette publication est l’aboutissement d’un travail de 3 ans et le premier des 3 volets qui formeront en 2022 le sixième rapport d’évaluation du Giec. Il a été rédigé par 234 auteurs issus de 66 pays. Ils ont passé en revue 14 000 publications scientifiques, puis reçu 78 000 commentaires d’autres experts et de gouvernements du monde entier.
Le Giec présente ses conclusions au niveau mondial, et les décline à l’échelle des continents et de zones particulières comme les montagnes, les petites îles et les villes, que l’on peut visualiser grâce à une carte interactive.
Voici les principaux points de ce rapport :
Un réchauffement de la température moyenne qui s’accélère : Depuis le précédent rapport du Giec, qui datait de 2014, les concentrations de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter dans l’atmosphère. Ce nouveau document nous apprend que le réchauffement est sans précédent depuis les 2000 dernières années : depuis 1750, la température terrestre s’est élevée d’1,1°C.
L’augmentation de la température mondiale est inévitable : les experts du Giec se sont notamment appuyés sur 5 scénarios d’émissions de gaz à effet de serre, couvrant la gamme des évolutions possibles de l’activité humaine. Dans tous les scénarios, la température moyenne continue d’augmenter. Le réchauffement atteindra +1,5°C sans doute avant 2040. Ensuite, tout dépendra de l’évolution des émissions humaines de gaz à effet de serre. Si elles baissent sans attendre et de façon importante, le réchauffement pourrait rester inférieur à 2°C. Si les émissions continuent d’augmenter,la trajectoire mène à +4°C voire +5°C à l’horizon 2100
Les changements climatiques s’accélèrent : le niveau moyen de la mer s’est élevé plus vite depuis 1900 qu’au cours de tous les autres siècles depuis 3000 ans, les évènements météorologiques extrêmes (sécheresse, inondations, incendies, etc.) sont plus forts et plus fréquents. Le rapport montre que les vagues de froid ont été atténuées tandis que les vagues de chaleur et les fortes précipitations sont devenues plus fréquentes et plus intenses. Toute hausse supplémentaire de la température moyenne globale – même de quelques dixièmes de degré seulement – augmentera encore l’intensité et la fréquence de ces événements extrêmes. Ainsi, avec un réchauffement mondial de 1,5°C, ces pics de températures extrêmes seront 4,1 fois plus fréquents. A +2°C, ils le seront 5,6 fois. Et à +4°C, leur fréquence sera multipliée par 9,4. En outre, ces événements extrêmes seront aussi plus intenses. Par exemple, les fortes précipitations sont déjà 6,7% plus humides que pendant la période 1850-1900.
Certaines conséquences sont désormais irréversibles : à cause de l’inertie du système climatique, certains changements dus aux émissions passées vont se poursuivre de manière irréversible pendant des siècles, surtout s’ils sont accentués par de nouvelles émissions. Ce sera le cas de l’acidification et de la désoxygénation des océans, de la fonte des glaciers de montagne, du Groenland et peut-être de l’Antarctique. Il est par ailleurs certain que le niveau moyen de la mer va monter de plusieurs dizaines de centimètres au 21ème siècle.
Les activités humaines sont la première cause des changements du climat : L’origine de ce réchauffement est sans équivoque : les émissions de gaz à effet de serre des activités humaines en sont la cause. Les concentrations de CO2 en 2019 n’avaient jamais été aussi élevées depuis 2 millions d’années, et celles de méthane et de protoxyde d’azote – deux autres gaz à effet de serre – depuis au moins 800 000 ans. Le méthane, qui a un effet de serre dix fois supérieur à celui du CO2 est le deuxième contributeur au changement climatique. Il s’agit là d’un des grands enseignements de ce rapport et réduire les émissions du méthane pourrait permettre d’obtenir des effets rapides sur le climat.
Face à ces constats, toute baisse des émissions de gaz à effet de serre contribuera à limiter ou stopper les transformations en cours. Seule une réduction rapide et généralisée des émissions permettra de maintenir le réchauffement autour de 1,5°C.
La 14ème édition du baromètre Ipsos/Secours Populaire vient mettre en lumière les premières conséquences sociales de la crise majeure en cours.
Le baromètre enregistre ainsi un recul rare en temps de paix : un Français sur trois a subi une perte de revenus depuis le confinement, même si les dispositifs d’activité partielle et d’arrêts de travail pour garde d’enfants ont servi d’amortisseurs. Les actifs sont les plus exposés (y compris les étudiants contraints de travailler) : plusieurs mois après le déconfinement, 43 % disent avoir perdu une partie de leurs revenus.
Les privations alimentaires augmentent par rapport à 2018. Elles sont d’abord qualitatives : 29 % se limitent tous les jours sur les fruits et légumes frais et pour 23 % le prix des aliments sains sont tels qu’ils ne peuvent pas en consommer à chaque repas (+2 points par rapport à 2018). En bas de l’échelle des revenus, ces chiffres atteignent respectivement 61 % (+8 points / 2018) et 57 %.
81 % des personnes interrogées considèrent que le risque de pauvreté est plus élevé encore pour leurs enfants que pour eux-mêmes. Cette inquiétude a sans doute été réactivée par la fermeture des écoles : 44 % des parents d’enfants scolarisés pensent que leurs enfants ont pris du retard à cette occasion, jugé « irrattrapable » dans 15 % des cas.
Thierry Robert, secrétaire national du Secours populaire français s’alarme d' »une précarité qui s’installe un peu partout : 55% des personnes interrogées déclarent connaître autour d’elles, dans leurs proches environnement, famille ou amis, des personnes en situation de pauvreté. C’est 32% des personnes qui déclarent avoir des difficultés à payer leur loyer, leur emprunt ou les charges de leur logement. Et c’est aussi le secteur de la santé, puisqu’ils sont 28%, soit 8% de plus que l’année dernière, à avoir des difficultés à se payer une mutuelle.«
De nouveaux publics se précarisent : « Au Secours populaire, on reçoit maintenant, depuis le début de la crise sanitaire, des personnes qui étaient autoentrepreneurs ou qui travaillaient dans l’intérim. Nous avons aussi beaucoup de jeunes et nous sommes très inquiets sur la situation de la jeunesse qui a perdu une partie des jobs, notamment qui leur permettaient de financer leurs études. Nous avons été très présents à côté de cette jeunesse en situation de précarité. 25% des jeunes déclarent vivre à découvert.«
14ème édition du baromètre Ipsos/Secours Populaire
L’objectif de cette publication est de donner des clés de compréhension des statistiques du domaine de l’énergie à un large public, pour éclairer le débat autour de la politique énergétique, en fournissant des informations notamment sur la production, la consommation et les prix pour les différentes formes d’énergie en France et dans le monde.
En 2020, le secteur de l’énergie représente 2 % de la valeur ajoutée en France. L’énergie pèse à hauteur de 25 Md€ dans le déficit commercial de la France en 2020 et représente, pour les ménages, une dépense égale à 8,9 % de leur budget en 2019. La production nationale primaire représente un peu plus de la moitié de l’approvisionnement en énergie du territoire. Si la France importe désormais la quasi-totalité des énergies fossiles qu’elle consomme et en a progressivement diversifié la provenance géographique, la mise en place du programme nucléaire lui a permis d’être exportatrice d’électricité depuis une quarantaine d’années. L’électricité et le gaz naturel, moins émetteurs de gaz à effet de serre que le pétrole et le charbon, se sont progressivement substitués à ces derniers dans les principaux secteurs d’activité économique, même si le pétrole demeure prépondérant dans les transports.
Le résidentiel-tertiaire est de plus en plus prédominant dans la consommation finale à usage énergétique : sa part dans la consommation énergétique est passée de 43 % en 1990 à 49 % en 2020. À l’inverse, celle de l’industrie a diminué de 24 % à 19 %, tandis que celle des transports, fortement affectés par les restrictions de circulation en 2020, a baissé de 30 % à 28 % et que celle de l’agriculture est restée stable à 3 %.
L’électricité demeure l’énergie la plus consommée dans le secteur résidentiel, avec 34 % du total, devant le gaz naturel (29 %), les énergies renouvelables (23 %) et les produits pétroliers (11 %). Depuis dix ans, les parts du gaz et du pétrole baissent au profit des énergies renouvelables et de l’électricité.
On retiendra de l’analyse des données sur les consommations d’énergie dans le logement les éléments suivants :
En 2019, les ménages ont dépensé en moyenne 1 602 € en énergie pour leur logement, dont 944 € en électricité, 380 € en gaz naturel, 183 € en produits pétroliers, 52 € en bois et 42 € en chaleur distribuée par réseau.
En matière de consommation énergétique : Sur les 29 millions de résidences principales au 1er janvier 2018, 1,9 million de logements (6,6 % du parc) sont peu énergivores (étiquettes A et B du diagnostic de performance énergétique – DPE). À l’opposé, 4,8 millions de logements (soit près de 16,7 % du parc) sont très énergivores (étiquettes F et G du DPE, regroupant les logements qualifiés de « passoires thermiques »). Les logements très énergivores sont plus fréquents parmi les maisons individuelles que dans les logements situés dans un habitat collectif (18,4 %, contre 14,7 %).
En matière de rénovation : Si les gestes les plus nombreux sont ceux effectués sur les toitures et les combles (980 000 gestes), les travaux sur les systèmes de chauffage (572 000 gestes) concentrent 45 % des gains totaux, devant ceux portant sur les toitures (20 %), les murs (15 %) et la ventilation (9 %). En revanche, les rénovations des ouvertures (fenêtres, portes, baies vitrées), bien qu’étant parmi les gestes les plus fréquents (705 000 gestes), ne contribuent qu’assez peu aux économies totales d’énergie (5 %), du fait de faibles gains unitaires.
Si la précarité étudiante fait l’objet d’une certaine médiatisation, notamment depuis la crise Covid1, la précarité énergétique étudiante est un sujet très peu présent dans le débat public. Pourtant cette population, au revenu nul ou modeste, majoritairement en location de courte durée fait théoriquement partie des plus vulnérables au regard du phénomène de la précarité énergétique.
Qui sont les étudiants en précarité énergétique ? Quelles stratégies mettent-ils en place pour la survie énergétique ? Font-ils valoir leurs droits ? Comment repérer ? Les dispositifs actuels sont-ils adaptés ? Comment l’adresser efficacement ? Comment la prévenir ?
Quatre étudiants de Sciences Po Grenoble (Master 1 – Villes Territoires et Solidarités) en partenariat avec la Chaire HOPE de la fondation Grenoble INP ont mené l’enquête à travers une recherche bibliographique et dix entretiens auprès d’acteur.rice.s institutionnel.les et de sept étudiant.e.s en situation de précarité énergétique répartis sur tout le territoire national.
On retrouve notamment dans le rapport de 28 pages les portraits d’étudiants.
Diagnostic d’un phénomène socio-économique invisibilisé : la précarité énergétique étudiante
Sciences Po Grenoble (Master 1 – Villes Territoires et Solidarités)
La loi Climat et résilience prévoit l’éradication de l’intégralité des passoires énergétiques du parc locatif privé d’ici 2028 (classes F et G) et l’ensemble des logements classés E à partir de 2034.
Economies d’énergie, redistribution des revenus, amélioration de la santé des occupants… Le Commissariat général au développement durable a évalué les effets de ces dispositions dans une évaluation et notamment les nombreux bénéfices du dispositif :
Un bilan socio-économique positif puisque les économies d’énergie induites, ainsi que la baisse des émissions de CO2 et l’amélioration de l’état de santé des locataires, l’emportent largement sur le coût de la rénovation pour les bailleurs ;
Les économies d’énergie et la réduction des émissions de CO2 dépassent les coûts d’investissement dans la rénovation énergétique ;
La mesure présente des co-bénéfices de santé significatifs (notamment 10 000 décès évités), car les logements ciblés sont ceux où existent des risques sanitaires associés aux températures intérieures froides ;
En raison du niveau de revenu moyen des locataires et des bailleurs, la mesure induit une redistribution des ménages les plus aisés vers les ménages plus modestes ;
Le coût pour les finances publiques de la mesure, lié à la mobilisation des dispositifs publics d’aide à la rénovation et aux moindres recettes de taxes énergétiques, est progressivement atténué – même si jamais totalement compensé – par la réduction des coûts de santé.
Consulter l’étude :
Théma « Projet de loi climat et résilience : évaluation de l’obligation de rénovation des logements indécents du parc locatif privé », CGDD Juin 2021
L’objectif de ce quatrième Rapport sur les inégalités en France, document publié tous les deux ans, est de dresser un bilan des inégalités dans la société française, et de leur évolution. Un état des lieux complet, au moyen des données les plus récentes (20018 et 2020) est réalisé. Ce rapport livre un premier bilan des effets de la crise actuelle, mais fait aussi un point plus général sur les inégalités de revenus, d’éducation, d’emploi, de modes de vie, et propose un éclairage sur les inégalités territoriales. À travers ce document, l’objectif est d’alimenter un débat informé sur la société française.
Le rapport est divisé en 5 parties :
Les revenus
L’éducation
Le travail
Les modes de vie
Les territoires
Du point de vue des inégalités de revenus, l’observatoire précise que :
Le taux de pauvreté est en hausse puisqu’il passe de 7,7 % en 2009 à 8,2 % en 2019, ce qui représente 5,3 millions de personnes qui vivent avec moins de 885 euros par mois. En moyenne, les Français les 10% les plus pauvres ont un niveau de vie en 2018 égal à 715 euros par mois, là où le niveau de vie médian est de 1771 euros mensuels.
Le taux de pauvreté des 18-29 ans est passé de 8,2 % en 2002 à 12,5 % en 2018, soit une progression de plus de 50 %. Les jeunes adultes constituent la tranche d’âge où le risque d’être pauvre est le plus grand, et pour qui la situation s’est le plus dégradée en quinze ans.
L’écart entre le niveau de vie moyen des 10 % les plus riches et celui des 10 % les plus pauvres est au même niveau en 2018 qu’en 2008. En 20 ans, entre 1998 et 2018, il a augmenté de 9367 euros annuels. Les 10% du haut de l’échelle des revenus touchent en moyenne 7,1 fois ce que touchent les 10% du bas : leur niveau de vie moyen est de 5090 euros quand celui des 10% les plus est de 715 euros par mois.
Pour répondre au défi que représente la lutte contre le dérèglement climatique, l’Ademe pilote fréquemment des études sur le changement de comportements et ses freins. Cette nouvelle étude réalisée par le Credoc explore les évènements susceptibles d’engager des changements pérennes dans les pratiques quotidiennes, positifs ou négatifs sur la protection de l’environnement. Elle a permis d’identifier des leviers d’action autour des moments et lieux clés (acteurs, supports, messages…) pour accompagner les citoyens concernés par ces ruptures.
L’analyse d’entretiens réalisés auprès de ménages a permis de distinguer quatre types d’évènements selon leur impact sur les pratiques habituelles, et selon le fait que les éventuels changements induits soient pérennes ou non :
Les ruptures choisies (et le plus souvent anticipées)qui invitent à des changements de pratique pérennes (arrivée d’un enfant, déménagement, retraite) ;
Les ruptures subies qui imposent un changement de pratique rarement pérenne (baisse de ressources, panne d’un équipement, accident de la vie : maladie, handicap) ;
Les ruptures subies qui n’imposent pas automatiquement de changement de pratique,mais peuvent contribuer à alimenter le processus de réflexion sur les comportements habituels (maladie chronique, deuil, etc.) ;
Des ruptures associées à une parenthèse dans le quotidien telles que les vacances ou les fêtes de fin d’année.
Les nouveaux gestes adoptés peuvent être soit vertueux pour l’environnement (alimentation bio / moins carnée / faite maison, abandon des produits d’entretiens nocifs pour l’environnement et la santé, entretien d’un potager…), soit défavorables (achat d’une voiture, déplacements plus fréquents pour les courses et les loisirs, plus de voyages…).
Certains de ces évènements apparaissent donc particulièrement pertinents pour encourager des changements de pratiques écoresponsables sur le long terme (notamment la naissance d’un enfant, un déménagement ou encore la retraite), encore faut-il diffuser les bons messages au bon moment.
L’un des enseignements de l’étude est la nécessité, pour susciter l’intérêt des publics, d’être en phase avec les préoccupations individuelles au moment où l’évènement se produit :
Les acteurs interrogés s’accordent sur la nécessité :
De faire passer des messages positifs ;
De ne pas être dans le registre de l’injonction ou de la culpabilisation, mais donner confiance ;
De se saisir de toutes les occasions pour répéter des messages simples.
Les entretiens auprès d’acteurs ont permis d’identifier trois axes d’intervention pour l’ADEME et les acteurs susceptibles de relayer les messages et les actions :
La valorisation et la mutualisation des supports et dispositifs déjà déployés par l’ADEME ou d’autres acteurs ;
La production de contenus mettant en avant les bonnes pratiques adaptées selon les lieux, les publics et leurs préoccupations ;
La sensibilisation, l’information des professionnels.
Rapport complet
Les évènements de vie : des opportunités pour encourager des pratiques écoresponsables
CREDOC/ADEME, Mars 2021
Synthèse
Les évènements de vie : des opportunités pour encourager des pratiques écoresponsables
Initiée par la plateforme de lutte contre la précarité énergétique et hydrique gérée par la Fondation Roi Baudoin, les baromètres de la précarité énergétique et hydrique en Belgique sont publiés chaque année afin d’objectiver les problématiques, leurs évolutions et d’en comprendre les causes.
La nouveauté de cette septième édition concerne les changements méthodologiques introduits dans la collecte des données de base de l’enquête SILC (Statistiques de l’Union européenne sur le revenu et les conditions de vie) ne permettant dès lors pas de faire des comparaisons avec les années antérieures ou des analyses de tendance.
On peut retenir de cette étude les enseignements suivants en matière de précarité énergétique :
Plus d’un ménage sur cinq (20,7%) est en précarité énergétique en 2019 en Belgique et ce malgré un climat doux et une baisse importante du tarif payé par les ménages pour le gaz naturel ;
Parmi ces ménages, 15,1% ont une facture énergétique trop lourde (ils consacrent 55 € de plus par mois à leurs factures d’énergie que l’ensemble des ménages) ;
4,2% ont une facture énergétique anormalement basse : ils consacrent en moyenne 79 € de moins que l’ensemble des ménages à leurs dépenses énergétiques. La notion de précarité énergétique cachée est utilisée en Belgique ;
3,6% craignent de ne pas être capables de chauffer correctement leur logement (précarité énergétique ressentie) ;
Les ménages sont touchés différemment selon les régions : la Wallonie au climat plus froid avec des niveaux de revenus faibles enregistre le taux de précarité énergétique le plus élevé,
Les femmes et les seniors sont plus touchés par la précarité énergétique ;
Les locataires du parc social sont particulièrement vulnérables à la précarité énergétique (41% contre 31,6% pour les locataires du parc privé) en raison de revenus plus faibles, d’un parc social encore faiblement rénové et d’une sur-représentation de personnes isolées et de familles monoparentales, fortement exposées aux risques de pauvreté.
Concernant la précarité hydrique, 14,8 % des ménages belges souffrent de précarité hydrique avec des tendances similaires à celles constatées pour les ménages en précarité énergétique : des situations contrastées selon les régions, une sur-représentation des familles monoparentales (un tiers) et des personnes isolées (une personne sur cinq ainsi que des locataires du parc social (37,2% pour seulement 8,2% des propriétaires)).
Enfin, 9,4% des ménages belges cumulent les situations de précarité énergétique et hydrique.
En complément de cette analyse, la Fondation a publié des recommandations concernant la rénovation des logements sociaux et la lutte contre la précarité énergétique dans ce parc spécifique. A travers un état des lieux des initiatives de rénovation impliquant les locataires, complété par une trentaine d’entretiens avec des locataires et des gestionnaires de sociétés de logement social, l’objectif était de comprendre pourquoi et comment impliquer les locataires dans la rénovation.
Six recommandations ont été développées à l’issue de ce travail détaillées à travers 3 grandes mesures :
Mettre en place des conditions facilitatrices de la rénovation participative des logements sociaux en créant des plateformes d’échanges et de collaboration entre les parties prenantes ;
Accompagner les locataires de logements sociaux dans l’usage des bâtiments rénovés ;
Assurer le financement des initiatives de rénovation participative et d’accompagnement à l’usage des logements rénovés ;
Chacune de ces mesure est illustrée par des retours d’expériences belges ou européens.
Baromètres de la précarité énergétique et hydrique en Belgique
Sandrine Meyer et Jill Coene, pour la Fondation Roi Baudoin, 7ème édition 2020, Mars 2021
La rénovation des logements sociaux : impliquer et accompagner les locataires
Plateforme de lutte contre la précarité énergétique et SIA Partners pour la Fondation Roi Baudoin, Mars 2021
L’objectif général du projet PANEL ELECDOM est d’améliorer les connaissances relatives à la consommation d’électricité du secteur résidentiel qui, avec 33% de la consommation électrique française en 2017, est le secteur le plus consommateur. Cette étude porte plus particulièrement sur les usages spécifiques de l’électricité. Basé sur des informations collectées via un système communiquant installé dans 100 logements représentatifs du parc français, ce dispositif de recherche unique en France a vocation à perdurer dans le but d’évaluer de manière dynamique l’impact des évolutions sociétales et des modes de consommation (produits, comportements).
La présente analyse porte sur la première année de mesure (avril 2019-avril 2020) et couvre 80 appareils différents (appareils de froid, appareils de lavage / séchage, audiovisuel, informatique, éclairage, appareils de cuisine, chauffage électrique, eau chaude sanitaire électrique, climatisation, rafraichissement, déshumidification, ventilation).
Réalisé en parallèle de la pose de la métrologie, l’inventaire exhaustif des équipements de chaque logement a permis de collecter de nombreuses informations techniques sur les appareils en place. Enfin, un questionnaire visant à préciser le lien entre comportement et consommation a également été rempli en ligne par les participants en début de campagne de mesures.
Consommation annuelle d’électricité des logements
Les logements suivis sont pour 55% des logements individuels, 33% sont chauffés à l’électricité et leur surface moyenne est de 92m².
La consommation d’électricité moyenne est de :
4 792 kWh/an tous usages confondus
2 228 kWh/an pour l’électricité spécifique (=électricité utilisée pour les services qui ne peuvent être rendus que par l’électricité : appareils de froid, de lavage, audiovisuel, etc.).
Répartition de la consommation entre les différents usages
Les usages thermiques électriques (chauffage et eau chaude sanitaire) représentent près de la moitié de la consommation électrique des logements (47,3%). Le poste froid ménager, historiquement le plus consommateur des usages électriques spécifiques, reste prédominant (11,2%), suivi par l’audiovisuel (7%), le lavage-séchage (6,4%) et le poste informatique (4%).
Consulter les résultats de la campagne d’enquête :
Rapport complet
Étude condensée
Panel usages électrodomestiques – Consommations électrodomestiques françaises basées sur des mesures collectées en continu dans 100 logements
La comptabilisation et la caractérisation des rénovations énergétiques figurent au premier rang des missions de l’Observatoire national de la rénovation énergétique. Ce rapport, première publication de l’ONRE, vise à présenter l’état actuel de la connaissance. Il se compose de deux dossiers, offrant des éclairages complémentaires à partir de deux sources : l’enquête sur les travaux de rénovation énergétique dans les maisons individuelles (Tremi) 2020 qui interroge des ménages résidant en maison individuelle sur les travaux réalisés entre 2017 et 2019 et les données relatives aux principales aides à la rénovation sur la période de 2016 à 2019, telles que le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), les certificats d’économies d’énergie (CEE) ainsi que les aides Habiter mieux (HM) de l’Agence nationale pour l’habitat (Anah). L’analyse combinée de ces deux ensembles de données permet de dresser le panorama des rénovations énergétiques en France le plus complet à ce jour, bien qu’il ne soit pas encore exhaustif du fait notamment de l’exclusion des rénovations en habitat collectif et n’ayant bénéficié d’aucune des aides précédemment mentionnées.
Des rénovations sont réalisées dans de nombreux logements et aboutissent souvent, mais pas systématiquement, à une amélioration de leurs performances thermiques
3,1 millions de maisons individuelles ont fait l’objet d’une rénovation « potentiellement » énergétique en 2019 en France métropolitaine, soit 19 % du parc de maisons individuelles, dont 2,3 millions qui ont effectivement conduit à une réduction de la consommation d’énergie finale conventionnelle (çàd calculée selon une méthode de calcul réglementaire). L’écart entre ces deux nombres met en évidence que beaucoup de travaux négligent l’amélioration des performances thermiques (voire conduisent à une augmentation de la consommation comme la première installation d’un climatiseur par exemple). Plus de la moitié de ces maisons individuelles (1,4 millions) ont fait l’objet d’une rénovation aidée. Les rénovations ayant permis un saut d’au moins deux classes DPE, pour lesquels l’analyse de la performance énergétique a été possible, ne représentent que 6 % des opérations.
La rénovation énergétique concerne principalement les maisons individuelles et les propriétaires occupants
A l’exception des CEE ciblant de l’habitat collectif en location, la grande majorité des logements rénovés grâce aux aides sont des maisons individuelles occupées par leur propriétaire (65 % des logements rénovés bénéficiant d’une aide). Par ailleurs, les travaux sont un peu plus fréquents que la moyenne dans les grands logements, dans ceux construits avant 2000, dans ceux occupés par des ménages aisés.
Les différents dispositifs d’aides ciblent des catégories de ménages contrastées en matière de niveau de vie
Si le dispositif « Habiter mieux » est, du fait de ses critères d’éligibilité, concentré sur les ménages modestes, le CITE profite davantage aux ménages aisés tandis que les CEE présentent un profil de bénéficiaires assez équilibré. La montée en puissance du dispositif des CEE sur la période 2016 à 2019 conduit à un rééquilibrage en faveur des ménages les plus modestes (37 % des ménages ayant réalisé une rénovation aidée font partie des quatre premiers déciles en 2019, contre 32 % en 2016), même s’ils réalisent toujours en proportion moins de gestes que le reste de la population.
Les rénovations énergétiques réduisent de manière significative la consommation d’énergie conventionnelle des logements
Les travaux réalisés en 2019 par les ménages habitant en maison individuelle auraient conduit à des économies conventionnelles d’énergie finale de 8,1 TWh/an, soit 2,5 % de la consommation conventionnelle d’énergie finale du parc de maisons individuelles. La contribution estimée des rénovations aidées à cette réduction de la consommation est de 1,8 %. Ces estimations surestiment toutefois très probablement les économies réelles d’énergie, d’une part, parce que la qualité des travaux pourrait dans certains cas être plus faible qu’attendu, et, d’autre part, parce qu’une partie des gains conventionnels est susceptible de se traduire par un « effet rebond » et donc une hausse des températures de chauffe. Des travaux ultérieurs seront conduits dans le cadre de l’Observatoire national de la rénovation énergétique pour mettre en regard les rénovations énergétiques et l’évolution des données réelles de consommation d’énergie.
Les travaux de rénovation effectués sont très divers et ne permettent pas tous les mêmes économies
Parmi les 2,3 millions de rénovations ayant engendré des gains énergétiques dans les maisons individuelles en 2019 :
Les systèmes de chauffage et/ou d’eau chaude sanitaire constituent presque la moitié des économies d’énergie (49 %) ;
Les rénovations des parois opaques (toitures, murs, planchers) totalisent 38 % des économies d’énergie et celles des parois vitrées et ouvertures 5 %.
Sur le champ des rénovations aidées, la tendance est à la hausse pour les changements de système de chauffage ou d’eau chaude sanitaire (53 % des économies d’énergie en 2016, contre 57 % en 2019) et surtout des travaux sur les parois opaques (34 % en 2016, 39 % en 2019).
La proportion de rénovations bénéficiant d’aides est variable suivant les postes
C’est le cas d’une grande majorité de changements de systèmes de chauffage et d’eau chaude sanitaire mais d’une très faible part des rénovations portant sur la ventilation. Certaines réfections peuvent améliorer, même légèrement, la performance énergétique sans pour autant satisfaire aux critères techniques d’éligibilité aux aides. En outre, un nombre important de travaux sont réalisés directement par les particuliers sans faire appel à un professionnel (particulièrement concernant les murs).
Les travaux portant sur les systèmes de chauffage et/ou d’eau chaude sanitaire apparaissent globalement les plus efficaces
Avec une économie d’énergie moyenne par logement deux à trois fois plus élevée que ceux portant sur les parois opaques et six à huit fois plus élevée que ceux sur les ouvertures. L’installation d’une pompe à chaleur apporte en particulier des gains très élevés dans la majorité des cas. Parmi les gestes portant sur l’enveloppe du bâti, l’isolation des murs, par l’intérieur ou l’extérieur, présente la plus grande efficacité en moyenne. Bien qu’assez peu fréquemment aidés, les travaux relatifs à la ventilation génèrent souvent des gains significatifs.
La plupart des ménages ayant rénové sont satisfaits des travaux mais estiment que d’autres sont encore nécessaires
Les ménages confient majoritairement la réalisation des travaux à des professionnels, dont ils se déclarent globalement satisfaits. Les rénovations les plus importantes sont souvent liées à l’achat et à l’emménagement dans un nouveau logement, tandis que celles de moindre ampleur sont plus fréquemment provoquées par la nécessité de remplacer un équipement défectueux. La plupart des ménages ayant rénové estiment avoir encore des travaux à réaliser mais sont souvent freinés par leur situation financière.
La rénovation énergétique des logements : Bilan des travaux et des aides entre 2016 et 2019 – Résultats définitifs, ONRE Mars 2022
Ce nouveau rapport est l’occasion de porter un éclairage sur les jeunes qui, en particulier lorsqu’ils sont pauvres, sont plus touchés que le reste de la population par le mal-logement et ce, même avant la crise sanitaire actuelle. Il fait également le point sur la vague de pauvreté qui touche toute l’Europe, plus d’an après le début de la pandémie.
Sans domicile en Europe
Dans une première partie, le rapport aborde la question de la privation de domicile en Europe : l’aggravation du phénomène sur la dernière décennie et les prévisions alarmantes consécutives à la crise sanitaire (et l’explosion de la précarité) qui a agi comme un révélateur des failles des systèmes de solidarité des pays. Le rapport émet ensuite des propositions pour mettre fin au sans-abrisme.
Le mal-logement des jeunes
La deuxième partie est consacrée au mal-logement des jeunes, les plus pauvres étant plus confrontés à ce phénomène, et d’autant depuis la pandémie. Une pauvreté aggravée (en France, depuis le début de la crise sanitaire, 20% des jeunes de 18 à 24 ans ont eu recours à l’aide alimentaire et 35% craignent de ne plus pouvoir faire face à leurs dépenses de logement en 2021) dans un contexte de hausse des prix du logement a pour conséquence qu’ils peinent à se loger. Et lorsqu’ils parviennent à quitter le logement familial et accéder à un logement, c’est majoritairement pour s’installer dans le parc privé, aux coûts souvent trop élevés par rapport à leurs revenus et où ils subissent plus que le reste de la population de mauvaises conditions d’habitat : indécence, précarité énergétique, cohabitation forcée, surpeuplement.
La précarité énergétique progresse largement parmi les jeunes : en France, 66 % des 18-34 ans ont restreint leur chauffage (contre 53 % en moyenne pour la population), 32 % déclarent rencontrer des difficultés de paiement (contre 18 % en moyenne pour la population), 29 % ont souffert du froid pendant au moins 24 heures (contre 14 % en moyenne pour la population) et 20 % ont connu une coupure suite à des difficultés de paiement (contre 8 % en moyenne pour la population). Les confinements successifs imposés par la crise du Covid-19 ont entraîné une augmentation de la consommation d’énergie. Cette situation a exacerbé les facteurs de précarité énergétique que sont les revenus et les prix de l’énergie et amplifié le rôle de la qualité du logement dans la création de situations de pauvreté énergétique.
Index européen du mal-logement 2021
La troisième partie est quant à elle consacrée à un index européen du mal-logement en Europe, avec chiffres et tableaux à l’appui. On peut notamment retenir que :
En 2019, un ménage pauvre dépense en moyenne 416 €/mois dans le logement, une somme en augmentation de 14 % par rapport à 2010 ;
16,7 % de la population européenne et 30,1 % des ménages pauvres vivent dans un logement surpeuplé ;
Un ménage pauvre sur cinq vivait dans un logement indécent dans l’UE en 2019, c’est-à-dire dans un logement ayant soit des fuites dans la toiture, soit des murs, sols ou fondations humides, soit de la pourriture dans l’encadrement des fenêtres ou au sol. Avec un léger recul de l’humidité dans le logement depuis 2010 ;
L’incapacité financière à maintenir une température adéquate dans le logement touche 7 % de l’ensemble de la population de l’UE et 18 % des ménages pauvres, un indicateur en baisse en moyenne sur la dernière décennie ;
6 % de la population européenne et 15 % des ménages pauvres étaient en arriérés de factures courantes (électricité, eau, gaz, chauffage) en 2019 ;
Parmi les ménages pauvres dans l’UE en 2019, la tranche d’âge la plus touchée par des taux d’effort financier excessifs pour le logement (au-delà de 40 % des revenus) est celle de 25 à 29 ans ;
Les familles monoparentales dépensent en moyenne une part beaucoup plus importante de leurs revenus dans le logement que le reste de la population (31,9 % contre 20,6 % pour l’ensemble de la population)
Le contrôle des loyers en Europe
Dans une quatrième partie, le rapport propose un cadrage juridique avec la présentation de 6 modèles de contrôle des loyers en Europe (Allemagne, France, Suède, Danemark, région bruxelloise, Catalogne).
Consulter le rapport et sa synthèse :
Rapport – 6ème regard sur le mal-logement en Europe, 2021
Résumé exécutif – 6ème regard sur le mal-logement en Europe, 2021
Le médiateur national de l’énergie (MNE) est une autorité publique indépendante créée par la loi du 7 décembre 2006 relative au secteur de l’énergie, dans la perspective de l’ouverture à la concurrence des marchés du gaz naturel et de l’électricité. Il a deux missions légales : participer à l’information des consommateurs sur leurs droits et proposer des solutions aux litiges.
Chaque année, le MNE publie son rapport d’activité. En 2020, le rapport propose une présentation des chiffres clés de son activité, et pointe notamment une augmentation des litiges. « Les indicateurs du médiateur national de l’énergie montrent encore une importante augmentation des litiges qui nous sont soumis, puisque leur nombre a augmenté de près de 20 % en un an. Et il avait déjà augmenté de 35 % en 2019 et de 16 % en 2018 !», précise Olivier Challan Belval, le médiateur national de l’énergie.
Le rapport est articulé cette année sur le thème de la confiance et rappelle aux opérateurs l’obligation qui est la leur en matière de loyauté et de transparence de l’information pour conforter la confiance des consommateurs, afin qu’ils retirent les meilleurs bénéfices de l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie. Cette confiance est de mise à la souscription du contrat, tout au long de sa vie mais également en cas de litige.
Le rapport propose également plusieurs points d’analyses, des propositions ainsi que des interviews de professionnels impliqués dans les champs d’activité couverts par le MNE.
Principaux éléments de bilan de l’année 2020 :
27 203 litiges en 2020 (soit une hausse de 19 % par rapport à l’année 2019), 7 681 recommandations et accords amiables émis ainsi que 40 recommandations génériques publiées.
551 721 interventions réalisées à la demande des fournisseurs d’énergie pour impayés (réductions de puissance, suspensions de fourniture, résiliations de contrat), soit une baisse de 18% par rapport à 2019 (-28,5 % pour le gaz -15,7 % pour l’électricité). Cette baisse « en trompe l’œil) s’explique notamment par la prolongation de la trêve hivernale (jusqu’en juillet 2020) qui a eu un effet protecteur.
Un « carton rouge » pour Total Direct Energie en raison du mauvais traitement des réclamations des clients et des médiations qui s’ensuivent.
ENI sous surveillance pour son taux de litiges liés notamment à ses pratiques de démarchage.
Un besoin de cadrage des pratiques commerciales, « talon d’achille » des fournisseurs
Une augmentation de 30% des « résiliations inexpliquées » (voir aussi à ce sujet la lettre n°45 du MNE).
16 propositions pour améliorer les pratiques des opérateurs et diminuer le nombre de litiges
En s’appuyant sur l’instruction des dossiers en médiation, le MNE a formulé 16 propositions qui ponctuent le rapport d’activité :
Encadrer strictement le démarchage commercial pour la fourniture d‘énergie ;
Améliorer la qualité, la clarté et la fiabilité des informations données dans le cadre de la souscription d’un contrat de fourniture d’énergie ;
Encadrer la mise en place des offres à tarification dynamique pour protéger les consommateurs ;
Donner une information claire et complète sur les coûts auxquels le nouveau client professionnel s’expose en résiliant par anticipation son contrat précédent ;
Toujours disposer d’un relevé du compteur avant la mise en service d’un contrat ;
Toujours proposer une offre avec une facturation mensuelle fondée sur la consommation réelle
Simplifier et harmoniser le mode de calcul de la contribution tarifaire d’acheminement (CTA) des factures de gaz ;
Créer un véritable label de qualité des services clients des fournisseurs d‘énergie, octroyé sur la base de critères objectifs, clairs et exhaustifs ;
Verser directement le fonds de solidarité pour le logement aux départements par l’État
Renforcer les actions contre la précarité énergétique ;
Mettre en place un « fournisseur universel de dernier recours » d’électricité ;
Bloquer la souscription d’un contrat de fourniture d’énergie dès qu‘une inversion de compteur est détectée ;
Respecter la date de résiliation demandée par le consommateur ;
Laisser aux consommateurs un délai de trois semaines après l’émission d’une facture d’énergie pour la payer ;
Prévoir dans la loi que les colonnes montantes d’électricité constituent un « élément du réseau » et non plus un « branchement collectif » ;
Intégrer le « bout parisien » au réseau de distribution de gaz, afin de mettre un terme à une situation ubuesque !
Par ailleurs, face à la hausse de la précarité énergétique, le médiateur propose de mieux soutenir les personnes concernées, par exemple en changeant le fonds de solidarité pour le logement, en doublant la valeur du chèque énergie, voire en ajustant la fiscalité.
Rapport d’activité 2020 du Médiateur National de l’Énergie
Think Tank européen fondé par Jacques Delors en 1996, l’Institut Jacques Delors s’est donnée comme objectif de produire des analyses et des propositions destinées aux décideurs européens et aux citoyens, ainsi que de contribuer aux débats relatifs à l’Union européenne.
Dans le contexte de crise sanitaire actuel qui contraint des millions d’européens à rester chez eux, et pour certains dans des logements mal chauffés, inconfortables voir délétères pour leur santé, l’Institut propose un « Policy Paper » de 28 pages visant à offrir un aperçu de la précarité énergétique dans l’Union européenne et de la manière dont les États membres de l’UE traitent actuellement cette question. Il s’agit également de proposer que l’UE et les Etats membres adoptent une stratégie politique se donnant pour objectif de sortir tous les européens de la précarité énergétique, et qui soit un élément majeur du Pacte vert pour l’Europe.
En première partie, il est proposé de revenir sur la définition de la précarité énergétique, sa mesure, ses causes et ses conséquences à l’échelle européenne.
Il n’existe pas à ce jour de définition commune de la précarité énergétique en Europe et la Commission européenne a insisté en 2020 (en présentant the Building Renovation Wave) sur la nécessité pour les États membres de se doter d’une définition. Pour sa part, la Commission présente la précarité énergétique comme « l’incapacité des ménages à garantir chez eux les niveaux de services énergétiques socialement et matériellement nécessaires« .
Quatre indicateurs principaux sont ainsi utilisés pour déterminer si un foyer se trouve en situation de précarité énergétique, il s’agit de foyers :
ayant des difficultés à maintenir une température adéquate dans le logement : on compte en 2019 30 millions d’européens rencontrant cette difficulté ;
ayant des difficultés à payer les charges et donc les situations d’impayés d’énergie : cela concerne 6,2% des européens ;
qui consacrent une part élevée de leurs revenus aux dépenses énergétiques : c’est le cas de 15,5% des foyers européens ;
ayant, inversement, une dépense énergétique anormalement faible : 15,4% des foyers européens seraient concernés.
L’étude souligne deux dimensions sous-estimées de la précarité énergétique que sont la climatisation et les transports.
En termes de profils, les ménages les plus touchés sont les européens à faibles revenus et plus particulièrement les femmes. Plus d’un cinquième des locataires dans l’UE affirment par ailleurs avoir des difficultés à chauffer leur logement en hiver et à payer leurs factures, à contrario les familles propriétaires de leur logement soit en moyenne moins touchées par le phénomène. Enfin, l’analyse des données par pays montre, alors que les hivers sont plus froids en Europe du Nord, que c’est en Europe du Sud que la précarité énergétique est la plus importante. Certains chercheurs parlent dès lors de « fracture énergétique » géographique et sociale séparant l’UE en deux. Cela s’explique pour plusieurs raisons cumulées dans certains pays du Sud : des tarifs élevés de l’électricité et du gaz, un risque de pauvreté élevé ainsi que les mauvaises performances énergétiques des logements, ce dernier point jouant un rôle clé dans la précarité énergétique.
Cette « fracture » géographique en matière de précarité énergétique en Europe gagne à être approfondie dans la mesure où les estimations actuelles sur la précarité énergétique se focalisent sur les conditions hivernales, donnant un aperçu partiel du problème. Certains chercheurs ont en effet montré que la majorité des États membres a une part équivalente ou supérieure de foyers ayant des difficultés à maintenir leur logement suffisamment frais en été plutôt que chaud en hiver, ces foyers se concentrant dans les régions Sud.
Idem pour la question des transports : les données sur la précarité énergétique en matière de transport restent succinctes et les difficultés rencontrées par les populations en la matière sont dépendantes des politiques menées dans chaque pays.
La seconde partie de la publication s’attache à analyser les mesures mises en œuvre par les États membres et par l’UE pour lutter contre la précarité énergétique.
Celles-ci divergent fortement d’un État à l’autre et notamment du fait d’une absence de définition claire du problème. Il y a notamment un clivage entre ceux qui considèrent qu’il s’agit d’une question sociale et ceux qui l’envisagent également comme une question de politique énergétique. En conséquence, les mesures prises sont différentes : traitement palliatifs via des aides au paiement des factures ou mesures préventives axées sur l’amélioration des performances énergétiques des logements. L’Espagne, la Belgique et la France ont quant à elle adopté des approches mixtes avec des mesures d’efficacité énergétique ciblant en priorité les consommateurs vulnérables.
Côté UE, la Commission a mis en place différentes actions en soutien à celles des États membres : partage d’expériences (via l’Observatoire européen de la précarité énergétique, le programme Interreg Europe), législations successives (définitions, directives sur la performance énergétique, etc.), financements (via le programme « Energie Intelligente pour l’Europe », Horizon 2020, etc.) et outils, tels que la récente stratégie pour une « Vague de rénovation des bâtiments » qui vise à accélérer la rénovation globale des bâtiments à faible efficacité énergétique en Europe, ou encore la publication d’une liste de recommandations pour lutter contre la précarité énergétique.
La dernière partie de la publication, « recommandation », s’attache à proposer d’introduire la question de la précarité énergétique en tant que composante à part entière de la stratégie politique de l’UE, en renforçant la coalition politique présente au sein du Pacte Vert. Il est également proposé de manière très concrète le discours narratif à construire et les objectifs intermédiaires à atteindre pour que l’objectif de sortir tous les européens de la précarité énergétique soit un élément clé du Pacte vert pour l’Europe.
L’Europe a besoin d’une stratégie politique pour mettre fin à la précarité énergétique
E. Magdalinski, M. Delair, T. Pellerin-Carlin, Institut Jacques Delors, février 2021
Olivier Sichel, directeur général délégué de la Caisse des Dépôts et directeur de la Banque des Territoires, a remis ce 17 mars au gouvernement son « Rapport pour une réhabilitation énergétique massive, simple et inclusive des logements privés ». Ce travail, fruit d’une « task force » regroupant tous les acteurs concernés (dont les représentants des collectivités territoriales et des bailleurs sociaux), lui avait été commandé par Bruno Le Maire et Emmanuelle Wargon au début de cette année 2021. Il s’agissait en l’occurrence de repenser et de « massifier » l’offre de financement de la rénovation des passoires énergétiques, grâce à « des solutions complémentaires et nouvelles ».
Le rapport remis dresse dans un premier temps un portrait assez complet des enjeux de la rénovation énergétique des logements en France (avec 4,8 millions de passoires énergétiques à rénover), des objectifs ambitieux fixés au travers des nombreux textes réglementaire et documents de programmation qui se sont succédé au fil des ans, et des principales lacunes et écueils à surmonter aujourd’hui. Le rapport pointe notamment une « absence de dynamique nationale en faveur de la réhabilitation thermique » et explique :
« À titre d’exemples, alors que plus de la moitié des passoires sont des maisons individuelles, seuls 32% du parc de maisons individuelles a fait l’objet de travaux de rénovation, et 75% des travaux effectués n’ont pas eu d’impact sur l’étiquette énergétique du logement. Concernant ce dernier point, si la réhabilitation « geste par geste », c’est-à-dire par étapes voire par geste unique (par exemple un changement de chaudière), peut s’avérer nécessaire dans certains cas – notamment en cas d’obsolescence d’un équipement, la réhabilitation globale doit être encouragée pour atteindre des objectifs ambitieux en matière d’économie d’énergie et de confort (au minimum en passant à deux étiquettes supérieures, au mieux en atteignant une étiquette A ou B lorsque cela est techniquement envisageable). Une des premières raisons de ce faible résultat est le manque d’information claire et fiable et surtout d’accompagnement des personnes souhaitant réaliser des travaux. Selon l’enquête Trémi [de l’ADEME], seuls 15% des ménages ayant réalisé des travaux ont bénéficié d’un accompagnement et d’information. Ceux obtenant des informations se sont tournés vers des dispositifs publics dans leur territoire. Enfin, 29% des ménages ayant réalisé des travaux déclarent avoir manqué d’accompagnement. Parmi les ménages résidant dans des passoires thermiques : un peu plus de deux millions – soit près de la moitié – ont des revenus modestes voire très modestes 21, et 62% ont plus de 60 ans. Ces chiffres font écho à de nombreux témoignages de terrain qui ont signifié à la mission que l’autre frein à la réhabilitation réside dans la difficulté d’avancer les aides d’une part, et d’autre part dans l’absence de prise en charge par les banques du reste à charge de ces types de ménages.
L’objectif de ce rapport est donc de proposer des solutions pour faciliter un maximum de passages à l’acte, ce qui implique que le parcours soit simple, que les interlocuteurs du ménage soient identifiés et certifiés pour assurer de leur fiabilité, et que les financements existent également pour les personnes non solvables.«
Une série de préconisations sont ensuite présentées, organisées autour de trois principaux leviers d’action, et assortis de propositions précises et concrètes :
un « accompagnement généralisé et obligatoire » des ménages par un référent : cet accompagnement généralisé suppose la création d’acteurs globaux d’accompagnement, qui seraient appelés « mon accompagnateur rénov ». Ces tiers de confiance auraient pour mission de sécuriser le parcours auprès des différentes parties prenantes et d’accompagner le ménage tout au long de la démarche, voire de « porter la responsabilité de la rénovation globale menée pour son compte ».
un parcours simplifié, avec notamment la mise en place d’un dossier numérique unique partagé et adossé au logement, qui centraliserait toutes les informations nécessaires pour mener à bien le programme de rénovation, et la création d’un compte sécurisant les flux financiers
et un financement permettant notamment de mieux toucher les ménages modestes, par la mise en place d’ « un financement convaincant, simplifié et inclusif » (avances versées plus tôt, meilleure prise en compte des revenus et du niveau d’ambition de la rénovation, éco-prêt à taux zéro, prêt pour les exclus du crédit bancaire…).
Le site EP Pedia (en anglais) est le fruit d’une collaboration entre chercheurs membres du réseau européen ENGAGER COST network qui vise à développer et renforcer une communauté international de chercheurs et acteurs de terrain engagés dans la lutte contre la précarité énergétique.
Le lancement du site web www.eppedia.eu doit permettre à un public varié (professionnels de la précarité énergétique, décideurs, chercheurs) d’accéder à une information sur des thèmes pour lesquels l’information est disponible avant tout dans la langue de chaque pays. On y trouve des articles en langue anglaise présentant divers aspects de la précarité énergétique dans différents pays (surtout européens).
Ces articles ont été écrits par des chercheurs et/ou des experts sur le sujet et ont fait l’objet d’une évaluation par d’autres chercheurs. Les articles sont présentés au travers de trois rubriques principales :
Une présentation du sujet sous l’angle dont il est traité dans le pays,
un résumé des recherches existantes sur le sujet dans le pays,
une liste des principales références comprenant les éléments réglementaires et les sources universitaires.
Les enjeux liés à la rénovation énergétique nécessitent de disposer d’une bonne connaissance de la consommation énergétique des logements. À cette fin, le document de travail n°49 du Ministère de la Transition écologique présente une photographie de l’état du parc de logements par classe de consommation énergétique, au sens de l’actuel diagnostic de performance énergétique (DPE), en mobilisant plusieurs sources statistiques et des méthodes d’estimation.
Le document présente pour le parc français :
La répartition des classes énergétiques de l’ensemble des résidences principales ;
La répartition des classes énergétiques selon les caractéristiques des logements : type de logement, surface et date de construction ;
La part des logements énergivores selon les caractéristiques des occupants : statut d’occupation et niveau de revenus (quintiles) ;
La part des logements énergivores selon leur localisation géographique.
Au total, sur les 29 millions de résidences principales au 1er janvier 2018, environ 1,9 million de logements (6,6 % du parc) seraient peu énergivores (étiquettes A et B du DPE). À l’opposé, environ 4,8 millions de logements (soit près de 17 % du parc) seraient très énergivores (étiquettes F et G du DPE, regroupant les logements qualifiés de « passoires thermiques »).
Par ailleurs, le parc locatif privé comporte les logements consommant le plus d’énergie, avec près de 23 % de logements d’étiquettes F ou G, alors que les logements occupés par leurs propriétaires ne sont que 17 % à avoir une telle étiquette. Les ménages du premier quintile (c’est-à-dire les 20% des ménages français les plus pauvres) résidant dans le parc privé occupent plus souvent des logements très énergivores : 28 % de logements F-G dans le parc locatif privé et 23 % pour les ménages propriétaires contre 20 % et 16 % respectivement pour les 3e et 4e quintiles.
Consulter le document de travail :
Le parc de logements par classe de consommation énergétique, Ministère de la transition écologique (SDES/CGDD), Septembre 2020
Même si la France reste l’un des pays européens où le prix de l’eau est le plus faible, une enquête de 60 Millions de consommateurs portant sur 130 communes révèle que la facture d’eau moyenne a augmenté de 10,7% en dix ans, venant ainsi alourdir les dépenses de logement des ménages.
Si le prix moyen du mètre cube d’eau et de 4 euros en France, il existe de fortes disparités entre les villes : il peut aller de 1,45€/m3 à Antibes jusqu’à 8€ à Mayotte. Le coût du mètre-cube est composé en moyenne de 40% dédiés à la distribution, 40% à l’assainissement et 20% pour les taxes et redevances.
Les principaux facteurs qui expliquent une telle hausse du prix de l’eau ces dernières années sont le coût du traitement des eaux usés (qui augmente face à une réglementation environnementale plus stricte et la nécessaire remise à niveau des stations d’épuration) ainsi que l’augmentation de la TVA sur l’assainissement (passée de 5,5% à 7% en 2012), voire, dans certains cas, la disponibilité de la ressource (le recours aux eaux de rivières est plus coûteux que pour les nappes souterraines).
L’impact du modèle de gestion de l’approvisionnement en eau (en régie publique ou en délégation de service public) sur son prix a également été interrogé dans l’étude : il s’avère que le passage en gestion publique dans certaines villes (comme à Paris, Rennes ou Grenoble) n’a pas forcément impacté le prix à la baisse, au contraire.
Cette tendance à la hausse du prix de l’eau ne devrait pas s’infléchir à l’avenir et pour cause : la rénovation du réseau vieillissant, qui doit faire face au changement climatique et à de nouvelles normes européennes sur la qualité de l’eau potable va nécessiter de lourds investissements. Les entreprises de l’eau appellent d’ailleurs l’État à se retenir de « piocher dans les factures d’eau pour financer autre chose que l’eau« .
Dans le cadre de leur mission en matière d’observation, les ADIL publient différentes études sur le logement, les ménages et les marchés de l’habitat à l’échelle intercommunale, départementale, voire régionale. Ces études peuvent être inscrites dans des partenariats avec des collectivités locales, des professionnels de l’immobilier, ou d’autres acteurs du logement au niveau local. Elles peuvent également participer à un dispositif national (comme en matière de loyers) ou intervenir en continuité avec une mission de l’ADIL (animation du PDALHPD, action renforcée en matière de prévention des expulsions, etc.).
L’ANIL présente brièvement 78 études parmi celles publiées par les ADIL en 2020 :
Le 26ème rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre décrit et analyse les conséquences sur le mal-logement de l’irruption inattendue de la crise sanitaire, économique et sociale liée à la pandémie de Covid en 2020.
Le rapport analyse plus particulièrement la rénovation énergétique des logements, présentée quant à elle comme centrale dans le plan de relance, pour en montrer tout l’intérêt sur le plan social et écologique, mais aussi les limites au regard de l’ambition dont elle fait l’objet.
Il rappelle que le gouvernement s’est engagé à rénover 500 000 logements par an (sans pour autant spécifier le niveau de performance à atteindre), et cibler en priorité 1,5 million de passoires énergétiques de propriétaire occupants modestes (150 000 rénovations par an pendant 10 ans, uniquement sur ce segment). Alors que dans le parc Hlm (qui compte 1,54 million de ménages en précarité énergétique, soit 36% de ses occupants selon l’ONPE, et 300 000 passoires thermiques), la rénovation bénéficie d’une réelle mobilisation facilitée par un financement performant et une gouvernance efficace (132 000 logements ont été rénovés en 2019), la dynamique a plus de mal à prendre dans le parc privé. Pour y remédier, le rapport de la Fondation propose une analyse et des pistes :
les nouvelles aides, en particulier MaPrimeRénov’, sont encore insuffisantes, malgré le milliard d’euros annuel supplémentaire consenti dans le cadre du plan France Relance. Les aides ne parviennent pas encore à privilégier les rénovations globales performantes, à solvabiliser et accompagner correctement les ménages modestes. Or la massification des rénovations permettrait de répondre aux enjeux de relance économique, d’emploi, de pouvoir d’achat à travers la réduction de la facture d’énergie, et de répondre aux préoccupations de santé publique. Cela justifie un investissement public conséquent, raisonnable au regard de ses bénéfices pour la société et l’environnement, loin d’être suffisant actuellement : le montant global des aides (publiques et privées) pour la rénovation énergétique du parc privé atteint 5,9 milliards d’euros en 2021, quand le ministère de la Transition écologique lui-même estime les besoins à 25 milliards d’euros par an le coût pour traiter les seules 4,8 millions de passoires thermiques.
Il faut aussi mettre en place un véritable service public pour la performance énergétique au niveau local, de l’identification au suivi post travaux. L’assistance à la maitrise d’ouvrage doit être plus systématique en cas d’aides publiques et la formation des artisans renforcée. Pour atteindre 800 000 rénovations globales par an en rythme de croisière, les sommes et les compétences en jeu sont importantes.
Il est impératif d’apporter des moyens financiers suffisants aux ménages modestes, pour subventionner intégralement les travaux de rénovation complets et efficaces.
De plus, la stratégie du gouvernement, qui consiste à déployer des politiques purement incitatives encourageant les citoyens à rénover à leur rythme en espérant que les objectifs seront atteints en 2050, n’est pas suffisamment ambitieuse. Pour être à la hauteur, la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) préconise donc une obligation de rénover valant pour l’ensemble des logements, et visant en priorité les passoires thermiques (étiquettes F et G) et les logements énergivores (étiquettes D et E), sans se limiter aux logements locatifs. Seule cette obligation, couplée à des aides efficaces, permettrait de dépasser les blocages au sein des copropriétés.
Et le rapport de conclure que 72 % des Français, avec une sur-représentation des locataires, sont favorables à une obligation de rénover…
26è rapport annuel sur l’état du mal-logement en France
3è cahier du REML 2021 : Plan de relance : une chance pour la rénovation énergétique ?
Ce livre blanc synthétise les résultats d’une démarche progressive de construction de recommandations autour de « socles communs » partagés entre territoires visant la diminution de la vulnérabilité voire de la précarité énergétique des ménages et des territoires.
Il trouve son origine dans un chantier d’étude et de réflexion sur la vulnérabilité énergétique des ménages et des territoires. Piloté par l’Agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise, entre 2008 et 2010, il s’insère dans un contexte de hausse du prix du carburant et des énergies et de fragilisation des ménages périurbains. En 2014, naît ainsi une démarche d’expertise collaborative » co-animée par les experts de l’Agence, d’ARAEE, et du LAET, associant des territoires pilotes tels que la Ville de Saint-Fons, la Communauté de communes du Trièves (Tepos), et le Scot Rovaltin (Tepos). Saint-Fons fut considérée comme le territoire d’ancrage de l’expérimentation des données et du processus collaboratif. De 2015 à 2020, l’expérimentation d’une démarche collaborative plus large appuyée par l’Ademe a permis la mise en place des quatre ateliers collaboratifs pluri-institutionnels et citoyens autour de la vulnérabilité socio-énergétique, qui ont permis un dernier enrichissement des expertises dans son ensemble.
Ce livre blanc fait une synthèse de tout ce chantier et propose dix axes de travail a minima permettant de s’acheminer vers un volet social des politiques de transition énergétique et écologique avec comme pari d’articuler les enjeux de la transition énergétique habitat/mobilité à ceux de l’équité sociale et territoriale.
La première partie du rapport revient sur les notions de vulnérabilité socio-énergétique et fait un focus sur la région Auvergne Rhône-Alpes. La suite du rapport est présentée sous forme de défis pour une transition énergétique équitable, précisant les enjeux et les actions-socles proposées :
Il s’agit dans un premier temps de réfléchir à la caractérisation des ménages et des territoires pour adapter les politiques publiques : revenir sur les définitions, les indicateurs, les profils des ménages et les outils de cartographie, et proposer d’intégrer un volet social énergétique au sein des démarches « Atlas Energie » et la conception d’un « baromètre » local et régional de suivi des précarités et des vulnérabilités multiples ;
Le second enjeu à relever est d’intégrer la vulnérabilité socio-énergétique dans le système global de planification à toutes les échelles territoriales ;
Troisième enjeu, co-construire à des échelles micro-locales des instances de dialogue (« conférences locales » de lutte active contre la précarité énergétique) contribuant à une gouvernance du volet social de l’énergie et élaborer une éducation active à la sobriété équitable ;
Enfin, il est proposé de manière plus globale d’affranchir les ménages et les territoires les plus vulnérables énergétiquement via une démarche de développement local axée sur la création d’économies et de revenus en lien avec la sobriété énergétique juste et le développement durable, avec à la clé une augmentation du reste à vivre.
Rapport complet
Synthèse
Livre blanc pour une transition énergétique équitable
La crise sanitaire de 2020 a mis en évidence l’importance cruciale du logement ainsi que les multiples inégalités qui en découlent. Les effets socio-économiques de cette crise auront très probablement des effets délétères sur la situation de ceux qui éprouvent déjà des difficultés à se loger et à se chauffer correctement. Dans ce contexte, l’ONPE a souhaité mettre un coup de projecteur sur le vécu des personnes qui souffrent de précarité énergétique. « La précarité énergétique au quotidien » est une sélection de morceaux choisis, issus d’un corpus de 30 témoignages recueillis par deux sociologues dans le cadre d’une étude approfondie.
Organisé en dix thématiques, cet ouvrage numérique illustre les multiples facettes du phénomène pour permettre de mieux les appréhender. Destiné aux professionnels et aux personnes intéressées par le sujet, cet ouvrage permettra d’enrichir leurs connaissances et leurs pratiques et de les aider à apporter des réponses adaptées aux situations de ce public fragile.
Les principaux thèmes abordés dans cette édition sont réunis en trois grands chapitres : les causes de la précarité énergétique, ses conséquences et les actions de prévention. Ils sont illustrés par des photographies de Stéphanie Lacombe, photographe indépendante.
L’ouvrage offre aux professionnels de l’habitat, de l’énergie et de l’accompagnement qui souhaiteraient enrichir leurs propres supports des contenus à exploiter (extraits, verbatim, illustrations…) et des références pour aller plus loin.
Le tableau de bord de la précarité énergétique 2020 vient d’être actualisé. Cette édition apporte de nombreux enseignements sur l’évolution de la situation des ménages Français en précarité énergétique en 2019.
D’après l’indicateur basé sur le taux d’effort énergétique, 3,5 millions de ménages sont en situation de précarité énergétique en France.
L’augmentation des prix de l’énergie et la hausse des consommations liée notamment aux chaleurs estivales des deux dernières années (nette augmentation des consommations énergétiques des ménages liées à la climatisation, pour diminuer l’inconfort thermique en été) ont eu une forte incidence sur la précarité énergétique en France et se sont traduites par une hausse des interventions des fournisseurs d’énergie pour impayés (augmentation de 17% par rapport à 2018). A l’inverse, le nombre de ménages bénéficiant d’une aide au paiement des factures d’énergie via le Fonds solidarité logement en 2018 a baissé de 16% par rapport à 2017.
Tableau de bord de l’ONPE – édition 2ème semestre 2020
Si la rénovation énergétique est devenue depuis plus d’une décennie, une priorité politique affichée, « force est de constater que le vœu de ‘massification des rénovations énergétiques performantes’ ne s’est pas encore réalisé« . Partant de ce postulat, et dans le cadre des contributions Leroy Merlin Source, Gaëtan Brisepierre, docteur en sociologie, propose de décrypter le panorama des acteurs qui interviennent dans le secteur de la rénovation énergétique et de « démontrer que le problème de l’adhésion à la rénovation énergétique se situe aussi du côté des professionnels » (et pas que du côté des consommateurs).
Il s’agit de faire évoluer la vision actuelle des politiques publiques concernant les groupes d’acteurs concernés par la rénovation énergétique. « Ils sont qualifiés de « filière », ce qui sous-entend une coordination, voire une intégration, des acteurs autour de cet objectif, ce qui n’est pas le cas« , souligne l’auteur. C’est d’un système composé d’une multitude d’acteurs dispersés, pas toujours habitués à coopérer et qui ne sont pas organisés autour d’un marché unifié. Cette contribution, « qui relève d’une expertise engagée plus que d’une approche strictement scientifique« , a pour ambition de « susciter le débat en pointant des problèmes non résolus pour ces acteurs, mais aussi les opportunités qui se dessinent. »
Les 8 groupes « analysés » sont les acteurs :
de la maîtrise d’œuvre (architectes, bureaux d’études),
de la mise en oeuvre (artisans et entreprises),
de la distribution (grossistes, grandes surfaces),
de l’énergie (fournisseurs, sociétés de services énergétiques),
du financement (banques),
de l’immobilier (syndics de copropriétés, agences immobilières, notaires),
Pour chacun de ces groupes, Gaëtan Brisepierre propose un aperçu synthétique du positionnement de chaque acteur en matière de rénovation énergétique performante et détaille les intérêts, limites et freins.
En guise de conclusion, deux propositions sont formulées à destination des pouvoirs publics :
Plutôt que d’affirmer des objectifs intenables niant les difficultés, il est proposé d’adopter une posture compréhensive pour chercher à mieux intégrer les réalités plurielles et les contraintes spécifiques à chaque acteur dans la conception des politiques publiques ;
D’autre part, il est souligné tout l’intérêt du partenariat comme levier d’innovation (que ce soit entre acteurs privés, public-privé, à l’échelle locale comme nationale) et proposé que les pouvoirs publics encouragent de nouvelles associations d’acteurs trouvant une convergence autour de la rénovation énergétique.
Enfin, l’auteur souligne l’importance d’inscrire ces propositions dans le cadre d’une évolution réglementaire en matière d’obligation de travaux et ce sur le long terme.
Le grand jeu social de la rénovation énergétique : un tour d’horizon des acteurs
Gaëtan Brisepierre, contributions Leroy Merlin Source, décembre 2020
Le 3 décembre 2020, l’équipe du programme Toits d’Abord de la Fondation Abbé Pierre a réalisé un webinaire interactif afin de partager et de discuter des enseignements de l’étude socio-ethnographique menée auprès d’habitants du programme.
Cette étude inédite a été menée par Maya Leclercq, socio-anthropologue praticienne, et Nina Testut, ethnologue, entre septembre 2018 et janvier 2019.
Elle retrace des parcours difficiles et poignants, dont l’accès à un logement pérenne et économe en énergie permet de sortir, ainsi que la réponse sur mesure proposée par les associations partenaires de la Fondation Abbé Pierre.
Elle évoque également la question du cheminement encore possible et nécessaire pour que cette réponse soit mieux ajustée aux besoins et préoccupations des habitants, et qu’elle puisse se démultiplier en tenant compte des contraintes des professionnels.
Le Webinaire (56’20) est visible en rediffusion en cliquant ici, ainsi que le film « De l’ombre à la lumière, sans transition » (20’46) réalisé par Ljubisa Danilovic qui retrace la réalisation de cette étude auprès des habitants.
Dans ce film, les enjeux liés au confort thermique et aux factures d’énergie pour ces habitants aux ressources financières très limitées sont largement abordés, illustrant de manière limpide ce qu’est la précarité énergétique et de quelle manière elle intervient dans les parcours de vie des uns et des autres.
La Fondation Abbé Pierre met par ailleurs à disposition :
Ce rapport, institué par l’article 179 de la loi n°2019 1479 du 28 décembre 2019 de finances pour 2020, fait de la « France le premier pays au monde à mesurer l’impact du budget de l’État sur l’environnement » , ont indiqué les ministres de l’économie et de la transition écologique dans un communiqué commun paru le 30 septembre 2020, mettant en avant le fait que la totalité des dépenses feront désormais l’objet d’une cotation indiquant leur impact environnemental.
Mais qui dit budget vert dit fiscalité verte, dont la taxe carbone instaurée en 2014 sous l’appellation « contribution climat-énergie » . En partie à l’origine de la révolte des gilets jaunes, le rapport qui figure en annexe du projet de loi de finances (PLF) 2021 pointe aussi que la fiscalité verte pèse de manière différenciée sur les ménages.
On peut notamment y lire, page 119 : « Les ménages supportent en moyenne 670 € par an de fiscalité énergétique sur les carburants et 245€ sur les énergies du logement. Les « hausses de la composante carbone » intervenues depuis 2014 représentent 120 € en moyenne pour les carburants et 60 € pour les énergies du logement. La fiscalité énergétique totale supportée par les ménages provient ainsi aux deux tiers de la fiscalité des carburants et pour un tiers de la fiscalité des énergies du logement.
Ces montants moyens cachent d’importantes disparités selon les caractéristiques des ménages les montants de fiscalité payés varient en effet avec les revenus et la zone d’habitation des ménages par exemple.
En 2019, les 20 % des ménages les plus modestes (ménages du premier quintile de revenu total par unité de consommation) supportent en moyenne 700 € de fiscalité énergétique alors que les 20 % des ménages les plus aisés (ménages du dernier quintile) supportent 1 120 €.
Cependant, en part dans leur revenu (taux d’effort de la fiscalité énergétique), les ménages du premier quintile acquittent 4,5 % de leur revenu total annuel en fiscalité énergétique, contre 1,3 % en moyenne pour les ménages du dernier quintile. En effet, plus les ménages sont aisés, plus ils sont équipés en véhicules et plus leurs logements sont spacieux, donc plus leurs factures énergétiques sont élevées en et les montants de fiscalité énergétique qu’ils acquittent également. En revanche, rapporté à leur revenu, l’effort budgétaire est au contraire plus élevé pour les ménages les plus modestes, en termes de fiscalité énergétique comme en termes de facture, et ceci même après prise en compte du fait que la majorité d’entre eux bénéficient du chèque énergie. »
Rapport sur l’impact environnemental du budget de l’État, annexe au PLF 2021, septembre 2020
Dans son rapport « Rénover mieux : leçons d’Europe » commandé par le gouvernement et publié le 24 novembre 2020, le Haut Conseil pour le climat a analysé les politiques publiques et les solutions mises en œuvre dans quatre pays européens (Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède) et identifié des pistes d’action pour accélérer la rénovation énergétique des bâtiments en France.
Le Haut conseil constate d’abord que la France s’est fixée « des objectifs ambitieux » dans le secteur des bâtiments, mais qu’elle accumule « un retard important sur la trajectoire de la stratégie nationale bas-carbone ». « Le rythme de réduction des émissions demeure plus de deux fois inférieur au rythme fixé par la stratégie nationale, note le rapport, et le nombre de rénovations performantes stagne, avec un rythme de 0,2% par an en moyenne ». La France a ainsi « les logements les moins performants par rapport à la Suède, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Allemagne. »
Le rythme des rénovations énergétiques doit donc fortement s’accélérer pour atteindre 1% par an après 2022 et 1,9% par an d’ici 2030, pointe le rapport. « Pour le secteur résidentiel, il s’agit de passer des 60-70.000 rénovations profondes effectuées annuellement (2012-2016), à 370.000 rénovations complètes par an à minima après 2022 et 700.000 par an à partir de 2030, conformément aux objectifs fixés dans la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) ».
Tous les pays étudiés dans son rapport constatent une amélioration de la performance énergétique de leur parc de logements, même si la Suède est la seule à avoir réussi une décarbonation quasi-totale du secteur. En tenant compte des différences de climat, la France apparaît comme ayant les logements les moins performants par rapport aux autres pays, pointe le HCC.
7 recommandations pour accélérer le rythme des rénovations énergétiques
Pour rattraper le retard accumulé, le HCC présente une liste de recommandations basées sur l’expérience des pays étudiés, et qui remettent en cause un certains nombre de pratiques actuelles, à commencer par la logique de rénovation « par gestes » :
1. Mettre en place les conditions de la rénovation énergétique. Notamment :
Supprimer d’ici trois ans les aides aux gestes individuels pour MaPrimeRénov’ et les certificats d’économie d’énergie (CEE), et n‘offrir que des aides conditionnées à l’atteinte d’un niveau de performance (que l’aide soit globale ou qu’elle inclue un groupe de gestes cohérents avec un parcours global) et au recours à une assistance à la maitrise d’ouvrage (AMO), qui doit devenir la clé de voûte du soutien public à la rénovation.
Transformer les aides financières sous forme de montant forfaitaire en subventions représentant un pourcentage des travaux, et faire croitre le taux de subvention avec l’ambition de rénovation énergétique.
Supprimer le taux réduit de TVA à 5,5% pour les travaux de rénovation énergétique et réaffecter les crédits alloués au rehaussement du taux de subvention à la rénovation BBC.
Augmenter le montant et la durée de l’éco-PTZ en s’inspirant de l’exemple allemand (jusqu’à 120 000 € sur 30 ans).
Communiquer clairement sur les politiques de rénovation sur la décennie à venir, an de donner de la visibilité aux décideurs publics et privés, et à la filière.
2. Rendre cohérents les objectifs de rénovation énergétique et de réduction des vulnérabilités.
Commander une évaluation en 2021 du programme Habiter Mieux de l’Anah.
Mettre en place une trajectoire de réduction du seuil de décence énergétique à 330kWh/m2.an pour inclure les bâtiments de niveau F et G dès 2025.
Dans la stratégie de mise en oeuvre de la Loi Énergie Climat (LEC) identifier les passoires thermiques associées à la précarité, inclure des éléments pour soutenir les locataires des passoires et des logements indécents dans l’application du droit et clarifier le rôle des collectivités et des services de l’État dans cette application.
Utiliser le volet de stratégie de rénovation énergétique annexé à la PPE pour préciser les objectifs en matière de rénovation performante des passoires thermiques en lien avec la feuille de route de la France pour les objectifs de développement durable.
Réaliser une évaluation du dispositif des chèques énergie et de son impact sur les conditions de vie des ménages en situation de précarité énergétique.
3. Intégrer plus fortement la décarbonation des vecteurs énergétiques dans la stratégie de rénovation. Notamment :
Inclure des objectifs et stratégies précises de décarbonation de l’offre énergétique pour le chauffage et le refroidissement des bâtiments dans le nouveau volet rénovation énergétique de la PPE, en s’appuyant sur les documents de planification territoriale, avec des objectifs de moyens.
4. Développer les instruments pour les copropriétés. Notamment :
Renforcer les obligations d’embarquement de travaux de rénovations an de les aligner avec les obligations de rénovation à venir.
5. Intégrer les politiques de rénovation dans les plans et programmes territoriaux. Notamment :
Mettre en place des plateformes permettant aux conseils régionaux, aux EPCI et aux municipalités d’échanger régulièrement sur leurs politiques et les retours d’expérience.
Associer les acteurs territoriaux de la rénovation énergétique à l’élaboration de la prochaine SNBC et du volet sur le rénovation énergétique associé à la prochaine PPE. Porter une attention particulière aux spécificités des régions d’outremer.
6. Mettre en place une stratégie structurelle et cohérente pour la rénovation du parc des bâtiments publics.
7. Renforcer le suivi et l’évaluation de la rénovation énergétique des bâtiments.
Publier d’ici la fin du premier trimestre 2021 les avancées sur l’observatoire de la rénovation énergétique. Cet observatoire devra mettre à disposition des bases de données ouvertes permettant de cartographier les besoins de rénovation à l’échelle territoriale.
RÉNOVER MIEUX : LEÇONS D’EUROPE
Réponse à la saisine du gouvernement par le Haut Conseil pour le climat, Novembre 2020
Cette parution de la collection Focus de l’Insee analyse les différents postes de dépenses des ménages selon leur niveau de vie, leur statut d’occupation, leur composition familiale et leur catégorie socio-professionnelle. Cette analyse s’appuie sur les résultats de l’enquête budget famille, réalisée tous les cinq ans environ depuis 1979.
Bien que les disparités de structure de consommation selon le niveau de vie s’atténuent au fil des ans, des contrastes persistent entre les ménages les plus aisés et les plus modestes. En 2017, les dépenses de logement sont celles qui différencient le plus nettement les ménages selon leur niveau de vie, devant les dépenses d’alimentation, de transport, de loisirs et culture, et de restauration et hôtels.
Le logement représente le 1er poste de dépense (22%) pour les ménages modestes (1er quintile de niveau de vie), le 4e poste (12%) pour les plus aisés (5e quintile) qui consacrent eux une part prépondérante de leur budget aux transports (18%).
Ce budget logement pour les plus modestes est donc plus important que l’alimentation (18%) ou les transports (14%). La part des dépenses de logement, hors remboursements d’emprunts immobiliers, est plus élevée pour les ménages locataires dont les plus modestes consacrent 29% de leur budget au logement.
Le logement pèse moins dans le budget quand la taille du ménage augmente. Il constitue ainsi un poste de dépenses très discriminant entre les différents types de ménages, plus lourd pour les personnes seules (24 % de leur consommation en 2017) et les familles monoparentales (20 %).
Sur les quarante dernières années (1979-2017), la part des dépenses d’alimentation à domicile converge selon le niveau de vie et la catégorie socioprofessionnelle. La part des dépenses consacrées à l’alimentation ne peut plus être, comme auparavant, considérée comme un bon indicateur du niveau de vie d’un ménage.
A contrario, les disparités selon les groupes sociaux se sont accentuées pour les dépenses de logement : en 2017, la part qu’y consacrent les cadres est inférieure de 5 points à celle des ouvriers, alors qu’elles étaient équivalentes en 1979. Pour les 20 % des ménagesles plus modestes, la part des dépenses de logement est supérieure de 10 points à celle des 20 % les plus aisés, alors qu‘elle l’était de seulement 1,5 point en 1979.
Le Secours Catholique-Caritas France a publié le 12
novembre son Rapport statistique annuel État de la pauvreté en France 2020 :
des constats et analyses sur la précarité, issus de l’observation sur
l’ensemble du territoire national de plus de 55 400 situations (sur les 1 393 000 personnes accueillies en 2019).
Le niveau de vie des ménages accueillis au Secours
Catholique est de 537€ en médiane en 2019, soit 5€ de moins en euros
constants par rapport à 2018. Même si la part de ménages percevant des
revenus du travail augmente (54% en 2019, contre 46% en 2010), celle des
ménages percevant des prestations sociales (notamment allocations familiales,
APL et RSA) baisse fortement.
« Coup de projecteur sur le budget des
ménages »
L’association a complété son étude d’une enquête approfondie
sur le budget de 3000 ménages (les personnes sans ressources, notamment,
ne sont pas prises en compte), pointant les privations
quotidiennes et les arbitrages impossibles auxquels ils sont confrontés :
chauffer le logement ou se nourrir, acheter un habit pour la rentrée ou payer
la facture d’électricité. D’autant plus dans un contexte de crise
sanitaire ayant mis à rude épreuve la capacité des ménages en situation de
précarité à résister aux chocs des imprévus :
il leur a fallu supporter les dépenses supplémentaires provoquées par le
confinement (alimentation, énergie…), faire face à la disparition ou à la
diminution de sources de revenus (temps partiel, petits boulots, travaux
informels, voire mendicité), et maintenant, pour certains, affronter les plans
de licenciement et les ruptures de contrat de travail, voire la perte de son
logement.
Stagnation et insuffisance des revenus…
Le niveau
de vie médian des ménages étudiés s’élève à 733 €, soit bien en dessous du
seuil de pauvreté à 60 % (estimé pour 2019 à 1 074 €). Si la pauvreté est présente sur tout le
territoire français, le niveau de vie est plus faible dans les grandes villes.
Et poids des dépenses pré-engagées…
Les
dépenses pré-engagées représentent un poids considérable dans le budget des
ménages en situation de précarité : elles absorbent plus de la moitié (56 %) de
leurs ressources disponibles (contre 30 % du revenu disponible de l’ensemble
des ménages de France métropolitaine, selon les dernières données disponibles
qui datent de 2011). Le montant médian des dépenses pré-engagées s’élève à 604
€ par mois : essentiellement des dépenses de logement (440 €) et des dépenses
d’énergie et d’eau qui lui sont liées (103 €).
Même si les prix des loyers sont restés relativement stables sur la
dernière décennie, les prix de l’eau, et surtout de l’électricité et du gaz, ont
fortement augmenté sur la période, alourdissant le poids du budget logement. Ce
sont les ménages sans enfant, puis les familles monoparentales qui font face
aux dépenses pré-engagées les plus élevées.
…entrainent des arbitrages impossibles et des privations
Plus de la
moitié des ménages étudiés disposent d’un reste pour vivre inférieur à 9 € par
jour et par unité de consommation (UC), or le Secours Catholique estime à
environ 7 € par jour et par UC la dépense minimale d’alimentation des ménages
les plus modestes. Plus de quatre ménages rencontrés sur dix sont même dans
l’incapacité de couvrir leurs dépenses alimentaires quotidiennes, avec ce qu’il
leur reste… Ces ménages sont alors souvent contraints de réaliser des
arbitrages parfois impossibles, de s’endetter volontairement ou non, de se priver
au quotidien ou de faire appel à l’aide des associations pour la couverture de
leurs besoins de base. Les impayés, un des reflets des difficultés
budgétaires, concernent près de la
moitié des ménages rencontrés par le Secours Catholique en 2019 (48 %), avec
une valeur médiane des impayés de 745 € (toutes dettes confondues). Parmi elles, 40%
déclarent des impayés liés à la fourniture de gaz, d’électricité ou de
combustible.
État de la pauvreté en France 2020 : « Budget des ménages : des choix impossibles »
Le journal Reporterre propose une enquête approfondie en 4 volets consacrée à la rénovation énergétique :
Volet 1 « Rénovation énergétique : une décennie de perdue » : ce premier volet dresse un état des lieux critique et sourcé sur le contexte réglementaire et les actions menées par les pouvoirs publics depuis le Grenelle de l’environnement de 2008 ;
Volet 2 « Rénover n’est pas jouer : parcours croisé de rénovateurs énergétiques » : ce second volet propose des retours d’expériences concrets dans les territoires, témoignages à l’appui, de ménages qui se sont lancés dans la rénovation énergétique. Un parcours long et semé d’embuches… ;
Volet 3 « Locataires et précaires, grands oubliés de la rénovation » : ce troisième volet s’intéresse lui aux « oubliés de la rénovation » que sont les locataires vivant dans des passoires thermiques c’est à dire des logements présentant « une isolation insuffisante, de l’humidité et des moisissures, [engendrant] des factures démesurées et des problèmes de santé. » L’enquête souligne, à travers les témoignages de ménages, combien « le chemin de la rénovation reste inaccessible à une bonne partie de la population, locataires ou précaires trop éloignés des dispositifs d’aides. » Reprenant différentes études (ONPE, Observatoire des inégalités, Enalia, Fondation Abbé Pierre, Initiative Rénovons) et retours d’expériences dans les territoires, l’article fait état des chiffres-clés et réflexions en cours pour mieux accompagner ces ménages.
Alors
que le gouvernement annonce dans le cadre du plan « France Relance »
l’extension de l’aide MaPrimeRénov’ aux propriétaires bailleurs et aux
copropriétaires dès
le 1er janvier 2021, la rénovation énergétique des copropriétés
apparaît comme un enjeu majeur pour lutter contre la précarité
énergétique. Afin de mieux comprendre la situation des copropriétaires
en précarité énergétique, l’Observatoire National de la Précarité
Energétique (ONPE) publie une étude sur ce public du parc privé, hors
monopropriétés.
Comment se définit la précarité énergétique dans les copropriétés ? Quelles en sont les spécificités ? Qui sont les ménages qui occupent ces logements et en quoi ils se distinguent des autres copropriétaires ? Tels sont les questionnements que l’étude détaille grâce à l’exploitation des données issues de la dernière Enquête Nationale Logement (ENL 2013, INSEE).
Étude thématique
Qui sont les ménages en précarité énergétique dans les copropriétés du parc privé ?
En 2019, près de 13 millions de foyers ont perçu au moins une prestation Caf, ce qui représente près de 33 millions de bénéficiaires et 94,6 milliards d’euros.
Les prestations sociales délivrées par les Caf (prestations familiales, allocations logement, minima sociaux, prime d’activité) sont des ressources essentielles pour les ménages aux revenus modestes, notamment pour assurer leur accès au logement et leur maintien dans celui-ci. Un refus, ou une rupture de versement, peut avoir des conséquences graves.
Afin d’avoir une vision globale des difficultés d’accès et de maintien des prestations sociales délivrées par les Caf, la Fondation Abbé Pierre a réalisé une enquête quantitative auprès de 200 structures associatives et une série d’entretiens conduits avec une douzaine d’entre elles de décembre 2019 à mars 2020. En plaçant les structures associatives (qui accompagnent les personnes dans leur accès aux prestations délivrées par les Caf) au cœur du dispositif d’enquête, celle-ci permet de rendre compte à la fois des difficultés rencontrées par les personnes et celles rencontrées par les associations.
La première partie du rapport dresse un bref rappel du système d’aides au logement français et présente les récents travaux sur les freins rencontrés par les personnes dans leurs parcours d’accès aux prestations sociales.
La seconde partie fait état des difficultés rencontrées par les personnes dans l’accès à leurs droits reprenant chronologiquement l’ensemble des démarches, les délais d’instruction puis analysant les différents refus et ruptures de prestations.
70% des structures interrogées indiquent que les personnes qu’elles accompagnent rencontrent « souvent » ou « habituellement » des difficultés lorsqu’elles réalisent un dossier auprès des Caf. Plusieurs raisons sont avancées : des difficultés à comprendre les attentes des Caf (manque de lisibilité des démarches, barrière de la langue, etc.) ; des difficultés pour les personnes à rassembler les documents requis par les Caf.
50% des structures associatives indiquent que des personnes voient « parfois » l’octroi de prestations refusé alors qu’elles sont pourtant éligibles. 55% des associations indiquent que des personnes voient « souvent » ou « habituellement » leurs prestations suspendues alors qu’elles y sont toujours éligibles.
Plusieurs explications sont avancées : des dossiers incomplets, la perte d’un document qui a été envoyé, la demande d’un document complémentaire non nécessaire à l’instruction du dossier, des difficultés d’interprétation du droit par les Caf ou d’appréciation de documents au cours de l’instruction, des changements de situation « rarement » traités de manière satisfaisante (et pouvant s’accompagner de ruptures de versement).
On note également que si la dématérialisation est vécu comme un progrès, le déclin de l’accueil physique est pénalisant pour les personnes (les plus vulnérables) ne maîtrisant pas l’outil informatique ou n’y ayant pas accès, risquant d’aggraver certaines situations de précarité.
La troisième partie est consacrée à l’analyse des difficultés rencontrées par les structures dans leurs relations avec la Caf, les modalités de contestation des décisions (recours amiable, recours contentieux), les freins à la contestation ainsi que de manière qualitative les différents freins rencontrés par les structures.
Si la contestation amiable est fréquemment recommandée aux personnes par les associations seules 20% d’entre elles déclarent proposer « souvent » ou « habituellement » un accompagnement au recours contentieux. Plusieurs raisons sont avancées : la réticence des personnes, le sentiment de ne pas disposer de l’expertise nécessaire, le manque de temps.
Une série de recommandations viennent conclurent le rapport.
Prestations sociales de la Caf : enquête nationale sur les freins rencontrés par les personnes et les structures associatives qui les accompagnent
L’Observatoire national de la vie étudiante (OVE) est un organisme public d’études et de recherche créé en 1989 par le ministre en charge de l’enseignement supérieur. Il a pour mission de donner une information aussi complète, détaillée et objective que possible sur les conditions de vie des étudiants et sur leur rapport avec le déroulement des études, de manière à éclairer la réflexion politique et sociale et à aider à la prise de décisions.
En 1994, l’Observatoire national de la vie étudiante initiait la première édition de sa grande enquête nationale « Conditions de vie des étudiants en France » (CdV). Cette enquête se poursuit depuis lors à un rythme triennal et aborde tous les aspects de la vie étudiante : ressources et dépenses, concurrence entre le travail rétribué et les études, logement, autonomie par rapport à la famille, alimentation, santé, conditions d’études, techniques d’études, loisirs et pratiques culturelles, etc. Les résultats de l’enquête sont valorisés au moyen de différents supports (fascicule « Repères » reprenant les chiffres-clés, fiches thématiques : logement, santé…, des OVE infos dédiés à l’analyse d’une problématique, etc.)
La dernière enquête a été réalisée en 2016 et une enquête est en cours en 2020.
Principaux chiffres-clés sur la situation économique et financière des étudiants en 2016 :
Le budget étudiant est composé majoritairement de ;
revenus d’activités pendant l’année scolaire (33%) ;
aides publiques (31%) ;
aides de la famille (25%).
Parmi les étudiants interrogés, 30% jugent leurs ressources insuffisantes et sont contraints de travailler pour subvenir à leurs besoins primaires (alimentation, logement, transport, etc.). Le pourcentage d’étudiants qui déclarent être en activité rémunérée pendant l’année universitaire est de 46%. Ils sont 54% à juger cette activité indispensable pour vivre et 25% estiment qu’elle a un impact négatif sur leurs résultats scolaires. Le confinement lié au coronavirus a également eu des conséquences fortes sur les activités rémunérées des étudiants puisque 58 % de ceux qui exerçaient une activité ont arrêté, réduit ou changé leur activité rémunérée.
Principales ressources des étudiants, le montant des aides sociales s’élève à 5,7 milliards d’euros. Pendant l’année universitaire 2018-2019, plus de 700 000 étudiants (soit 37,5% des étudiants) ont bénéficié de la bourse sur critères sociaux. S’ajoute l’aide personnalisée au logement (APL) qui concerne près de 800 000 étudiants.
Situation économique et financière des étudiant.e.s
OVE, octobre 2018
Concernant le logement :
Pour la rentrée 2020, l’enquête annuelle réalisée par le syndicat étudiant UNEF évalue le coût moyen du loyer à 535 euros par mois (contre 522 euros à la rentrée 2019), soit plus des deux tiers du budget mensuel des étudiants.
On note également une « décohabitation » de plus en plus tardive : après une hausse de 36% en dix ans pour atteindre 69% d’étudiants décohabitant en 2016, la situation s’inverse et la décohabitation a lieu de plus en plus tard. Cette tendance d’une « décohabitation » de plus en plus tardive touche principalement les grandes villes.